Grégoire Leclerq : "L'ubérisation n'est pas qu'une révolution digitale"

Président de l'Observatoire de l'ubérisation, ce spécialiste – qui interviendra le 30 juin prochain lors du Numérique Lab organisé par la CCIR à Arles – estime que le phénomène a encore de beaux jours devant lui.

Comment naît l'ubérisation ?

L'ubérisation n'est pas une simple révolution digitale, c'est un bouleversement économique beaucoup plus large que l'on explique par trois leviers. Il y a d'abord une révolution digitale qui touche les NTIC, le big data, la robotisation, l'IoT... Et nous en avons encore pour cent ans. Les capacités de robotisation, les NBIC permettent d'aller plus loin. Le second levier est la révolution de l'indépendance, c'est-à-dire l'apparition de nouvelles formes de travail souples, disponibles, flexibles - le free-lancing, l'auto-entreprenariat - qui sont apparues devant notre incapacité à faire émerger des emplois stables. Le troisième levier est le plus important, c'est la révolution de la consommation, qui joue admirablement sur le consommateur stressé, qui veut tout comparer et qui veut l'immédiateté. Le client devient roi donc entièrement en attente de modèles différents.

L'ubérisation  est un terme souvent employé, mais pas toujours à bon escient. L'ubérisation, c'est quoi ?

L'ubérisation est un mot-valise. On est dans un modèle qui détruit de l'emploi salarié. Les plateformes ne s'engagent pas sur une large masse salariale. Ce modèle détruira à terme tous les emplois intermédiaires. L'OCDE dit bien que 40 % des métiers de demain ne sont pas encore connus.

Le rythme va-t-il ralentir ou continuer à accélérer ?

Il est difficile de répondre à cette question. Il y a des secteurs - comme l'industrie - où on ne voit pas le phénomène apparaître. Dans les services, cela dépend des secteurs. J'ai le sentiment que l'on a commencé assez fort et que l'on va continuer sur ce même rythme. Beaucoup de secteurs ne sont pas encore passés à la moulinette. D'autres vont se casser la figure. Les petits acteurs vont, soit mourir, soit être absorbés. Il faut aussi considérer les coups d'arrêts du politique comme font Berlin ou San Francisco avec AirBnB. Cependant il reste encore beaucoup de secteurs où le client est déçu... Il reste donc encore de la place pour l'ubérisation.

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