Comment la BIAC devient le marché mondial du cirque

Si la Biennale internationale des arts du cirque Marseille PACA se pose comme la place où il faut être en tant qu’acheteur de représentations, ce n’est pas le fait du hasard, mais le résultat d’une stratégie bien huilée.

La volonté d'organiser une Biennale internationale des arts du cirque dans la cité phocéenne ne date pas d'aujourd'hui. C'est en effet à partir de 2007 qu'Archaos se penche sur ce projet ambitieux. La compagnie, ancrée à Marseille et labellisée en 2012 Pôle national des arts du cirque Méditerranée, laisse peu à peu germer l'idée... Elle connaîtra les prémices d'une concrétisation avec MP2013 et l'organisation de Cirque en Capitale. Les premiers pas d'un travail en partenariat avec les institutions qui mèneront à la Biennale que l'on connaît... "Nous n'avons pas attendu pour lancer le projet. Quand bien même les collectivités ne s'étaient pas encore toutes prononcées en sa faveur lors de leurs délibérations... Nous avions déjà en partenaire privé BNP Paribas, qui est historiquement très investi sur le financement du cirque et de la danse contemporaine, et nous avait attribué 40 000 €", raconte Raquel Rache de Andrade, co-directrice d'Archaos avec Guy Carrara. Puis la ville acte "une subvention de 350 000 € en juin 2014. C'est donc avec ces 400 000 € que nous avons commencé à travailler sur la Biennale... Son budget avait été évalué à 1,8 M€.  Sur cette somme, nous avons compté entre 20 et 25 % de recettes billetterie et de partenaires privés", poursuit Simon Carrara, le sous-directeur. En 2016, lors de la première édition, ils ne sont pas légion. Seul BNP Paribas répond à l'appel... Mais une fois le succès de la Biennale acté, les partenaires commencent à affluer pour la deuxième édition. "Nous comptons cette année avec Air France, Groupe Accor ou la MGEN", égraine Raquel Rache de Andrade. Le budget quant à lui reste le même : 1,8 M€ pour l'organisation des spectacles donnés sous le village chapiteau de la plage du Prado à Marseille, "auxquels il faut rajouter celui relatif aux représentations proposées dans les autres infrastructures culturelles. Ainsi, le budget total de la manifestation approche plutôt 3 M€".

Gestion équilibrée

Un budget géré au cordeau avec un impératif : "pas de gaspillage. A titre de comparaison, celui de la Biennale de danse contemporaine de Lyon, c'est 8 M€. Avec une programmation plus petite que la nôtre..." Les chiffres en attestent : l'édition 2017 de la BIAC, c'est 59 compagnies, dont 13 internationales et 11 régionales, 63 spectacles et 260 représentations. Ce depuis le 21 janvier jusqu'au 17 février. Avec un objectif financier : se maintenir à l'équilibre. Une équation somme toute complexe, dans la mesure, où le prix des places a été revu de 3 euros à la baisse afin de démocratiser davantage l'accès aux spectacles. "Toutefois, si le taux de remplissage était de 85 % en 2016, il est de 96 % sur les deux premières semaines, avec des salles quasi complètes", évalue Simon Carrara. L'équilibre devrait donc être atteint...

Premières mondiales

Mais outre l'adhésion du public, c'est celle des professionnels du secteur qui atteste de ce que la biennale est en train de devenir : un grand marché international du cirque. Plusieurs raisons à cela : tout d'abord, la pléthore de compagnies in situ, qui permet aux acheteurs étrangers de voir en one shot tout une étendue de propositions artistiques. "Avant la Biennale, ils étaient obligés de se déplacer plusieurs fois, dans un certain nombre de festivals", précise la co-directrice. Une dimension facilitatrice, donc. Le timing a été aussi soigneusement étudié. "Le fait d'organiser la manifestation en janvier permet aux acheteurs d'avoir encore le temps d'inclure des représentations dans leur saison prochaine". Mais ce n'est pas tout, puisque la qualité est aussi de la partie : l'équipe de la Biennale (8 collaborateurs en tout) se penche très en amont sur la sélection des compagnies, ce afin de multiplier les premières mondiales. A titre d'illustration, elle défriche déjà le terrain pour 2018... Ainsi, les acheteurs peuvent découvrir à Marseille des spectacles inédits. Cette année, ils seront près de 500 au total à entrer en négociation avec les compagnies présentes, venant d'Asie, de Russie, des Etats-Unis, du Brésil, d'Australie ou encore du Canada... "Nous avions réalisé une étude après la première édition pour connaître les répercussions de la Biennale sur les compagnies venues à Marseille. Les onze qui nous avaient répondu avaient signé au total pour 490 représentations grâce aux contacts établis lors de la manifestation". Mais le petit plus, c'est lorsque cette dynamique permet aux compagnies régionales à la renommée encore confidentielle de se faire connaître davantage, voire de s'exporter. "Ainsi, le cirque Biz'art a pu enchaîner 120 dates depuis l'édition 2016", illustre Simon Carrara. Une incontestable cerise sur le gâteau.

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