Les entreprises, les patrons et les réformes

Formation, assurance chômage, simplification administrative… Le changement, c'est apparemment maintenant. Sur ces sujets, les patrons des patrons azuréens et régionaux, comme le président de la CCIMP ont des avis. Parfois partagés.
(Crédits : CC0 Public Domain)

Si c'est de Noël dont on est en droit d'attendre les cadeaux, voire les miracles, c'est pourtant bien le début de l'année qui est le moment des vœux. L'occasion de se projeter sur les douze prochains mois. Et quand on est patron, représentant syndical ou élu consulaire, on a forcément des envies précises et des attentes.

Pilote dans l'avion

Surtout qu'en terme de réformes ou de refonte, 2018 devrait être particulièrement productive. L'une des plus attendues est sans doute celle de la formation professionnelle et de l'apprentissage. Un sujet récurrent, tant les représentants des entrepreneurs n'ont eu de cesse de répéter qu'il fallait une adéquation entre l'enseignement et les besoins terrains. La question actuellement concerne plutôt le pilote dans l'avion : la Région ou les branches ? Si pour Jean-Luc Monteil, le président du Medef PACA, c'est clairement la Région qui doit prendre les commandes, les branches étant, dit-il, "nombreuses à ne pas avoir de représentations en région, manquant ainsi d'efficience", le président de l'UPE06, Philippe Renaudi ne cache pas que "le monde patronal attend que le gouvernement clarifie ses positions", notamment au moment où les négociations sur certains thèmes sont bloquées.

Effet pervers ?

L'autre "grande" réforme, attendue, sans doute avec davantage de crainte, c'est celle de l'assurance chômage. Si pour l'accompagnement et le contrôle des chômeurs ce sera au gouvernement de faire ses propres propositions, pour ce qui est de certains sujets comme l'indemnisation des démissionnaires, les partenaires sociaux sont amenés à faire des propositions. Une idée pas si mauvaise pour Philippe Renaudi qui souligne que le démissionnaire est souvent un créateur d'entreprise en puissance. "Jusqu'à présent, la solution passait par une rupture conventionnelle. Ce qui une fois de plus, coûtait à l'entreprise. Je vois mal un titulaire de CDI choisir le chômage". L'analyse est plus nuancée du côté du Medef PACA. "C'est un marché de dupes. Aujourd'hui, pour être indemnisé, il suffit de faire un abandon de poste. L'employeur est alors obligé de procéder à un licenciement. Et l'indemnisation suit. La vraie réflexion est de dire, que ce droit existe déjà même si c'est de façon biaisée. Et cela, c'est la réalité du terrain".

Portemonnaie

Sujet constant de mécontentement, la fiscalité locale n'a pas fait de pause, cumulant à un + 2,6 % qui ne plaît pas du tout aux patrons et plus généralement aux acteurs économiques. Car c'est le portemonnaie des entreprises qui sont touchés (avec risque de coulés). "Cela correspond à 47 milliards d'euros, payés par les entreprises, avant même qu'elles gagnent de l'argent ou pas", s'insurge Philippe Renaudi. Rejoint par Jean-Luc Monteil qui voit cette hausse comme "un fléau". "C'est normal, l'Etat a continué à externaliser ses devoirs auprès des communes, des intercommunalités... Tout en baissant ses dotations. Ce qui donne moins de ressources, plus de frais de fonctionnement et donc augmentation de la fiscalité locale", explique le patron des patrons régionaux. Et qui pose la question de la mutualisation, qui est pour l'heure "celle des coûts, mais pas des économies".

Perspectives

Une taux de croissance à minimum 1,7 % voire 2 %, voilà de quoi redonner du baume au cœur des entrepreneurs. Et le PACTE, ce plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises, peut-il aussi faciliter le quotidien des dirigeants ? Sans doute, mais ça ne va pas sans quelques actions de lobbying auprès de Bercy que Philippe Renaudi revendique aisément. Le président de l'UPE06 d'insister sur quelques points qui coincent, comme faciliter l'accès à la première commande, la reprise de l'entreprise par les salariés, améliorer le cadre fiscal de la transmission ou encore attribuer automatiquement un numéro de SIRET à chaque jeune Français pour son 16ème anniversaire.

Le changement, ça doit bien être maintenant. Jean-Luc Chauvin le revendique de la même façon pour la CCI MP qu'il préside, demandant le droit à l'expérimentation pour élargir l'éventail des services comme de la prospective économique ou des missions spécifiques, utiliser la data pour mieux connaître les entreprises et "inventer le modèle consulaire du 21ème siècle" en s'inspirant de ce qui se fait ailleurs en Europe. Question de survie. Parce que les miracles ne se produisent que si on les impulse...

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