Quand les locations de vacances se portent bien

Depuis la généralisation de la réservation en ligne il y a cinq ans, le secteur de la location de vacances affiche chaque année une croissance à deux chiffres. Un essor qui a attiré l’attention du législateur désireux d’encadrer ce marché dont les perspectives de développement demeurent très positives.
(Crédits : Reuters)

Le secteur de la location de vacances se porte bien. Même très bien. Et ce n'est pas Timothée De Roux, directeur général de HomeAway France et Président de l'UNPLV (Union nationale pour la promotion du logement de vacances) qui dira le contraire. "C'est un secteur massif, en forte croissance". 31 millions de nuitées ont été comptabilisées en 2017, soit une hausse de 19% par rapport à 2016.

"C'est un marché tiré en grande partie par la province", puisque 83% d'entre elles y sont localisées. Et la Région Sud est en bonne place : première destination des réservations faites via HomeAway. "Elle l'est sûrement aussi sur l'ensemble du marché. L'entreprise, qui regroupe les marques Homelidays et Abritel créée en 1979 à Marseille, y affiche même une croissance de 60 % entre l'été 2018 et l'été 2017. "La demande est extrêmement dynamique, avec une spécificité régionale : un peu plus de la moitié des réservations sont le fait d'étrangers. Alors que sur la façade atlantique, le marché est davantage domestique". Or, les touristes étrangers sont ceux qui trouvent le plus grand intérêt à passer par ces plateformes : possibilité de réserver sans passer de coup de téléphone et de payer en ligne de manière sécurisée. Parmi les départements les plus sollicités en Région sur HomeAway, le Var arrive en première place, suivi des Alpes Maritimes puis des Bouches du Rhône. Sachant que l'entreprise cible davantage les locations de longue durée dans les zones de villégiature.

Cet essor du secteur est observable depuis cinq ans. "La location de vacances existe depuis que les vacances existent. Depuis la création des congés payés, des propriétaires de résidence secondaire louent". Ce sont les moyens de le faire qui ont évolué : minitel, site web, puis, il y a cinq ans, la réservation en ligne. C'est à ce moment-là que le marché explose. "C'était une demande des vacanciers. Quand on réserve en ligne, on se sent sécurisé, il y a une traçabilité. C'est ce qui explique ces taux de croissance à deux chiffres depuis cinq ans".

Un encadrement accru ces dernières années

AirBnB, HoweAway, Booking... on ne compte plus les plateformes qui proposent de tels services. Suscitant bien des critiques de la part des hôteliers qui leur reprochent une concurrence déloyale. Ce à quoi Timothée De Roux répond. "Nous sommes complémentaires. Des entreprises comme Abritel s'adressent à des groupes, à des familles qui ont envie d'expérimenter autre chose que l'hôtel, en payant un prix souvent beaucoup moins élevé. Si l'hôtel était la seule possibilité, ils ne partiraient probablement pas". Autre critique adressée à ces plateformes : elles feraient le lit de spéculateurs immobiliers. Ce à quoi a tenté de répondre le législateur. Ainsi, depuis la loi Lemaire de 2016, les villes qui ont des problèmes de logement peuvent exiger des propriétaires qu'ils s'enregistrent. Face à cela, certaines plateformes ont offert de simplifier la démarche grâce à un système de télé-déclaration.

Autre restriction apportée par la loi : limiter la location des résidences principales à 120 nuitées par an. Le gouvernement envisageait des durées plus courtes, mais les plateformes ont proposé ce seuil en échange de quoi elles acceptaient de bloquer les propriétaires qui dépasseraient la limite. Mais en l'absence d'échange de données entre plateformes, il est possible qu'un propriétaire jongle entre plusieurs sites. Charge aux villes concernées de vérifier le respect des règles grâce au numéro d'enregistrement.

Enfin, depuis le 1er janvier 2019, les plateformes sont chargées de collecter elles-mêmes la taxe de séjour, ce qui relevait jusqu'alors du propriétaire lui-même.

Si l'Union nationale pour la location de vacances semble plutôt d'accord avec ces mesures, elle leur reproche néanmoins d'être assorties de sanctions jugées "disproportionnées". Celles-ci peuvent atteindre 10 000 euros par annonce pour les loueurs qui auraient omis de s'enregistrer, jusqu'à 50 000 euros pour les plateformes. "Cela peut faire peur. Dans ce cas, celui qui ne veut pas déclarer son bien ira vers une plateforme sur laquelle on ne fait pas de transaction, comme Facebook. Le problème, c'est qu'elles ne  font l'objet d'aucun contrôle".

Des perspectives très favorables

Un cadre légal dont il faut par ailleurs relativiser l'impact. L'enregistrement des logements et le plafond de 120 nuitées ne concernent en effet que 18 villes sur l'ensemble du territoire national. Marseille n'est par exemple pas concernée, la mairie n'ayant pas souligné de problèmes de logement. Pas de quoi chambouler les propriétaires et donc les plateformes qui anticipent de belles années de croissance. En Région, "pour l'été prochain, plus de la moitié des propriétés sont déjà louées".

Une tendance mondiale qui vaut plus encore en France. "Quand un pays devient émergent, il s'y développe une classe de population en mesure de voyager. Et un de ses premiers désirs est d'aller en France".

D'où le risque d'un déséquilibre entre offre et demande. Ce que veulent éviter les plateformes comme HomeAway. Celle-ci était justement présente à Marseille pour un événement réunissant 400 propriétaires potentiels désireux de se renseigner sur le marché. Une opération répétée chaque semaine dans plusieurs villes de France. Un moyen d'éviter que l'offre se tarisse, d'autant que la concurrence est grande.

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