Pourquoi le Medef PACA lance un think tank

Nourrir le débat, casser les codes et faire preuve d'audace, c'est l'objectif annoncé de la nouvelle initiative signée par le syndicat patronal. Parce que c'est le moment où jamais et que ça manque dans le paysage régional dit son président Jean-Luc Monteil.

La Tribune - Pourquoi ce think tank ?

Jean-Luc Monteil - Les nouvelles problématiques qui se posent à nos sociétés - les transitions énergétique et numérique, l'irruption de nouvelles formes de travail, le vieillissement des populations occidentales... - appellent de nouvelles réponses. Nous ne pouvons pas continuer à penser le monde en silo avec les outils du 20ème siècle. Il convient de décloisonner les mondes économique, politique, universitaire et associer la société civile à nos réflexions. Les think tanks permettent ce rapprochement des mondes. Or, notre région, qui dispose de la première université francophone mondiale, d'une ouverture sur la Méditerranée et de très nombreux talents, est dépourvue d'une telle structure. C'est fort de ce constat que le Medef PACA lance son think tank, appelé Nouveau Cap, avec en parallèle, tous les trois mois, "Les rencontres du Medef PACA". Derrière ce Nouveau Cap se trouve l'ambition de proposer des réponses audacieuses aux nombreux défis qui attendent notre société.

La voix des entrepreneurs doit-elle être davantage entendue ? Comment ?

Assurément, oui ! Il suffit de parcourir les programmes économiques des candidats à l'élection présidentielle pour s'apercevoir que la plupart sont totalement hors sol, comme déconnectés de la réalité du terrain. Cette méconnaissance du monde de l'entreprise par nos élus doit être rapidement rectifiée. J'aimerais rappeler aux décideurs publics qu'un entrepreneur qu'on empêche de se développer en lui imposant des contraintes - fiscales, administratives, normatives - trop lourdes, est un entrepreneur qui quitte le pays ou qui renonce à son projet. Les dirigeants ne font pas grève, ils ne se défilent pas, ils s'en vont se développer ailleurs, et l'emploi avec eux. Par ailleurs, nous vivons une profonde mutation de notre économie, avec toutes les incertitudes qu'elle occasionne. Nos élus feraient bien de prendre plus en considération la capacité de réaction des entrepreneurs face à ces transitions. Nos entreprises innovent, s'adaptent et anticipent le monde de demain. Mieux les entendre reviendrait à mieux les accompagner. Mais nous devons également entendre les autres voix - celles de la société civile, des universitaires, des décideurs publics... Leur donner de la visibilité, c'est ce que permettra ce think tank.

Ce rôle de mise en valeur relève-t-il uniquement du rôle du syndicat patronal ?

Il est du ressort des organisations patronales de porter ce message auprès des pouvoirs publics et d'informer largement l'opinion. La présence du Medef dans le débat public me semble en effet indispensable. L'idée de créer un think tank est née de cette nécessité. La tenue des "Petits-déjeuners", durant lesquels je reçois, une fois par mois, les journalistes de la presse régionale, participe aussi de cette stratégie. À mon sens, les entreprises valorisent insuffisamment leur rôle dans la société. Nous avons des dirigeants très impliqués dans la lutte contre les discriminations, pour le respect de la parité entre les femmes et les hommes ou pour l'égalité des chances, mais aussi... pour la promotion de notre modèle "français" ! Car rappelons que sans entreprise, pas d'emploi, pas de cotisation sociale et donc, plus de protection sociale.

Quels sont les thèmes majeurs qui seront abordés ?

Nouveau Cap a vocation à traiter des grands enjeux de société, qu'ils soient techniques ou comportementaux. Nous avons pour ligne directrice de rompre avec les solutions obsolètes qui sont proposées depuis quarante ans et qui nous ont conduits à la situation inconfortable dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Cassons les codes et soyons courageux ! À l'occasion de la première session des "Rencontres"*, mardi 21 mars, nous accueillerons l'historien François Garçon, maître de conférences à l'Université Paris I, pour parler de démocratie directe. On s'interrogera sur la possibilité et la pertinence d'importer en France le modèle de démocratie suisse. Voilà une question intéressante alors que la légitimité de nos élus est remise en question ! Cette "Rencontre" alimentera les réflexions de ce think tank pour la rédaction d'une note sur le sujet. In fine, que ce soit en prenant part au débat public ou en montant des opérations sur le terrain, notre ambition est d'être acteur dans la construction de la France de demain. Les entrepreneurs que nous sommes ont à cœur la réussite de notre région et de notre pays. Alors, ensemble, donnons-nous un nouveau cap.

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*La première session des "Rencontres du Medef PACA" aura lieu mardi 21 mars de 12h à 14h à la Résidence du Vieux-Port à Marseille avec comme partenaires La Tribune et France Bleu Provence

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