Le monde entreprenarial marseillais est en ébullition. Dans quelques jours, le 14 mai, l'UPE13, le syndicat du patronat des Bouches-du-Rhône, honorera un anniversaire, mais pas n'importe lequel, la naissance il y a 150 ans, le 13 mai 1869, du premier mouvement patronal. Car c'est bien sur la Canebière, et même précisément sur le Port, que l'idée de rassembler des dirigeants de tous secteurs a émergé. À l'époque, c'est la volonté de Napoléon III de taxer les intrants dans le port de la cité phocéenne, qui mobilise commerçants et industriels et voit la naissance du Syndicat pour la défense des commerçants et des industriels de Marseille.

Un siècle et demi plus tard, la lutte des chefs d'entreprise contre la taxation considérée comme excessive est toujours à l'ordre du jour. C'est d'ailleurs la volonté de s'impliquer dans la défense de l'entreprenariat et du territoire qui convainc Johan Bencivenga de s'engager dans le syndicalisme. Pour cet ingénieur de formation, c'est d'abord la curiosité et la volonté de « rencontrer l'environnement » de son secteur - le BTP - qui lui fait pousser la porte de la Fédération locale, emboîtant le pas à son père, qu'il a rejoint à la fin de son cursus au sein de l'entreprise familiale, Bencivenga et Fils. « Je me suis pris au jeu », raconte-t-il, au point de devenir le président de la FBTP13 en 2011. Déjà, Johan Bencivenga ne craignait pas d'aborder les sujets qui fâchent, comme l'excès de normes, plaidant pour des appels d'offres attachés au mieux-disant plutôt qu'au moins-disant.

L'initiative "The Choice"

À la tête de l'UPE13 depuis quatre ans, celui qui est dirige désormais Kiping, le groupe familial regroupant 6 entités, spécialisées dans l'énergie et le génie climatique, monte encore au créneau, à sa façon. Car l'homme est certes hyperactif mais discret. Sa façon d'occuper l'espace médiatique, c'est de donner corps à des projets, quitte à surprendre. Le lancement de The Choice, l'an dernier, concours calqué sur le télécrochet The Voice, a peut-être dérouté. N'empêche que le concept - permettre à des jeunes non diplômés d'études supérieures de présenter un projet entrepreneurial - a si bien fonctionné que la seconde édition actuellement en cours a comme parrain un certain Rodolphe Saadé, PDG de la compagnie maritime CMA CGM, lui aussi connu pour sa discrétion autant que sa volonté de faire bouger les lignes. « Avec The Choice, nous sommes dans le time-to-market. Il y a une envie d'autonomie, de liberté des jeunes et le concours leur permet de passer à l'acte. Il y a une certaine idée de l'égalité face à l'envie d'entreprendre. »

La création ces derniers jours d'un fonds de dotation va dans le même sens, celui de disposer d'un « outil pour développer l'économie ». Le financement - privé - va donner corps à d'autres projets, jouant « un effet de levier pour dynamiser le territoire ». Et pas question d'en rester là. Dans les cartons, la volonté de créer une place financière occupe déjà l'esprit du patron des patrons provençaux. « La deuxième ville de France a toute légitimité à avoir une place financière à sa hauteur », estime-t-il, prêt à prendre son bâton de pèlerin pour convaincre banques d'affaires et fonds d'investissement des opportunités que représente le territoire. « Le rôle du syndicat patronal de demain est d'être plus sociétal, davantage tourné vers l'écosystème qui l'entoure. Il faut donc le doter d'une nouvelle façon de fonctionner, donner envie à ceux qui sont en difficulté de créer une entreprise. Aller vers plus de green, plus de tech, plus d'innovation pour aider le territoire à se structurer, créer un terreau favorable à l'économie de demain. Je suis tombé amoureux des hommes et des femmes qui prennent des risques tous les matins. C'est un devoir de les défendre. »

--

PROFIL

1974 : Naissance à Marseille

2000 : Reprend l'entreprise familiale, Bencivenga et Fils

2011 : Est élu président de la Fédération du BTP13

2015 : Est élu président de l'UPE13

2019 : Président du groupe Mécachrome

--

Encadré (auteur : )EUX AUSSI...

EX-APPLE ET EX-MICROSOFT, PATRICK DÉTRICHÉ RECRUTÉ PAR KLAXOON

Patrick Détriché, spécialiste de la vente directe « B to B » et du développement des réseaux partenaires, a rejoint la scale up du numérique Klaxoon, au poste de directeur des activités commerciales en France et à l'international. Ancien directeur commercial partenaires et mid-market de Microsoft puis directeur grands comptes et entreprises d'Apple, il devra développer les réseaux de distribution et les relais de croissance en France de l'entreprise rennaise, qui se rêve en leader mondial du « teamwork » (travail d'équipe). Ses applications interactives, les « Klaxoon Box » et le « MeetingBoard », optimisent déjà les réunions de travail d'un million d'utilisateurs dans 120 pays. Fondée en 2014 par Matthieu Beucher, Klaxoon emploie 220 personnes à Rennes, Lyon, Paris et New York, multiplie les embauches et a levé 43 millions d'euros en 2018 pour financer sa R & D et l'extension de ses implantations commerciales.

DANIEL HAVIS, AU SERVICE DE ROUEN POUR LA CAPITALE EUROPÉENNE DE LA CULTURE

Les édiles de la métropole rouennaise craignaient que la fusion avec AG2R La Mondiale ne conduise la prodigue Matmut à se détourner de son fief. Son président, Daniel Havis, vient de leur donner tort en prenant la tête de l'association qui portera la candidature de Rouen au titre de Capitale européenne de la culture en 2028. Le vice-président de la Fédération nationale de la mutualité, connu pour son amour des grosses cylindrés (il est sponsor d'Alpine), cultive aussi une passion pour les arts comme le montrent les nombreuses oeuvres qu'abrite le quartier général de la mutuelle sur laquelle il imprime sa marque depuis un quart de siècle. Ainsi est-il à l'origine de la création du centre d'art contemporain de Saint-Pierre-de-Varengeville (Seine-Maritime). Forte du soutien d'une soixantaine de personnalités, la candidature rouennaise devra, a-t-il décrété, être marquée du sceau de la culture pour tous.

GILLES BALLERAT, DIRECTEUR DE LA GESTION ET DE L'OPTIMISATION CHEZ SNCF IMMOBILIER

8,5 millions de mètres carrés bâtis. C'est l'étendue du parc industriel, ferroviaire, tertiaire et social du groupe SNCF. Gilles Ballerat, 51 ans, vient d'être nommé directeur de la gestion et de l'optimisation immobilière de SNCF Immobilier, directeur général de la Société foncière ferroviaire pour l'immobilier tertiaire (S2FIT) et président de S2FIT1. Le successeur de Frédéric Goupil de Bouille doit définir et mettre en oeuvre la stratégie de gestion technique et immobilière qui « contribuera à la performance des différentes activités » du groupe SNCF. Diplômé d'un bac + 5 en mathématiques appliquées à l'université Claude Bernard Lyon 1, il a passé cinq ans chez SNCF Gares et Connexions comme directeur des services et des opérations. Auprès de La Tribune, son ex-directeur général, Patrick Ropert, salue « un dirigeant aussi engagé qu'imaginatif, formidable compétiteur capable de relever de très grands défis ».