Quels premiers fruits pour Terralia Venture Innovation ?

Lancé en 2017 par le pôle de compétitivité éponyme, ce fonds d’investissement est destiné à financer l’amorçage des startups les plus prometteuses des domaines de l’agriculture, la viticulture et l’agroalimentaire. Avec des résultats déjà satisfaisants, assure son directeur général, Gilles Fayard.
(Crédits : Regis Duvignau)

La Tribune - Quel constat a poussé à la création de Terralia Venture Innovation ?

Gilles Fayard - Le pôle accompagne l'innovation et les entreprises innovantes depuis le départ, c'est une population que nous connaissons bien. Nous comptons une quarantaine de startups dans notre écosystème, avec deux tendances identifiées. Pour 40 % il s'agit d'acteurs plus food, qui mettent donc au point pour le BtoC des produits alimentaires innovants. Et pour 60 %, ce sont des offreurs de solutions à même d'optimiser les process de production, tels capteurs, logiciels, équipements, dans le domaine de l'agtech et de la winetech. Terralia est capable de les accompagner sur le volet innovation, la recherche de clients. Mais à un moment donné, ces entrepreneurs ont des besoins financiers. Bien souvent, ils ont utilisé leur apport, fait appel au love money, éventuellement aussi au Réseau Entreprendre. Ils arrivent ainsi à mobiliser entre 20 000 et 50 000 euros. Mais ensuite, il faut constituer des stocks, assister à des salons, se faire connaître et cela nécessite des montants plus importants. Or, il n'y a pas vraiment de fonds sectoriels qui se positionnent sur l'amorçage, seulement des fonds qui interviennent sur des montants conséquents, entre 4 et 10 M€ et qui ne sont pas adaptés pour intervenir sur de petits dossiers. Nous avons travaillé durant quatre ans sur ce projet.

De combien est doté le fonds actuellement ?

Aujourd'hui, en phase de démarrage, le fonds est doté de 450 000 €, l'idée étant d'atteindre 2 M€ à la fin du premier semestre 2018, en réunissant davantage d'actionnaires, outre les huit originels, notamment d'importants partenaires institutionnels, comme les établissements bancaires. Nous sommes actuellement en discussion avec certains d'entre eux.

Quels sont les premiers retours, en termes de candidatures ?

Nous avons démarré en juillet 2017 en ayant fait très peu de communication sur le sujet et nous dénombrions déjà fin janvier une trentaine de dossiers. Nous avons réuni quatre comités d'investissement. Sur la trentaine de candidats, 6 ont été invités à pitcher. Nous avons ensuite poursuivi les discussions avec deux d'entre eux. Au final, nous avons décidé d'investir dans l'une de ces deux startups, Le petit Béret, installé à Béziers. Leur équipe travaille avec l'Inra à un nouveau procédé permettant d'aboutir à la production de vin sans alcool, sans fermentation. Nous avons mis 100 000 euros sur la table pour cette entreprise biterroise, en co-investissement avec Angelor et InVivo Invest. Le prochain comité est déjà calé, nous avons sélectionné d'ores et déjà un dossier qui mérite de venir pitcher. Les candidatures nous parviennent de façon régulière, en parallèle nous œuvrons à renforcer le fonds.

Quelle était la provenance de ces premiers dossiers ?

Ils étaient issus de sept régions de l'Hexagone, avec une forte représentativité d'Auvergne-Rhône Alpes, qui est très dynamique dans le domaine de la foodtech. Un consortium, Foodtech Lyon Aura, a d'ailleurs vu le jour, dont le pôle Terralia est membre. En deuxième position nous avons ensuite l'Ile-de-France, dont les dossiers consistaient plutôt dans le développement d'applications et de plateformes numériques. Provence Alpes Côte d'Azur ferme la marche de ce Top 3. Outre ces dossiers français, nous en avons même reçu un du Portugal !

Mais il y a bien des critères géographiques pour être pris en compte...

Oui, les activités des candidats doivent avoir un lien avec le territoire couvert par Terralia. Soit l'entreprise est implantée sur le territoire, soit elle va le faire, ou encore elle a noué des liens forts localement en termes de dynamique de production.

Un premier élu sur trente appelés, ce n'est pas trop sélectif ? Quels sont vos critères de choix ?

Un sur trente, ce n'est pas si drastique, la plupart des fonds ne sélectionne qu'un pour cent des dossiers, là il s'agit donc d'une proportion de 3%. Pour ce qui est des critères, il faut que l'aspect innovation du projet soit manifeste, qu'il y ait un marché, que le business model soit solide. Et puis, il y a aussi la personnalité du porteur de projet : est-il prêt à prendre des risques, a-t-il une âme d'entrepreneur, est-il capable de parler à un banquier, à des investisseurs... Cette question du savoir-être est primordiale et bien souvent, il s'agit du point qui coince le plus.

Y a-t-il un montant moyen investi pour chaque entreprise et fixé par Terralia Venture Innovation ?

Pour ce qui est du ticket, tout dépend des besoins de l'entreprise. Le montant maximum ayant été fixé à 300 000 euros, le minimum à 100 000. Nous regardons des projets qui cherchent à lever en moyenne autour de 750 000 euros. Pour des montants plus élevés, cela n'est plus notre mission, d'autres acteurs plus importants prennent le relais. On ne pourrait pas jouer notre rôle d'accompagnement si nous étions dilués dans un plus grand fond, or c'est un aspect auquel nous tenons : au-delà d'être un fonds classique, l'idée est aussi d'accompagner les startuppeurs via le coaching et le mentoring. Parmi les 8 actionnaires fondateurs, chacun a des compétences propres à partager, l'un sur les aspects réglementaires, l'autre sur les process... Nous sommes complémentaires en termes de profils et en faisons donc bénéficier les porteurs de projet.

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