Renaud Muselier : "Provence Alpes Côte d'Azur doit se positionner de manière offensive"

L'aéronautique c'est aussi une filière structurante de Provence Alpes Côte d'Azur. Trop méconnue. Et il faut que ça change. C'est exactement le message que le président de la Région a voulu faire passer en se rendant au Bourget.

La Tribune - L'aéronautique est aussi une filière essentielle de l'économie de la région. Quelles sont ses particularités ?

Renaud Muselier : La filière aéronautique et spatiale représente une filière industrielle d'excellence et de premier rang. Il y a d'abord un tissu économique avec des professionnels de premier ordre et un écosystème d'entreprises et d'acteurs performants : avec près de 200 entreprises et plus de 50 000 emplois pour un chiffre d'affaires de 5,5 Milliards d'euros.

Nous sommes fiers de la présence d'acteurs mondiaux, chez nous, parmi lesquels Airbus Helicopters à Marignane, 1er fabricant mondial d'hélicoptères, Thales Alenia Space à Cannes, leader mondial dans le domaine des télécommunications, de la navigation, de l'observation de la terre et de la réalisation d'infrastructures, Dassault à Aix, ou encore Safran à Istres. Mais nous pouvons également compter sur nos pôles de compétitivité comme Safe, Mer Méditerranée, les clusters Eden, Excell'air, Toulon Var Technologies...

Cette filière est innovante et en pleine expansion, 40 % des entreprises font de la recherche et du développement et mobilisent pour cela, hors grands constructeurs, l'équivalent de 1 050 emplois à temps plein. 1 700 chercheurs sont par ailleurs répartis sur notre territoire.

Il y a également des politiques adaptées que nous déployons notamment autour des Opérations d'Intérêt Régional et des outils pour favoriser la vie et la croissance de nos entreprises. Enfin, mais pas des moindres, vous me connaissez, une volonté politique farouche de réussir en faveur de l'industrie de notre territoire.

La présence au Bourget est un des moyens, mais comment faire en sorte que la filière soit mieux identifiée et visible à l'international ? Des actions de promotion sont-elles envisagées ?

C'est un de mes objectifs, et la raison pour laquelle la Région met désormais en œuvre une véritable diplomatie économique tournée vers nos atouts, le potentiel de nos entreprises et de notre territoire.

Et c'est effectivement la raison de notre présence au Bourget, mais pas seulement :

nous sommes également présents sur d'autres salons internationaux. À titre d'exemple, au niveau européen, nous souhaitons renforcer la présence du pôle à Bruxelles, faciliter les accords entre le pôle et les clusters européens et renforcer la présence de nos PME et laboratoires dans les projets européens de recherche et développement.

Car l'Europe elle peut être utile si on sait l'utiliser !

Sur le terrain, il existe des "outils" comme Team Henri-Fabre, Polyaéro Gap Tallard, Technopôle Pégase à Avignon... D'autres plateformes stratégiques doivent-elles voir le jour ? Sont-elles demandées par les entreprises elles-mêmes ?

Oui, ces plates-formes sont très importantes pour accompagner les entreprises dans leurs mutations, leur faciliter l'accès aux technologies et aux marchés, leur permettre de tester leurs prototypes et de mener leurs essais. Elles correspondent à une demande forte des PME de la filière, et contribuent à la force de notre écosystème.

Je pense aux drones, bien évidemment en tant que Député européen rapporteur sur les drones. Il y a là un potentiel énorme sur notre territoire, et je souhaite que Provence-Alpes-Côte d'Azur se positionne de manière offensive. Je souhaite renforcer ce formidable potentiel industriel et accélérer les projets structurants comme Team Henri-FABRE sur l'usine étendue du futur à Marignane, l'AIRSHIP Village sur les Dirigeables à Istres, la Technopôle de la Mer et System Factory dans le Var.

Avec Christian Estrosi, nous avons fait le choix de nous positionner sur des marchés différenciants : par exemple, ici les dirigeables ou les drones, afin de faire de Provence-Alpes-Côte d'Azur un pôle d'excellence dans ces domaines.

En nous appuyant sur notre écosystème et en déployant la stratégie industrielle régionale, mon ambition est claire, des résultats à trois ans et une vision à vingt ans.

C'est pourquoi de nouvelles plates-formes stratégiques sont en cours de constitution. Nous travaillons dans le cadre des Opérations d'Intérêt Régional et avec l'appui du pôle SAFE à constituer en Provence-Alpes-Côte d'Azur un réseau régional structuré de sites d'essais pour les drones, qui proposeront des tests dans différents "milieux" : par exemple, le centre d'Excellence des Drones à Salon de Provence, le Centre d'Etudes et d'Essais pour Modèles Autonomes de Saint-Maximin/Pourrières,

Dans le cadre des OIR, nous travaillons par ailleurs sur une nouvelle plateforme d'essais en montagne à Aspres/Buëch (05) qui viendrait renforcer et compléter notre offre.

La France a une avance mondiale dans le secteur des petits drones et européenne dans le secteur des grands drones. Au sein du pays, notre région est très bien placée, mais elle doit devenir leader. En tous cas, je vais y consacrer toute mon énergie.

Où en est la filière consacrée aux dirigeables, basée à Istres ?

Comme vous le savez, le "Plan industriel Dirigeable" offre la possibilité de développer une nouvelle filière industrielle, mettant sur le marché des solutions de transport, d'observation et de télécommunication écologiques et efficaces. Le chiffre d'affaire annuel constructeur attendu sur cette nouvelle filière serait de 1 milliard d'euros à 10 ans et engendrera la création de 3 000 emplois pour notre région.

En 2019-2020, nous verrons les premiers résultats opérationnels des projets que nous soutenons.

Les besoins - le numérique notamment change la donne des métiers de l'aéronautique - des industriels et des PME en terme de formation doivent-il être renforcés sur le territoire ? Des projets dans ce sens sont-ils envisagés ?

En termes d'enjeux à la transformation numérique, il faut distinguer deux volets : le volet Emploi et le volet Accompagnement des entreprises industrielles.

Pour aider les entreprises dans le domaine de l'emploi, la plate-forme emploi et formation du techno-centre Henri Fabre et le campus des métiers portent les formations pour les industries de demain. En 2016, plus de 200 000 euros ont été attribués par la Région pour le TEAM Henri Fabre avec notamment Inovsys, ou la  -plateforme de détection rayon X. Il est en effet nécessaire d'accompagner les personnes non qualifiées et les salariés ayant besoin de développer leurs compétences vers les métiers de l'industrie de demain.

En ce qui concerne l'accompagnement des entreprises dans leur transformation, on se dirige aujourd'hui vers l'industrie du futur, la robotisation, la digitalisation et l'intégration des nouvelles technologies. Pour cela un plan massif d'accompagnement des entreprises industrielles, qui cible 500 PME, est en cours d'élaboration au niveau régional afin d'accompagner cette mutation vers l'industrie 4.0.

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