Tom Boardley : "Le secteur de la croisière veut devenir l'industrie de référence en matière de transition énergétique"

Alors que, sans jeu de mots, la croisière a le vent en poupe, les industriels appuient sur leur volonté d'innover et de créer des solutions permettant de répondre aux enjeux, notamment en matière environnementale. Et cela va de la construction navale à la gestion quotidienne sur les bateaux, comme l'explique le secrétaire général de la branche Europe de CLIA, l'association qui regroupe l'ensemble des acteurs du secteur.
(Crédits : DR)

La Tribune - Comment le secteur de la croisière se porte-t-il ?

Tom Boardley - Le secteur de la croisière connait des performances économiques inégalées en Europe, avec 7,2 millions de passagers en 2018 et une croissance 3,3%. Aucun segment du loisir n'affiche de progression ni de performance comparable en Europe, et ceci depuis plus de deux décennies. Le nombre de passagers transportés a progressé de 3,4 % en 2018 en France, avec un total de 520 800 personnes. La France est le pays européen qui connait le plus fort potentiel de croissance dans les années à venir.

Les chantiers navals semblent avoir le vent en poupe, quelles sont les prévisions à deux ans ?

La construction navale est l'une des industries de référence en Europe, tout particulièrement en matière d'expertise, d'innovation ou encore de technologie de pointe dans la construction des navires de croisières. Les investissements continus en recherche et développement des chantiers permettent des innovations environnementales majeures, notamment la possibilité de construire des navires propulsés au Gaz Naturel Liquéfié (GNL), qui reste à ce stade le carburant le plus éco-compatible. Les Chantiers de l'Atlantique, en travaillant main dans la main avec les armateurs, apportent par exemple des solutions techniques et technologiques uniques. Ce n'est donc pas un hasard si, en 2017, les compagnies de croisière ont dépensé 5,6 milliards d'euros dans les chantiers navals européens. Une soixantaine de navires figurent dans les carnets de commandes pour des livraisons d'ici à 2021, soit une valeur totale de 29 milliards d'euros.

La préoccupation environnementale se fait de plus en plus pressante : branchement électrique à quai, scrubbers... le monde de l'industrie maritime s'implique dans la protection de l'environnement. Comment améliorer les solutions ?

Nous avons en avril dernier pris des engagements sans précédent : nous nous sommes engagés à réduire nos émissions carbones de 40% d'ici à 2030 sachant que notre objectif est d'atteindre le « zéro émission » à horizon 2050. Nos efforts se concentrent sur deux éléments principaux : d'une part, nous réduisons les rejets de polluants et les nuisances sonores pour les riverains dans les ports en développant l'offre de connexion électrique des navires à quai, comme cela est notamment le cas dans le port de Marseille ; d'autre part, nous investissons dans la construction de navires moins polluants, grâce aux systèmes de lavage des fumées (scrubbers) ou grâce à la propulsion de bateaux au GNL. Ces solutions permettent de réduire drastiquement - voire pour certaines de supprimer totalement - les émissions de polluants (SOx, NOx et particules) et de gaz à effet de serre (CO2). Nous continuerons de mettre tout en œuvre pour accélérer la transition énergétique du secteur et avons l'ambition d'être reconnus comme l'industrie de référence en la matière.

Les croisières sont montrées du doigt, un peu comme les avions, pour les dépenses en C02. Comment être le moins polluant possible ? Quelles sont les innovations qui pourraient y aider ? Quels pays sont en avance ?

Même si le secteur de la croisière ne représente que 1% de la navigation maritime mondiale, l'ensemble de ses acteurs a parfaitement conscience de la responsabilité qui est la leur en matière de limitation de l'impact de ses activités sur l'environnement, comme en attestent ses engagements, qui sont sans commune mesure par rapport aux autres secteurs industriels. Si la pollution du transport maritime est majoritairement encadrée par le droit international grâce à la réglementation de l'Organisation maritime internationale (OMI), une agence spécialisée de l'ONU, la France est un pays référent, force de proposition, en matière de transition énergétique. La France a par exemple commencé à introduire l'année dernière des mécanismes de soutien aux investissements privés pour rendre pleinement possible la transition énergétique du transport maritime. Nous sommes mobilisés pour continuer à travailler avec les pouvoirs publics et tous les acteurs de la filière, privés comme publics, pour mettre en œuvre les évolutions technologiques et logistiques nécessaires et aller encore plus loin en la matière.

Comment, plus largement, l'innovation impacte-t-elle le monde maritime ?

Au-delà de la simple question de l'énergie, nous concentrons nos innovations sur l'ensemble des questions écologiques telles que le tri des déchets, le recyclage, les déchets alimentaires ou le traitement des eaux. Plusieurs acteurs de la croisière ont, par exemple, annoncé l'an dernier qu'il n'y aurait plus de plastique à bord des bateaux. De plus en plus de compagnies sont également capables aujourd'hui de transformer leurs déchets alimentaires en carburant. Avec ces innovations, nous faisons la démonstration, loin des caricatures, de notre volonté de nous développer dans le respect de l'ensemble de l'écosystème dans lequel nous évoluons.

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