French Fab : elle n'est pas formidable, mon usine ? 2/2

Lancé fin 2017, le Coq Bleu, emblème de l'industrie 4.0 prend de plus en plus de place dans le paysage de l'innovation. En voulant réhabiliter l'image d'une industrie en pleine mutation, il montre surtout un secteur qui n'est pas si éloigné que cela de l'innovation et qui en mettant mieux en avant ses plus beaux atours compte redevenir attractif. Notamment auprès des jeunes. Et le French Fab Tour qui parcourt l'Hexagone est exactement pensé pour ça.
(Crédits : DR)

L'enjeu de l'attractivité envers les plus jeunes - qui est bien le sujet central du French Fab Tour - n'est pourtant qu'un bout - essentiel évidemment - de la problématique French Fab. Rendre un secteur sexy, donner envie, changer l'image, ça passe certes par un discours adéquat mais la French Fab, ça sert aussi... les industriels eux-mêmes.

Big data, IA, VR, c'est de l'industrie aussi

"La French Fab aborde un vrai sujet qui est celui d'attirer les jeunes vers les métiers de l'industrie. C'est aux industriels d'expliquer ce qu'ils attendent en matière de compétences", pointe Stéphane Managa, le directeur général de Team Henri-Fabre, dont le technocentre, basé à Marignane dans les Bouches-du-Rhône, mutualise expertises et les ressources entre industriels. "Autant, il existe un manque en ce qui concerne les métiers traditionnels, autant il y une émergence des nouveaux métiers qui sont à la croisée de l'intelligence artificielle, du big data, de la réalité virtuelle, de la robotisation... qui peuvent augmenter l'attractivité des entreprises en terme de recrutement. Et nous n'en sommes qu'au début", la data et son exploitation générant l'émergence de nouveaux métiers.

Cette prise de conscience que l'industrie 4.0 est aussi une formidable chance pour les industriels, les poussant à se réinventer, à prendre le train pendant qu'il est encore à peu près en gare mais avant qu'il soit lancé à une vitesse folle, c'est ce que pousse l'UIMM Côte d'Azur. "Nous nous sommes rendus compte qu'il fallait restructurer l'industrie française. On a redéfinit ce qu'est l'industrie, au niveau régional il y a une structuration qui se fait". Tout le monde regarde donc dans la même direction. Initiateur du programme Industrie 4.06, plateforme qui aide les PMI des Alpes-Maritimes à passer en mode 4.0, Daniel Sfecci aimerait l'étendre justement à une échelle plus régionale.

Démystifier les technos

"Les entreprises n'ont pas conscience de ce qu'il est possible de partager et d'agglomérer entre acteurs : avoir des compétences pour accélérer des développements, des mises sur le marché...", souligne Stéphane Magana. "Tout cela sont de nouveaux besoins, peu voire pas connu des jeunes".

C'est aussi ce que dit Bernard Kleynoff, le Monsieur Industrie de la Région Sud. "Les jeunes doivent choisir l'industrie, qui est un secteur qui embauche, dont le chiffre d'affaires généré, incluant les services aux industries, est supérieur à celui du tourisme. Nous sommes sortis de la période de destruction d'emplois" insiste le président de la commission Economie, Industrie, Innovation, Nouvelles Technologies et Numérique. "Il faut amener le Français, qu'il soit politique ou citoyen, à se reposer la question de ce qu'est l'industrie", dit plus largement Daniel Sfecci. Car si l'image de l'industrie doit être améliorée en externe, en interne, le digital doit aussi être promu. "Il faut démystifier les technologies", dit Stéphane Magana. "Certaines TPI/PMI se disent que ce n'est pas pour elles. Or il existe des compétences en France, il serait dommage de s'en passer". C'est ce que fait par exemple Team Henri-Fabre en collaboration avec le Cypen, en formant à partir des profils repérés par Pôle Emploi, des personnes qui trouvent dans  l'industrie une façon d'exprimer leur talent.

La valeur des territoires

Avec 7 Territoires d'industrie reconnus par l'Etat, Provence Alpes Côte d'Azur ne démérite pas face aux autres régions de l'Hexagone. Et là encore, French Fab Tour et territoires d'industrie même combat, celui de la volonté de donner une impulsion nouvelle et une image rénovée. "Ce n'est pas du tout déconnecté", acquiesce Daniel Sfecci. "C'est aussi une vitrine pour les autres territoires". Et puis, "fabriquer en France, ça a du sens". Autant en profiter pour mieux se faire connaître. Stéphane Magana appuie sur un autre point, celui des relais de croissance dans les territoires plus reculés, ceux qui ne sont pas dans la même dynamique que les métropoles mais pourtant font bien face aux mêmes problématiques. "C'est l'un de nos enjeux" rappelle le directeur général de Team Henri-Fabre. "La French Fab nous sert, nous permet d'être connus. Nous devons capitaliser sur nos grandes industries et sur ce point nous n'avons pas à rougir. Avec Iter, Airbus Helicopters, Thales Alenia Space... nous bénéficions sur le territoire de la présence de leaders mondiaux. La désignation des sept territoires d'industrie est un message fort, tout comme le fait d'être pilote. Nous devons remettre rapidement des éléments à l'Etat. Pour cela, nous avons mobilisé les industriels. Et la mobilisation peut se faire car les chefs d'entreprises se parlent entre eux, découvrent des compétences sur leur zone, quelle soit départementale ou régionale. Entre territoires, il y a des synergies, des actions à mener en commun", souligne Bernard Kleynhoff. Mais ne pas oublier, plus que tout, qu'il n'est pas question d'un "machin", couche de millefeuille supplémentaire. "L'intérêt majeur, ce sont les entreprises, par les institutions".

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