Tout irait-il mieux au pays du bâtiment et des travaux publics ? Si tous les indicateurs ne sont pas encore au vert, néanmoins, le fameux frémissement ressenti ici et là, se confirmerait notamment dans le logement neuf tandis que les primo-accédants peuvent dire merci au prêt à taux zéro (PTZ) et au Pinel. Cependant, sous ces bons auspices, il est une réalité, le "problème toujours essentiel, du manque de foncier", souligne Philippe Gautier, déplorant que les élus "ne fassent pas toujours preuve de bonne volonté". Surtout dans un département où 90 % du foncier appartient au privé.

Frémissement mais pas visibilité durable

Si le frémissement est là, c'est avant tout grâce à l'Eco-Vallée, qui draine la majeure partie de l'activité, et à un autre chantier, celui de la ligne 2 du tramway, qui soutient notamment l'activité dans les travaux publics. Il y a aussi le chantier du bus-tram qui doit relier Antibes à Sophia-Antipolis. Mais frémissement ne signifie pas "visibilité durable" comme l'indique Philippe Renaudi, le président du syndicat des travaux publics et routiers des Alpes-Maritimes. D'autant que 2017, année d'élection jouera comme d'habitude, son rôle de ralentisseur d'activité. Quant à l'effet Brexit, "il demeure pour l'instant, encore une inconnue", estime Philippe Gautier.

Europe sociale

Le sujet qui fâche vraiment, en revanche, est bel et bien celui du détachement. Une vraie problématique pour le monde du BTP "de plus en plus impacté", assure le président de la FBTP06. Autant dire que la menace du premier ministre Manuel Valls de ne plus appliquer la directive européenne si elle n'était pas revue "va dans le bon sens", selon Philippe Gautier.

"Il faut une harmonisation européenne d'autant que d'autres pays y sont eux aussi favorables. Les charges sociales doivent être payées dans le pays où le travail est effectué. Il faut taper du poing sur la table si l'on ne trouve pas de solution. Il faut faire une Europe sociale".

Fâcheries

Autre sujet qui déplaît, celui des prix, dont le niveau se situe davantage à celui des pâquerettes que d'une économie prospère. "Les prix pratiqués équivalent à ceux que nous pratiquions il y a huit ans", s'agace Philippe Gautier, et ce quelque soit le corps de métier, du gros œuvre à la finition.

A contrario, acier et agrégats augmentent en volume et l'intérim suit cette tendance haussière avec un +10 % au niveau national qui sonne pourtant, plutôt comme un bon signal.

Dans ce contexte général, évidemment l'arrivée du compte pénibilité en rajoute une couche dans ce qui fâche. Cependant, "nous conseillons à nos adhérents d'attendre", dit Philippe Gautier, suggérant que plutôt que de faire des comptes d'apothicaire et de charger le chef d'entreprises, l'Etat ferait mieux "d'uniformiser en fonction du poste" du salarié.

Taux d'intérêts

Sujet qui suscite l'espoir, en revanche, est celui de l'apprentissage, thème dont le président de la Région, Christian Estrosi, s'est emparé, "ce qui est de bon augure", estime Philippe Gautier pour qui le sujet de la formation est essentiel dans la valorisation de la profession. Des jeunes majoritairement attirés par les métiers du froid ou de l'électricité tout autant que de la restauration du patrimoine. A noter cependant, que la redistribution budgétaire dans les CFA va faire baisser celle du centre de formation d'Antibes, fleuron en la matière. Mais pour mettre en avant une filière que l'on associe systématiquement à une bonne santé de l'économie - le fameux "quand le bâtiment va tout va"... - la FBTP06 prévoit de donner naissance à une Journée de la construction le 6 octobre prochain, un rendez-vous qui a vocation à être pérennisé et qui sera consacré au "rassemblement de la famille de l'acte de bâtir, autour de tables-rondes consacrées à la formation, à l'aménagement du territoire, à l'innovation et aux métiers de demain", avec des remises de prix aux entreprises aux parcours remarquables et aux jeunes apprentis. Ou comment construire plus qu'une image, une notoriété.