Fos Provence Basket et le "pivot" économique

Petit poucet du basket français, l'équipe provençale évoluera en Jeep Elite – le nouveau nom de la Pro A – dès la saison prochaine. C'est-à-dire dans quelques mois. Et pour ne pas faire un petit tour et puis s'en va, le club cherche à équilibrer son modèle économique. Qui a beaucoup à voir avec les entreprises.
(Crédits : DR)

Il y a l'euphorie du soir de la victoire. Pour Fos Provence Basket, c'est le 14 juin dernier. Le jour où l'équipe l'emporte sur son parquet, face à Roanne et s'octroie un billet pour l'élite - Jeep Elite exactement, le nouveau naming de la Pro A. Une accession dans la division supérieure qui marque un exploit - il n' y avait plus d'équipe provençale dans l'excellence du basket français depuis plus de 50 ans - mais aussi un sacré challenge. Car maintenant il va falloir faire rimer succès sur le parquet avec budget financier adapté.

Double détente

Et ça, c'est le défi (économique) avant le défi (sportif). Evoluer en élite exige les moyens financiers qui vont avec. Et comme "nous n'avons pas l'intention de pointer le bout de notre nez et de repartir", dit Christophe Sanchez, "il nous faut rapidement un budget prévisionnel", dont l'un des objectifs principaux est de permettre le recrutement de talents.

Avec entre autres, un capitaine - Mamadou Dia - et un coach - Rémi Giuitta -, quarantenaires et Fosséens depuis 13 ans, "nous sommes un club atypique", reconnaît le directeur marketing.

Atypique mais avec donc des besoins financiers. Actuellement doté d'un budget de 2,2 M€ - ce qui en faisait déjà "que" le 9ème budget de Pro B, Fos Provence Basket recherche 1,2 M€ supplémentaire. Même si avec 3,4 M€, "nous serons encore loin des grosses écuries". Et si Christophe Sanchez reconnaît que les moyens financiers ne font pas les résultats sportifs, ils sont tout de même l'huile dans les rouages d'une stratégie de conquête sportive.

Le parti pris de l'ESS

La question désormais, c'est comment aller chercher de la monnaie sonnante et trébuchante ?

"Le club est une opportunité pour l'écosystème local. Sur l'axe Fos-Marseille, il y a le foot... et il y a nous". Cependant, "mettre du basket dans cette région n'est pas facile".

Pour être plus visibles et aussi pour totalement être perçue comme l'équipe de basket de la plus grande métropole de France (Aix-Marseille Provence NDLR) certains matchs, 6 exactement, dès la saison dernière ont été délocalisés à Marseille. Cependant, tel un seul homme, la ville de Fos-sur-mer est peut-être le premier supporter, apportant un financement de 1,7 M€ pour la saison 2018-2019.

Mais pour être attractif, il faut avoir une stratégie de marque, un positionnement, représenter une plus-value... Alors à Fos Provence Basket, "nous nous sommes positionnés sur l'économie sociale". Un positionnement que Christophe Sanchez défend en en démontrant la logique. "Nous sommes en Camargue, entourés par la mer, des zones naturelles... , les sujets de biodiversité, tri sélectif, recyclage, santé et sécurité sont prégnants. Concernnt plus précisément ma santé, un projet lié à la santé au travail a été validé. Le club est un acteur du territoire et à ce titre il se doit d'être attentif aux enjeux sociétaux".

Rapprochement et projets en commun avec Elengy, la filiale spécialisée GNL d'Engie (qui est présente sur les terminaux de Fos Tonkin et Fos Cavaou NDLR), concours de dessin pour les enfants, rencontre avec les joueurs professionnels... et "d'autres projets en cours de développement", voilà comme Fos Provence Basket dit vouloir s'insérer dans cette dynamique ESS. "Le basket devient accessoire, le vrai sujet, ce sont les enjeux sociétaux", indique Christophe Sanchez. Dont le regard se tourne vers les entreprises, notamment les plus installées économiquement, celles qui disposent par exemple de fondations et plus précisément les industriels, bien représentés sur le territoire.

Faire équipe avec les grands groupes

"Nous devons démontrer que nous sommes un atout pour elles". Reste néanmoins à lever un frein. "Le basket n'est pas suffisamment ancré pour que les entreprises considèrent qu'il sert leur image". Néanmoins, cela pourrait bien changer avec l'accession en Jeep Elite, "qui donne un côté standing". Le partenariat conclu entre Amazon et la Ligue Nationale de Basket (LNB) en 2017 pour 3 ans et qui comprend entre autres, la mise en ligne d'une boutique présentant une sélection de produits associés aux clubs professionnels devrait largement faciliter la notion de visibilité, tout comme vont le permettre les retransmissions de matchs sur SFR Sport qui a acquis les droits TV.

Tout cela pourrait donc bien tenter les grands groupes. "Nous avons déjà pris des positions avec certains acteurs locaux" révèle Christophe Sanchez. Outre Elengy, Eiffage et Go Sport ont manifesté leur intérêt.

Evidemment si le Petit Poucet se comportait bien au point de participer à une Coupe d'Europe, cela mettrait Fos et Marseille sur la carte du basket européen. Néanmoins, Fos Provence Basket n'est pas l'unique club de Provence Alpes Côte d'Azur à évoluer en Pro A. A Antibes, les Sharks évoluent également en élite, tout comme la Roca Team de Monaco. "Cela crée un équilibre", se réjouit Christophe Sanchez. "Il n'est pas inintéressant d'avoir des alliés dans le Sud".

Si philosophiquement, tout semble aligné, le juge de paix c'est le temps... Si le championnat reprend mi-septembre, le parquet provençal retrouve le rythme des entraînements dès le 6 août. Toute garantie économique serait donc la bienvenue avant ce coup de sifflet initial...

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