Bruno Vergobbi : "Chaque année, la Société du Canal de Provence investit 40 M€"

Ce n’est pas parce qu’on porte le nom de Société du Canal de Provence que l’on ne se réserve pas le droit de porter son regard au-delà des frontières. Une stratégie que détaille le directeur de la SCP, basée à d'Aix-en-Provence.

Votre métier d'aménageur hydraulique vous confère un rôle d'importance auprès des entreprises du territoire. Quelle offre dédiez-vous à ces dernières ?

Préalablement, il faut dire que notre activité se partage en trois tiers : un gros tiers concerne les besoins urbains, un deuxième, plus petit, est dédié à l'industrie et aux services. Enfin, le dernier tiers est plus spécifiquement tourné vers le monde agricole. Nous sécurisons donc l'accès à l'eau pour ces différentes cibles. Nous exerçons cette activité dans le cadre d'une concession qui nous lie à la Région. Cette activité représente 90 % de notre chiffre d'affaires. Les 10 % restant représentent des activités de diversification : ingénierie, conseil, services aux clients en aval du compteur. En industrie, notre offre se focalise sur l'ingénierie. Nos avons notamment effectué des prestations pour le CEA Cadarache... Auprès des agriculteurs, nous proposons plutôt activités de conseil et prestations de services. Ils visent à une utilisation optimisée de la ressource eau. Nous intervenons par exemple dans le domaine de l'irrigation de la vigne. Une culture qui le nécessite désormais, changement climatique oblige. Alors que ce n'était pas le cas jusqu'à présent. Nous proposons donc aux domaines agricoles des solutions clé en main avec des offres de service. Parmi ces dernières, l'installation de réseaux goutte-à-goutte. Car nous avons également une activité de négoce de matériel et d'équipements auprès des viticulteurs. Donc, sur notre chiffre d'affaires, qui est de 100 M€, 90 M€ sont générés par le service de l'eau et 10 M€ se partagent comme suit : 5 M€ pour les activités d'ingénierie en France et à l'international et les 5 derniers millions pour les activités de service dédiées au monde rural.

Vous évoquez le goutte-à-goutte... Comment parvenir à une gestion durable de l'eau ?

Depuis l'origine, notre philosophie est ancrée sur cette notion de gestion durable. Nous sommes précurseurs, justement, dans la gestion du goutte-à-goutte. Et notre système de télégestion a été conçu de manière à prélever le moins possible. Il fonctionne selon le principe de la régulation dynamique. Ainsi, nous gérons l'un des rares canaux dans le monde où l'on ne prélève dans la ressource eau que ce que l'on délivre aux clients. Mais nous dispensons aussi des conseils aux clients en aval du compteur. Et proposons également des fournitures de services pour gérer l'eau de façon plus performante.

Vous parliez également d'international. L'activité de la SCP n'est donc pas exclusivement ancrée en Provence ?

Non. Nous sommes présents par exemple en Tunisie, au Maroc, en Haïti... En somme, des pays où la question de l'eau est une problématique, compte tenu de leur situation de stress hydrique. La Société du Canal de Provence leur fournit des prestations très larges. Nous intervenons sur les grands schémas directeurs, la gestion intégrée des ressources en eau. Par exemple sur le bassin du fleuve Sénégal, où nous avons préparé le schéma directeur de gestion de l'eau. En Tunisie, nous nous sommes acquittés d'un très gros projet pour un montant de 1 M€, visant à accompagner des groupes d'agriculteurs dans la gestion de leurs canaux et leurs réseaux d'irrigation. En Haïti, il s'agit en revanche d'ingénierie classique de projets : conception de réseaux d'irrigation, maîtrise d'œuvre... A l'étranger nous avons donc un panel d'activités plutôt tournées vers le monde rural.

Ce positionnement à l'international est-il une orientation récente ?

Historiquement, nous avons été rapidement présents hors des frontières. Nous avions eu besoin de créer de très gros ouvrages. Et pour trouver de la ressource financière, nous avons valorisé nos bureaux d'études auprès de clients étrangers. Mais en faire un axe stratégique demeure une évolution récente. Et nous avons la volonté d'accroître notre présence à l'international. En la matière, nous visons les pays qui se situent à notre échelle, et ciblons les secteurs sur lesquels nous avons une visibilité. Car nous ne sommes pas une multinationale... Le Sri Lanka par exemple, sur lequel nous avons aussi une activité régulière. Nous sommes également en train de développer notre présence au Vietnam.

Pour revenir au local, vous développez le réseau de façon à vous adapter aux évolutions que connaît la Provence. Comme récemment, avec l'inauguration de ce nouveau surpresseur à Hyères-les-Palmiers... Comment cibler les zones à fort enjeux économiques afin d'anticiper les besoins futurs d'un territoire ?

Il s'agit d'inscrire nos projets dans une vision à long terme. Nous conduisons des schémas directeurs à 20 ans. Et pour identifier les infrastructures à réaliser, comme notre concession nous lie à la Région, nous élaborons ces schémas avec nos autorités concédantes. Outre la Région, citons aussi le Département, la Ville... Nous conduisons nos aménagements dans le cadre de plans pluriannuels. Il faut savoir que nous réalisons chaque année 40 millions d'euros d'investissement. 25 M€ sont dédiés aux grosses rénovations d'infrastructures, et 15 M€ concernent les extensions de réseaux. Sans compter les projets de grande envergure, telle la liaison Verdon-St Cassien-Vidauban-Ste Maxime, qui amène l'eau du Verdon jusqu'à l'Est du Var. Un projet d'un montant de 100 M€... et que l'on conduira à son terme à la fin de l'année 2016, avec l'achèvement de la partie Saint Tropez-Sainte Maxime. Cette nouvelle liaison répondra aux besoins en eau de l'Est du Var dans les périodes de sécheresse. Car il connaît les plus fortes tensions...  C'est le type même de projet au long cours qui nécessite une planification à long terme. Idem sur le site de Cadarache, sur lequel nous avons réalisé la première tranche d'un réseau qui va alimenter le réacteur Jules Horowitz, ainsi que la plateforme Iter. Un chantier d'un coût d'une quinzaine de millions d'euros.

Des travaux pour lesquels vous avez recours à la sous-traitance. Quel est son poids, et à quels types d'entreprises faites-vous appel ?

Nous sollicitons des entreprises provenant de diverses branches : travaux publics, industrie, électrique, électromécanique... Poids de la sous-traitance qui n'est donc pas négligeable. Sur les 40 M€ d'investissements réalisés chaque année et évoqués plus haut, la plus grande partie va à cette dernière, soit 85 %.

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