Au pays d’Aubagne, l’économie circulaire ne tourne pas… en rond

Loin d’en rester au vœu pieux, la démarche d’écologie industrielle lancée voilà 3 ans par la communauté d’agglomération du pays d’Aubagne et de l’Etoile progresse pas à pas, avec des réussites au compteur. Pour autant, concilier les besoins des entreprises du territoire pour avancer ensemble dans la même direction ne constitue pas le plus simple des paris.

Lancer une démarche d'écologie industrielle sur un territoire n'est pas une mince affaire. Mais plutôt un projet au long cours, qui se construit pierre après pierre, en tenant compte des besoins et des spécificités de chaque acteur. Tel est sans doute le constat que peut tirer le conseil de territoire du pays d'Aubagne et de l'Etoile, qui entend inscrire les entreprises de son territoire dans une logique d'économie circulaire. Une démarche entamée depuis près de trois ans, avec une quarantaine de structures signataires. Trois ans d'études et de concertation qui avaient permis de dégager autant d'axes de travail. Pour mémoire, il s'agissait de mutualisation des achats, de troc de palettes et de valorisation des cartons d'emballage. Trois années de recul aujourd'hui, qui permettent à Sébastien Coll, chargé de mission au sein du service développement durable du conseil de territoire, de dresser un bilan que l'on pourrait qualifier de contrasté, avec de belles réussites, mais aussi des points plus négatifs. Au registre de ces derniers, citons la bourse aux palettes, qui a échoué, pour l'heure, à trouver une dynamique. "Elle a été un peu abandonnée, car on ne compte que peu, voire pas de passages à l'acte. Des freins ont été identifiés, parmi lesquels le besoin lié au transport". L'équipe de l'Agglomération a donc décidé de se consacrer davantage aux deux autres aspects de la démarche.

40% d'économies sur les achats mutualisés

Il faut dire qu'ils se prévalent de résultats plus prometteurs. C'est surtout le cas de la mutualisation des achats, qui a vu 13 entreprises se regrouper dans cette optique. Elle a porté tout d'abord sur les prestations de vérification périodique (type amiante) et de sécurité incendie à la faveur de contrats conclus, début 2015, avec les entreprises Bureau-Veritas et Delta-feu. "Nous avons réalisé un premier bilan à 6 mois. Et toutes sont satisfaites. En moyenne, elles ont réalisé 40% d'économies sur l'ensemble des prestations visées", poursuit le chargé de mission, précisant que "suite à ce premier bilan positif, deux nouvelles entreprises pensent intégrer le groupement". Prochaine étape, étendre cette démarche de mutualisation à la fourniture d'énergie, courant 2016. Une tâche ardue : "certaines sont sur des contrats d'offre de marché et d'autres, en tarifs régulés. Par ailleurs, nous devons réaliser un recensement des besoins en termes de quantité. Eléments qui nous permettrons alors de finaliser le cahier des charges mutualisé que l'on enverra aux différents prestataires".

Difficile, cependant, d'étendre plus largement cette politique d'achats groupés.

"Nous nous sommes limités aux frais généraux. On ne peut l'appliquer aux matières premières, dans la mesure où le territoire est marqué par une grande diversité de secteurs".

Difficile, en effet, de concilier les besoins d'entreprises se réclamant d'activités aussi diverses que la microélectronique (Gemalto, par exemple),  l'équipement médical (Sartorius Stedim Biotech, Soluscope), la cosmétique (Pacifique Sud), le marquage industriel (Oxygravure, Ideact), l'agroalimentaire (Scop-TI), la peinture industrielle et le sablage (Eurocolor), la GMS, l'agriculture ou encore la viticulture...

Quid de la valorisation des cartons ?

Dernier axe de travail enfin, le projet de valorisation des cartons s'affine avec le temps. C'est l'entreprise aubagnaise Biomasse 13, spécialisée dans le granulé bois, qui se chargerait de la transformation de ces emballages. "Nous avons déjà démontré que nous pouvions valoriser lesdits cartons en granulés", avance-t-on du côté de l'entreprise. Ils pourraient être dévolus à deux débouchés : la réalisation de litières animales pour les centres équestres du territoire et l'isolation. Mais il subsiste des freins. "Pour être transformés, les cartons doivent être de qualité", observe-t-on au sein de Biomasse 13. Le coût de la collecte se doit aussi d'être étudié. "Il faut garder la pertinence économique sur ce type de projet", appuie ainsi Sébastien Coll, qui note également que cette action repose en grande partie sur le gros pourvoyeur de cartons qu'est Auchan. S'il devait se retirer du projet, sa pérennité pourrait être remise en cause...

"Il nous faut donc faire preuve d'innovation, et trouver une structure juridique qui permette d'impliquer le porteur de projet, en même temps que les fournisseurs".

Sans compter qu'il faudra encore transformer... l'essai. Autrement dit, les prospects intéressés par cette perspective en réels clients.

Mais en attendant l'ancrage de cette nouvelle filière sur le territoire, les effets de la démarche d'écologie industrielle sont déjà positifs en termes de relations interentreprises. "Elles œuvraient jusque-là côte à côte, mais ne se connaissaient pas". Et une opportunité émerge : faire travailler le voisin. Pour illustration, "les Vignerons du Garlaban ont découvert l'existence d'Idéact, qui réalise du marquage sur bouteilles... alors qu'ils font faire cela à l'autre bout de la France. Il se pourrait qu'ils fassent affaire ensemble". Revitaliser le territoire grâce aux logiques de circuit court : c'est cela aussi, l'économie circulaire.

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