Renaud Muselier : "La filière aéronautique dispose d'un potentiel d'innovation. Encore faut-il le faire savoir"

Présent au Bourget pour montrer que dans le Sud l'aéronautique est une valeur sûre, le président de la Région redit comment la stratégie d'attractivité doit en intégrer toutes les composantes et surtout appuyer sur la différenciation pour rester dans la course, a minima hexagonale.
(Crédits : DR)

Vous étiez présent au Bourget cette semaine. La filière aéronautique est-elle suffisamment connue en dehors de la région ? Le Bourget est-il une occasion d'acquérir davantage de visibilité, de gagner en attractivité ?

La filière aéronautique spatiale, navale et défense est aujourd'hui la première filière industrielle du Sud. Notre région est riche d'un important potentiel d'innovation, 40 % des entreprises de la filière sont centrées sur une activité de recherche et développement. L'accompagnement dans les salons, vecteur de développement et d'internationalisation, est un des outils de notre stratégie économique. Le Salon du Bourget est un événement de renommée internationale. Il est capital pour nos entreprises de s'y rendre et c'est toujours une fierté pour nous de les emmener sous notre drapeau. J'ai souhaité montrer le potentiel de la filière aéronautique et spatiale, qui fait du Sud l'une des toutes premières régions françaises dans ces domaines avec des chiffres qui parlent d'eux-mêmes : plus de 6,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires réalisés, 15 grands groupes et 4 donneurs d'ordre de rang mondial tels que Airbus Helicopters à Marignane, Thales Alenia Space à Cannes, Dassault à Aix, ou encore Safran à Istres. Cette industrie génère près de 35 000 emplois civils dont plus de 18 000 emplois dédiés à l'aérospatial et 45 000 emplois militaires. C'est une force vive de notre territoire. Le potentiel, la qualité et l'innovation sont là. Encore faut-il le faire savoir.

Comment évoluent les OIR intégrant l'aéronautique ?

La Région a mis en place une politique de spécialisation au service de 8 filières d'avenir, les OIR sur lesquelles elle dispose d'avantages compétitifs. Parmi elles, figure l'OIR "Industrie du Futur". Celle-ci regroupe notamment l'ensemble des programmes aéronautiques et spatiaux du pôle Safe : Hélicoptères, Dirigeables, Systèmes autonomes, Spatial. L'objectif est de concrétiser des projets structurants en Provence-Alpes-Côte d'Azur et de favoriser l'investissement pour construire un environnement économique attractif et innovant. Avec l'aide de Safe, nous sélectionnons des projets pour chaque programme aéronautique et spatial qui valorisent l'identité et l'attractivité du territoire régional. Nous souhaitons optimiser la production "made in Provence-Alpes-Côte d'Azur", recruter et attirer des bons profils et jouer les synergies entre les filières industrielles. Cela nous permettra de reconquérir une notoriété industrielle à très forte valeur ajoutée.

Vous avez été député européen rapporteur sur les drones. Quelles sont les ambitions ?

Pendant le Salon du Bourget j'ai eu le plaisir d'officialiser le lancement du Club Sud Drones. Nous sommes d'ailleurs l'un des territoires français les plus dynamiques dans ce secteur. Ce Club renforce réellement nos actions, parmi lesquelles le soutien aux pôles de compétitivité pour animer les écosystèmes et l'accompagnement à la croissance des entreprises ainsi qu'à l'international. Il nous permettra également d'en affirmer la force de frappe et l'attractivité à travers les OIR Industries du Futur, Economie de la Mer et Smart Tech, en partenariat avec les acteurs économiques, tels que les pôles Safe, Mer Méditerranée et Optitec. Cette filière présente un fort potentiel de développement, elle s'appuie sur des acteurs impliqués, des projets et un écosystème favorable. C'est un joyau à l'état brut, à nous de le façonner.

La filière Dirigeable se structure de plus en plus fortement notamment avec le projet Stratobus porté par Thales Alenia Space...

Cela fait déjà plusieurs années que la Région Sud contribue à l'accompagnement et à l'innovation des entreprises de cette nouvelle filière. Dans le cadre du plan industriel dirigeables, nous soutenons le projet Stratobus piloté depuis Cannes par Thales Alenia Space et dont l'implantation est prévue fin 2019 sur le site d'Istres. Nous avons d'ailleurs accordé un soutien de 3 M€ à travers les fonds européens du FEDER en 2016 en ce sens. Le chiffre d'affaires annuel constructeur attendu est de 1 milliard d'euros à 10 ans selon les estimations, avec des premières machines sur le marché dès l'année prochaine. Ce projet représente près de 3 000 emplois pour la région, ce qui en fait un réel atout pour notre territoire.

L'écosystème intégrant toute les tailles d'entreprise - de la startup au grand groupe - est-il suffisamment hétérogène ?

Depuis mon élection je mets tout en œuvre pour que la Région soit le premier partenaire des entreprises, mais également pour anticiper l'industrie de demain. Une industrie innovante qui intègre la transition numérique et écologique. De la startup au grand groupe, en passant par les Etablissements de Taille Intermédiaire, notre tissu économique est hétérogène. Nous sommes fiers de pouvoir nous associer à des entreprises de toutes tailles et de tous horizons, c'est cela qui constitue notre force. Notre territoire dispose d'atouts immenses que nous devons valoriser et c'est ce que nous ferons en épaulant toutes les entreprises régionales. Forts de cette diversité, notre objectif est alors double, aider les plus petites entreprises à se développer, à franchir un palier, et profiter des grands salons internationaux pour en attirer de nouvelles. Nous avons la diversité, il nous faut croître en interne et en externe avec de nouvelles implantations. C'est entre autres le sens de notre présence au Bourget.

Industrie 4.0, du futur... quel poids l'industrie du futur régionale pèse-t-elle face à des territoires eux aussi très axés aéronautiques comme Toulouse ou Auvergne-Rhône Alpes ?

L'Ile-de-France et l'Occitanie sont, pour des raisons historiques et politiques, les régions pionnières dans le domaine de l'aéronautique. Elles sont en cela hors concours. Mais le Sud n'a pas à rougir, nous avons un pôle aéronautique qui nous classe parmi les premiers de France. Nous avons le 1er pôle national de test et simulations multi-environnement, plus de 250 entreprises dans la filière, 1 700 chercheurs... Nous avons la volonté, les outils et le potentiel de grandir encore et nous en faisons la preuve ici comme chaque jour sur notre territoire.

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