Financements européens en Région : merci qui ?

Alors que son mandat de député européen touche à sa fin, Renaud Muselier a présenté un bilan de ce que l’Europe a apporté à Provence Alpes Côte d'Azur au cours des cinq dernières années, particulièrement en matière de financements. Et les résultats dépassent largement les objectifs initiaux.
(Crédits : Pixabay / CC)

Lorsqu'en 2015, Christian Estrosi et Renaud Muselier arrivent à la tête de la Région, celle-ci est encore "peu connectée à l'Europe". Alors qu'elle a droit à 1 milliard d'euros de fonds structurels, elle n'en consomme qu'entre 350 et 400 millions. "Il n'existait pas de culture du financement européen. La Région était un tiroir-caisse pour les autres collectivités", critique-t-il, reproche bien souvent répété d'ailleurs depuis sa prise de fonction. Une situation que les deux hommes veulent changer, avec un slogan répété à loisir : "L'Europe sert si on sait s'en servir".

Pour savoir s'en servir, il faut des moyens humains et financiers. L'équipe en charge des fonds européens est renforcée et se construit autour d'une priorité : accompagner les porteurs de projet. "L'Europe est comme une nouvelle langue. Nous avons appris à nos équipes à s'occuper des porteurs de projet et à repérer les sujets éligibles". Un guichet unique est mis en place pour les accompagner.

Des équipes renforcées localement mais aussi à Bruxelles où la Région se dote de 7 collaborateurs permanents, contre 3 auparavant. L'objectif : amplifier le travail de lobbying et de veille, pour s'adapter au mieux aux attentes de la Commission et positionner en face des projets susceptibles de recueillir des fonds.

L'objectif étant d'une part de consommer la totalité du milliard d'euros de fonds structurels, mais aussi de décrocher un milliard d'euros supplémentaire pour la totalité du territoire. "Personne n'y croyait", dit malicieusement le président de la Région.

Et de 3... milliards d'euros

Pourtant, quatre ans plus tard, la stratégie a payé puisque ce sont finalement 3,285 milliards d'euros de fonds européens qui ont été accordés au territoire, le plaçant en première place des régions françaises, parmi les dix premières en Europe. Ce au travers de tout un éventail de financements. Par exemple, le Fonds européen de développement régional (FEDER) a apporté 284 millions d'euros à des entreprises, associations et autres collectivités. 540 millions d'euros proviennent du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER), 330 millions au Fonds européen d'investissement, tandis que 275 millions d'euros s'inscrivent dans le cadre de Horizon 2020.

Parmi les domaines phares, l'efficacité énergétique. Un enjeu qui se retrouve dans un grand nombre de projets, portés tant par de grosses institutions que par de petits porteurs individuels, des exploitants agricoles par exemple. Et Renaud Muselier de citer le département du Var, ou encore les pôles de compétitivité Optitech et SCS comme des modèles, constamment à l'affût de financements sur lesquels positionner leurs projets. Un mouvement qui fait des émules, incitant toujours plus de structures à faire appel à l'Europe. "Tout le monde s'y met", observe Renaud Muselier dont le mandat de député européen touche à sa fin.

Des perspectives incertaines

Déterminé à rester président de Région au moins jusqu'en 2021, il compte bien poursuivre cette stratégie offensive. Sauf que la donne pourrait ne plus être la même après les élections européennes. "Les modalités d'organisation des fonds européens vont changer. L'Europe est en train de réorganiser sa stratégie budgétaire qui sera validée par le prochain Parlement. Nous verrons notamment si les Anglais sont toujours là. Et nous verrons quelles priorités seront fixées par la Commission. Si la défense figure parmi ces priorités, étant donné que le Président de la République a dit qu'il revaloriserait le budget de la défense, nous aurons une place stratégique avec Toulon et nécessiteront des moyens financiers conséquents". Une stratégie "déclinable à l'infini", pour se positionner le plus en amont possible et présenter des dossiers éligibles.

Reste un bémol : la volonté affichée par le gouvernement de "recentraliser la gestion des fonds européens", que le président de Région ne manque pas de mots pour qualifier. "Faute politique majeure", "honte absolue" selon lui, cette recentralisation serait "injuste, inefficace et contreproductive" dans un contexte où la France ne consomme pas autant qu'elle le pourrait, contrairement à la Région. "Or, si on ne consomme pas les fonds européens comme la PAC, les moyens financiers diminuent". Il pointe également du doigt les lourdeurs et retards occasionnés par une gestion centralisée, de même que la non prise en compte des spécificités locales. Et d'ironiser : "Quelle serait la stratégie du gouvernement pour aider la riziculture ?" Un message qu'il espère bien faire entendre le 16 mai prochain, alors que les présidents de régions sont réunis face au Premier ministre.

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