Ce que dit la Banque de France sur la croissance dans le Sud

Après une année sous le signe de l’investissement et de la croissance, Provence-Alpes Côte d’Azur devrait continuer à croître mais à un rythme plus modéré. C’est ce qui ressort des prévisions présentées à Marseille par l'institution bancaire.

Fortes tensions entre la Chine et les Etats-Unis ; ralentissement de l'économie allemande ; récession italienne ; Brexit en cours ... l'année 2018 a été mouvementée à l'international, avec forcément des retombées pour l'économie régionale.

Il n'empêche, celle-ci s'en est plutôt bien sortie s'il l'on s'en réfère au bilan 2018 présenté par la Banque de France. Un bilan basé sur les réponses d'un panel représentatif de 1 500 entreprises du territoire, interrogées sur leurs activités, leurs dépenses d'investissement et leurs recrutements. Ainsi, tous les secteurs - industrie, services marchands et construction - ont connu une hausse de leur chiffre d'affaire et de l'emploi, croissance néanmoins plus faible que l'année précédente. Surtout, l'année 2018 a été celle des investissements du fait de taux d'intérêt relativement bas et d'un faible niveau d'investissement au cours des trois à quatre années précédentes. Les dépenses d'investissements ont été réalisées à 70 % dans l'industrie où leur niveau a augmenté de 16,6 % par rapport à 2017. Au total, c'est 1,1 milliard d'euros qui a été investi dans l'économie régionale pour la remise aux normes, la modernisation et l'augmentation des capacités productives des entreprises.

Cela étant, la Banque de France prévoit assez naturellement une baisse des investissements pour 2019 : -4,9 % dans l'industrie, - 2,6 % dans les services et -13 % dans la construction. "Une pause", selon Bernard Benitez, adjoint Affaires régionales à la Banque de France, le temps que les entreprises collectent les fruits de leurs investissements.

Une industrie tirée par le marché national

Dans l'industrie, la Banque de France prévoit une hausse de 3 % du chiffre d'affaire des entreprises, contre 3,3 % en 2018 et 6,4 % en 2017. "On résiste", observe Jeannine Roghe, directrice régionale qui souligne par ailleurs le fait que si la région Provence Alpes Côte d'Azur n'est pas particulièrement industrielle - l'industrie représente 10% de son économie -, ce secteur et ces entreprises y sont particulièrement dynamiques. Et d'expliquer le ralentissement anticipé par "des marchés à l'export qui s'essoufflent".

"L'industrie est surtout tirée par le marché national", complète Bernard Benitez qui se réjouit des "décisions gouvernementales en faveur du pouvoir d'achat qui viendront soutenir la croissance économique". Parmi les secteurs industriels qui devraient le plus croître : l'équipement électrique et électronique (+7%). L'emploi devrait rester stable, avec une hausse de 0,4 % des effectifs.

Croissance modérée dans les services et la construction

Des tendances assez semblables sont attendues dans le secteur des services qui représente près d'un emploi sur deux en région. Le secteur devrait ainsi enregistrer une hausse de 3,7 % de son chiffre d'affaire. Un ralentissement par rapport à 2018 (+5 %) et 2017 (+7 %). Là aussi, les prévisions quant à l'export sont mitigées (+1,9 %). "Ce qui porte la tendance positivement, ce sont les transports, la logistique, l'ingénierie, la maintenance ainsi que le conseil et la publicité". L'emploi devrait continuer à croître, de 1,8 % dans l'ensemble des services, de 3,5 % dans l'information et la communication. Un peu moins dans le transport (-0,9 %).

Enfin, le ralentissement de l'activité devrait être plus sensible dans la construction (+2,8 %). Ce que Bernard Benitez et Jeannine Roghe expliquent par une certaine "prudence vis-à-vis de l'environnement mondial, européen et national". Les travaux publics et la rénovation devraient porter la croissance. L'emploi devrait croître de 0,7 %, avec un recours important à l'intérim.

Un ralentissement pérenne lié aux nouveaux modèles économiques ?

Finalement, pas de retournement de conjoncture pour 2019 mais une croissance qui ralentit quelque peu. Un phénomène que Jeannine Roghe imagine s'inscrire dans la durée sous l'effet des "nouveaux modèles économiques" et de toutes les initiatives visant à consommer moins. "On est très axé dans l'économie d'énergie par exemple".

Une mauvaise nouvelle pour l'emploi ? Pas forcément. "L'emploi va être diversifié. C'est pour cela que nous misons beaucoup sur l'alternance qui permet de former des jeunes à une grande variété de métiers". Et de prôner l'agilité des économies, tout en pointant du doigt une menace à l'échelle mondiale : celle de "l'isolationnisme et de ces pays qui se referment sur eux-mêmes. Y compris en Europe".

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