Comment le fonds d’investissement First veut renforcer la filière santé en région

Né de l’initiative du programme de recherche Dhune, basé à Marseille et soutenu par bon nombre d’acteurs publics, ce fonds vise à parfaire la filière des sciences de la vie en région, largement confrontée à des carences en matière de financement de ses startups. La première levée de fonds est prévue en fin d’année.
(Crédits : DR)

Faire éclore les futures grandes pépites régionales en santé : ce n'est rien de moins que l'ambition de First, le tout premier fonds d'investissement dédié aux sciences de la vie dans une région française. Une idée qui puise sa source au sein de Dhune, ce programme de recherche dédié aux maladies dégénératives et du vieillissement, très porté sur le monde socio-économique et industriel. "Nous sommes partis d'un constat dans notre domaine, puis nous l'avons élargi", raconte Olivier Blin, coordinateur du programme. Ce constat : si une véritable filière santé s'est mise en place en région, portée par les initiatives nombreuses d'acteurs publics et privés, reste une pièce manquante au puzzle : la question du financement des startups. "Les ressources sont d'origine gouvernementale essentiellement, au cours des premiers mois avec l'incubation, les pôles de compétitivité. Mais ensuite, il manque une capitalisation haut de bilan. Or ces entreprises travaillent sur du long terme et ne réalisent pas de chiffre d'affaire, ce qui les empêche de se financer sur la dette".

D'où l'idée de créer un fonds d'investissement de taille conséquente pour donner très tôt aux projets les ressources pour se développer et être compétitive à l'échelle internationale, sans perdre de temps. Un moyen d'éviter les faillites, les départs et autres achats précoces.

De cette intuition, il a ensuite fallu passer à la vérification sur le terrain grâce à une étude de préfiguration qui vient de s'achever. "Nous avons obtenu les réponses de 130 entreprises, essentiellement des startups qui ont des technologies innovantes mais manquent de compétence managériales. Au final, un grand nombre mériterait d'être financées et accompagnées, pour un montant total de plus de 100 millions d'euros", explique Frederic Beneton qui a animé l'étude via l'association ProFirst. Un chiffre qui compte, le seuil de rentabilité d'un fonds d'investissement se situant autour de 50 millions d'euros. De quoi confirmer justifier l'intérêt d'un tel fonds en région.

Des investissements de 300 000 à une dizaine de millions d'euros

Il faut alors en dessiner les contours. Géré par SOFIMAC innovation, le fonds financera essentiellement de jeunes sociétés, même si il ne s'interdira pas d'intervenir sur des sociétés plus matures, pour des montants allant de 300 000 à une dizaine de millions d'euros.

Trois secteurs seront visés en priorité : les medtechs et les outils de diagnostic, les biotechs et le développement de molécules thérapeutiques, ainsi que la e-santé et la bio-informatique. Environ 10% des fonds seront utilisés pour des domaines annexes tels que la nutrition, les cosmétiques et le bien-être.

Côté investisseurs, le fonds tient à être autant public que privé. Les acteurs publics régionaux seront ainsi les premiers sollicités. Parmi les soutiens déjà reçus : la Région, la représentation de l'Etat en région, les métropoles et universités de Côte d'Azur et d'Aix-Marseille, ou encore la communauté d'agglomération de Sophia Antipolis. "Nous irons ensuite vers des groupes privés issus de plusieurs secteurs", complète Olivier Blin, ayant en tête les grands acteurs du médical et des dispositifs médicaux, de même que le tourisme et le transport maritime. "Il y a pour eux des enjeux autour des infections et de la sécurité". Le secteur bancaire pourrait aussi se sentir concerné. "Les banques ont une problématique : elles veulent financer l'innovation et notamment les biotechs et medtechs mais ont du mal à les capter". Le fonds pourrait les y aider. Les mutuelles sont aussi dans le viseur : elles pourraient bénéficier des premiers prototypes mis en place par les startups locales, une plus-value pour leurs clients.

Dernier type d'investisseurs envisagé : les acteurs publics nationaux et internationaux, les premiers servant de relais pour atteindre les seconds.

Une première levée de fonds d'ici la fin d'année

Trois niveaux d'investisseurs qui permettront de constituer une "manne financière" censée aider le développement de sociétés mais aussi "renforcer les liens entre public et privé, créer de l'emploi et attirer de nouveaux acteurs : sociétés, accompagnement, chercheurs, étudiants".

Prochaine étape : l'organisation de réunions de restitution le 28 mai à Nice et Sophia Antipolis puis à Aix-en-Provence le 11 juin. "Nous allons discuter avec les sociétés et prendre les premiers contacts avec des investisseurs".

Une levée de fonds est ensuite prévue en fin d'année. Elle devrait permettre les premiers investissements d'ici 2020.

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