UCA : l'IDEX tient-il ses promesses ?

Obtenue pour 4 ans par l'Université Côte d'Azur, la labellisation Initiative d'Excellence a notamment vocation à financer – outre les projets de recherche – des projets d'innovation en lien avec les entreprises et le territoire.
(Crédits : DR)

Un an après sa création par l'Université Côte d'Azur (UCA) et la Ville de Grasse, le Centre de créativité et d'innovation en Science des Odorants (CCISO) s'est matérialisé sous la forme d'un laboratoire collaboratif dédié à la chimie moléculaire. Inauguré le 5 mars au sein de l'hôtel d'entreprises Grasse Biotech, il abrite des technologies de pointe - de façon éphémère pour certaines - permettant aux entreprises du secteur Parfums, Arômes et Cosmétiques de venir s'informer, se former ou engager des collaborations de recherche partenariales publiques privées. Cette initiative, présentée par son directeur Sylvain Antoniotti comme "le chaînon manquant" entre les chercheurs académiques et la filière économique phare du bassin grassois, constitue l'une des dernières actions mises en place grâce aux financements Idex. Lesquels visent à bâtir un nouveau modèle universitaire rassemblant l'ensemble des acteurs majeurs azuréens de l'enseignement supérieur et de la recherche, solidement ancré sur son territoire et en lien étroit avec ses entreprises. "C'est ce modèle-là qu'on entend projeter à l'international", indique Jean-Marc Gambaudo, président de la communauté d'universités et d'établissements (comUE) UCA.

Creusets technologiques

Obtenue en janvier 2016 pour une période probatoire de quatre ans, la labellisation IDEX (pour Initiative d'Excellence) permet donc à UCA et ses organisations membres et associées* de disposer d'un capital de financement bloqué de 580 M€ générant chaque année une enveloppe de 14,5 M€. Si une grande partie de cette somme est consacrée aux projets de recherche fondamentale transdisciplinaires, 25% sont toutefois alloués à l'innovation en lien avec les entreprises et le territoire. "Cela passe par des initiatives comme le CCISO ou plus largement toutes celles impliquant nos trois centres de référence sur le défi du numérique, sur le territoire intelligent, la prévention et la gestion des risques ainsi que sur la santé, le bien-être et le vieillissement". Des creusets technologiques où se structurent les interactions entre les mondes académiques et industriels.

Des liens avec les entreprises renforcés

A cet égard, "l'IDEX a assurément créé une nouvelle dynamique dans notre relation avec les entreprises", poursuit Jean-Marc Gambaudo. En atteste la signature, en juillet 2017, d'un accord-cadre de trois ans entre UCA et Amadeus pour développer des projets de recherche communs et des cycles de formation continue autour de l'intelligence artificielle, le big data et le deep learning appliqués à l'industrie du voyage. Ou encore la création, l'automne dernier, d'un laboratoire de recherche commun entre l'Observatoire de la Côte d'Azur, le CNRS, l'Université de Nice Sophia Antipolis et Thalès Alenia Space dont les travaux porteront notamment sur les systèmes optiques et l'instrumentation embarquée, les missions d'astrophysique et d'exploration planétaire. "Il s'agit de donner un cadre plus formel à des coopérations déjà effectives et de mettre en commun nos savoir-faire en accueillant notamment les étudiants du master MAUCA (astrophysique) sur les problématiques spatiales, en co-finançant des thèses et en répondant ensemble à des appels d'offres" détaille Pierre Lipsky, directeur du site cannois du constructeur européen de satellites. Lequel se félicite d'un monde universitaire "plus proche des besoins et valeurs ajoutées des industriels" qui se traduit aussi dans l'offre de formation nouvellement créée.

Ainsi, onze nouvelles formations ont-elles été lancées à la rentrée 2018. "Ce sont des diplômes d'établissement, de type Master of Science, co-construits avec nos partenaires qui cherchent à répondre le plus rapidement possible aux attentes du territoire", détaille Jean-Marc Gambaudo. Et ce, en matière de data sciences, de ressources marines, de management appliqué à l'industrie des parfums, de bioprotection des plantes... Des formations scientifiques payantes, enrichies par des cursus marketing, management et entrepreneuriat délivrés par l'Edhec, Skema ou l'école de design SDS.

Soutien à l'entreprenariat

"Nous avons enfin lancé une série d'appels à projets innovation portés conjointement par nos établissements membres et des entreprises partenaires, et où UCA intervient en tant que co-financeur", reprend le président. Le premier, clôturé en 2017, a retenu 16 dossiers (sur une cinquantaine) pour un investissement total d'environ 10 M€, dont 1,3 M€ issus des financements IDEX. Parmi eux, citons pêle-mêle le projet de streaming de vidéos de réalité virtuelle entre la société de production audiovisuelle cannoise Adastra et le laboratoire d'informatique I3S, le développement d'une application pour la reprise du sport chez les séniors entre l'entreprise niçoise MyCoach et l'Imredd, lequel vient de donner le jour à la start-up MyCoach Activity dont UCA est co-actionnaire, ou encore l'alternative biologique aux cultures proposée par Mycophyto et l'Inra.

"Cet exemple est particulièrement intéressant et illustre bien comment la recherche publique - en l'occurrence ici le travail de la doctorante Justine Lipuma sur la mycorhization des plantes pour s'affranchir des intrants chimiques - peut aider une entreprise à se lancer, souligne Marc Barret, directeur des opérations du programme Innovation de l'Idex. Le transfert de technologie a été opéré, le brevet est aujourd'hui en cours de dépôt et sera concédé à la société Mycophito." Laquelle devrait candidater de nouveau avec un laboratoire axé numérique et intelligence artificielle cette fois-ci pour un second projet de recherche partenarial visant à recueillir et croiser un certain nombre de données afin d'améliorer son offre produit en identifiant automatiquement le bon mycorhize pour la bonne culture au bon endroit. Car depuis l'an passé, les candidatures se font au fil de l'eau et sont analysées tous les deux mois. "En 2018, nous avons ainsi co-financé neuf projets à hauteur de 450 000 € au total. L'enveloppe devrait être identique en 2019", précise le directeur.

L'épineuse question de la gouvernance

Bref, "l'effet IDEX existe, son bilan est positif", résume Jean-Marc Gambaudo. A qui il reste toutefois "l'aspect institutionnel" à finaliser pour "envisager la labellisation définitive sereinement". Celle-ci devrait intervenir à l'été 2020, une fois la nouvelle Université de la Côte d'Azur portée sur les fonts baptismaux, normalement au 1er janvier prochain. Car la comUE est appelée à disparaître au profit d'un nouvel objet universitaire au statut d'Etablissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel, plus lisible à l'international. Ce qui n'a rien d'une mince affaire quand on sait que certains établissements membres d'UCA conserveront leur personnalité morale, d'autres devront l'abandonner. D'autres encore deviendront membres associés. "C'est le volet le plus difficile à construire, admet le président, mais c'est le passage obligé pour pérenniser la dotation IDEX".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.