Jean-Pierre Savarino : "Nous poursuivons la transformation de la CCI Nice Côte d'Azur malgré les coupes budgétaires"

Ports, zones d'activités, mobilité et accessibilité, services aux entreprises… Alors que la chambre consulaire se mue en une institution au fonctionnement pas si éloigné de celui d'une entreprise, son président redit combien, malgré le rabot financier venu de l'Etat, c'est réactivité et innovation qui doivent primer.
(Crédits : DR)

La Tribune - Quel modèle économique est développé, au vu des coupes budgétaires - - 400 M€ annoncés en juillet par l'Etat ?

Jean-Pierre Savarino - Les taxes pour frais de chambre, que l'Etat nous retient de façon indue, représentent pour la Chambre de commerce et d'industrie Nice Côte d'Azur, plus de 2 M€ par an, soit moins 4 M€ sur notre budget. Cette taxe était en totalité consacrée à l'accompagnement des entreprises, leur permettant d'accéder par exemple à des formations qu'elles ne peuvent pas se payer. La CCI est obligée de se remettre en cause en terme de nouveaux moyens de financement. Nous avons mené une réorganisation interne importante, afin de réorienter les collaborateurs selon leurs activités. Cette réorganisation complète va nous permettre d'avoir un fonctionnement davantage en Business Unit, avec des activités qui vont financer d'autres activités. Nous devons développer des ressources financières nouvelles. Il y a déjà ce que nous faisons, mais cela peut être aussi concourir pour des DSP - et pas seulement portuaires - tout en se fixant des objectifs à trois ans et une autonomie financière à 5 ans.

Où en est votre projet d'entreprise Cap21 ?

Nous avions en effet mis en place notre projet Cap 21 qui avait pour vocation d'anticiper ces éléments. Nous devons lui donner une dimension supérieure. Nous ne comprenons ni la motivation, ni la raison des coupes budgétaires menées par l'Etat. Cap 21 est le projet pour la mandature dans lequel on avait dit vouloir créer un environnement favorable. Nous allions en profiter pour améliorer les structures, transformer la CCI sur une typologie d'entreprise afin d'apporter services et formations aux entreprises qui en ont besoin. Le but étant de préserver les grands équilibres et de garantir l'efficacité de nos actions. Le rabot financier que nous subissons va nous amener à être plus exigeants.

Comment se passe le travail avec le MEDEF dans le plan de sauvegarde des CCI ?

On peut saluer la décision du nouveau président de MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, qui a créé une commission au sein du syndicat sur ce sujet, ainsi que l'implication de Jean-Luc Monteil, le président du MEDEF PACA, également président de la commission adhérents au MEDEF. Je crains cependant que ce soit trop tard et on le voit dans le déroulement des lois, telles qu'elles sont votées. Le lobbying est fort mais pas suffisant.

Où en est Port Vauban 21 ?

Depuis janvier 2017, des transformations et des modifications très importantes ont été faites. Le management a été changé, un plan d'actions commerciales mis en place, une structure commerciale développe le port. Nous avons reconquis le marché des super yachts. Les problèmes de domanialité devraient se résoudre rapidement. Nous remercions la Caisse d'Epargne Côte d'Azur et la CDC qui nous ont accompagnés, nous font confiance. Nous avons injecté 2,5 M€ en 2018 et nous réalisons 5 M€ d'investissement en 2019. C'est un projet qui prend forme et qui sera conduit à son terme avec le concours de la municipalité d'Antibes.

Pourquoi s'être retiré du projet de DSP du port de plaisance de Beaulieu ?

Nous avons été confronté à une double problématique, à la fois un aspect technique, mais aussi une incertitude quant à la rentabilité de l'investissement. Mais nous sommes toujours prêts à nous positionner si les éléments évoluent.

Quelle est l'ambition de la CCI NCA sur les zones d'activité ?

Les zones d'activité sont des ressources rares qui présentent une priorité dans notre développement, notamment pour les filières semi-industrielles et industrielles. Elles représentent 1/3 du territoire départemental. L'offre est peu adaptée aux besoins. La CCI doit être un acteur, concernant le développement de ces zones, avec les sociétés privées et les collectivités afin de mettre l'offre en adéquation avec les besoins.

Vous avez justement la volonté de renforcer le Parc d'Activité Logistique (PAL) basé à Nice Saint-Isidore...

Il y a une orientation nouvelle à lui donner, une capacité supplémentaire à agrandir. Des études ont été lancées afin de mesurer la potentialité de développement en densification qui permettrait de résoudre certaines problématiques, comme celles du dernier kilomètre. J'ai confié la responsabilité du PAL à Pascal Nicoletti qui en assume la gérance et mène cette réflexion.

Où en est le Campus de l'apprentissage, qui va s'ériger dans l'Eco-Vallée ?

Le permis est déposé. Les appels d'offres seront lancés au cours du premier trimestre 2019. Les travaux devraient démarrer pour la fin du second trimestre 2019 et une pose de première pierre fin juin. Ce campus intégrera de nouvelles formations dont celle de développeur web afin de répondre aux attentes des entreprises. Le campus palliera aussi au manque de certaines autres formations. Peut-être d'autres écoles viendront-elles s'installer également.

Quels autres projets sont regardés ?

Nous avons des projets qui concernent beaucoup les infrastructures portuaires et les entreprises. Des projets autour des navettes maritimes et de l'autoroute de la mer. Ce sont des sujets qui touchent beaucoup la mobilité. L'enjeu majeur est l'accessibilité. Nous avons également créé une commission Prospective (en 2018 NDLR) composée d'élus consulaires et de référents, qui a pour mission d'identifier des opportunités et de les valider avant des études préalables. Cette commission se réunit de façon fréquente car le calendrier est serré. Nous devons être innovant.

Les contacts sont-ils toujours actifs avec les Emirats Arabes Unis ?

Des échanges ont eu lieu entre les marinas, mais aussi par l'intermédiaire de Port Vauban pour le développement d'activités. D'autres missions seront sans doute menées, mais peut-être pas en 2019.

Quels liens sont entretenus avec l'aéroport ?

Nous avons de bons rapports avec Dominique Thillaud (le président du directoire, la CCI possédant 25 % du capital NDLR). Il est important de préserver le rôle de la plateforme, notamment pour le développement à l'international. Les plans de développement ont été actés, les plans d'investissement aussi. Nous sommes vigilants à ce que la bonne dynamique se poursuive. L'équipe en place réalise des performances régulières en terme de développement du nombre de passagers (13,8 millions en 2018 NDLR). L'aéroport est un outil essentiel du développement économique du territoire, c'est une sortie directe à l'international ce qui permet d'envisager des retombées non négligeables.

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