L'opération séduction de Marseille à Londres

C'est dans un bel ensemble que Conseil départemental, Ville et CRT ont mené action de prospection commune à Londres. Une démarche qui vise à faire venir des investisseurs mais aussi à montrer qu'il existe des talents qui peuvent s'exporter. Une mission séduction qui ne devrait pas s'arrêter au périmètre britannique.
Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire de Marseille font cause commune à Londres. Ici avec Sylvie Bermann, ambassadeur de France.

C'est une première - Martine Vassal la présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône l'a bien volontiers reconnu - et ce n'est évidemment pas la dernière. L'action de promotion du territoire menée par le Département, la Ville de Marseille et le Comité régional du tourisme est synonyme d'une nouvelle organisation - merci l'effet Métropole - et plus largement c'est maintenant avec cette task force qu'il va falloir compter. Le déplacement à Londres s'est fait bien sûr avec des entreprises dans les bagages. Celles du numérique - Jaguar Network, Bittle - celles de la santé - Secuderm - ou celles liées à la filière cinéma. Car le but n'est pas de parler que tourisme de loisirs, il est bien plus largement de donner envie aux investisseurs d'investir.

Investissements

Il faut dire que les britanniques ont déjà démontré leurs intérêts pour la cité phocéenne. Ils sont parmi les premiers investisseurs à manifester leur intérêt pour le département, en même temps que les Allemands et les Américains. On ne rappellera pas l'investissement conséquent de Hammerson qui avec 466 M€ a fait de ses Terrasses du Port, lancés en 2014, l'une des vitrines les plus ambitieuses du savoir-faire britannique, ce qu'explique d'ailleurs très bien Sandra Chalinet, sa directrice, qui avoue que c'est la bonne connaissance de la structuration des centres commerciaux britanniques qui explique le positionnement différent de l'endroit. Et l'Apple Store qui vient de s'y installer "dispose de la plus belle vue de tous les Apple Store au monde" dit-elle. Eurostar, qui a ouvert sa ligne Marseille-Londres en 2015, ne cache pas davantage sa satisfaction avec 120 000 voyageurs en un an. "Eurostar, c'est bon pour l'économie, c'est bon pour l'emploi", reconnaît Didier Parakian, l'adjoint au maire de Marseille en charge de l'économie. "Nous avons beaucoup d'atouts sur notre territoire" poursuit-il. Des atouts mais aussi des faiblesses, que Martine Vassal ne nie pas. "Oui nous avons des problématiques, notamment sur les transports, mais c'est ensemble que nous allons les résoudre. Si nous voulons faire avancer les choses, il faut faire ce que l'on dit et dire ce que l'on fait".

Attirer et savoir garder

Etre visible, c'est essentiel. Question d'image et d'investissements à transformer. Le nerf de la guerre est bel et bien là. Donner aux entreprises endogènes les capacités à exporter leur savoir-faire et conforter les entreprises exogènes à s'inscrire durablement dans le territoire. Alors bien sûr, il y a les actions de promotion, les workshops, les rencontres BtoB organisées et impulsées. Mais il y a en premier lieu une image qui est souvent lié à l'idée que l'on se fait de la Provence. Si "Marseille", la série de Netflix a provoqué des réactions pas vraiment unanimes, certains préfèrent - comme Didier Parakian - voir le verre à moitié plein. "Quoi qu'on en dise, la série est vue dans le monde entier. Combien de villes auraient aimé avoir une série à leur nom diffusée à l'international ?" L'Euro2016 est aussi une autre façon d'attire le regard vers Marseille et le ballon rond est un point commun qui unit Provençaux et Britanniques. Autant dire que l'événement footballistique sert aussi à attirer le regard pas uniquement du côté du Vélodrome. "Nous sommes une porte d'entrée pour les grands investissements" indique Sylvie Bermann, ambassadeur de France depuis 2014 au Royaume-Uni et qui travaille de concert avec les structures capables d'accompagner des développements dans le sud. "Sur ce point-là nous travaillons étroitement avec Business France". Plus largement l'action de consolidation est à penser à plus grande échelle, celle de l'Europe. Français, Britannique c'est un peu le même combat. "Nous avons besoin d'avoir une Europe forte, tout le monde doit construire dans le même sens", témoigne Kevin Polizzi qui préside aux destinées de l'hébergeur et opérateur marseillais Jaguar Network. "Nous faisons tous les efforts nécessaires et note but est de continuer à attirer des investisseurs", martèle le sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin.

La bataille de l'emploi

Qui dit investissement, dit retombées économiques et donc emploi. Une préoccupation qui est celle du Département. Alors que Mac Arthur Glen prépare son village de marques qui s'installe à Miramas sur 20 000 m2 dès le premier semestre 2017 et que 600 emplois sont annoncés à la clé, Martine Vassal a confirmé le financement des structures d'accès pour 50 % de leur montant soit 5 M€. L'investissement de celui qui se présente comme le leader européen des outlets s'élève à 120 M€. Et comme le souligne Michæl Natas, le directeur général adjoint du groupe anglais "il y avait une volonté politique de nous accueillir". Comprendre que c'est plus facile quand l'envie est là. Quant au choix de l'implantation, c'était surtout le rayonnement de la zone de chalandise qui primait. Ici ce sera de Nice à Montpellier. Donc bien au-delà des frontières provençales. A l'inverse, aller exporter les savoir-faire provençaux de l'autre côté de la Manche est aussi un axe de développement qui est privilégié. Pour les start-ups notamment ou les entreprises qui "vendent" l'esprit provençal, c'est un moyen de grandir et de prospérer. Jean-Claude Gaudin rappelle que grâce au jumelage de la ville avec Glasgow, "nous faisons un échange permanent d'étudiants et de fonctionnaires".

La perfide Albion n'aurait-elle donc plus de perfide que le nom ?

Et puisque les Etats-Unis sont aussi un investisseur d'importance, Miami pourrait bien être la prochaine opération séduction.

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Commentaire 1
à écrit le 20/05/2016 à 7:44
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Bel article mais quel dommage que vous n'ayez pas indiqué que c'est la Chambre de commerce et d'industrie de région PACA par l'intermédiaire d'Enterprise Europe Network, réseau européen auquel elle appartient, qui a organisé un B2B entre entreprises ...

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