Quand le Nice Jazz Festival participe à la conquête de l'espace urbain

Née il y a plus de soixante-dix ans, la manifestation est devenue, depuis la reprise en régie par la ville, l'un des rendez-vous estivaux les plus en vus de la Côte d'Azur. S'y côtoient des styles de musique variés, au coeur de ville.
40.000 spectateurs étaient au rendez-vous pour souffler les 70 bougies du festival en 2018.
40.000 spectateurs étaient au rendez-vous pour souffler les 70 bougies du festival en 2018. (Crédits : Clément Mathieu)

Qui sait vraiment que le tout premier festival de jazz ne s'est pas tenu à La Nouvelle Orléans ni même aux États-Unis mais à... Nice. C'était en 1948 et les vedettes n'étaient autres que Louis Armstrong, accompagné de son groupe, The All Stars, et Django Reinhardt - excusez du peu. Et c'est au coeur de la ville, sur la scène de l'opéra, que le tout premier événement consacré au jazz a fait entendre ses premières notes. Certes, il s'est passé du temps avant que se tienne la seconde édition. En 1971, le festival retrouve les quartiers du centre-ville en s'installant au Théâtre de Verdure et dans le Jardin-Albert Ier, face à la mer Méditerranée. L'affiche est tout aussi séduisante que vingt-trois ans plus tôt, puisqu'elle annonce Ella Fitzgerald, Stéphane Grappelli, Dizzy Gillespie, T-Bone Walker... Pourtant, deux ans plus tard et rebaptisé Grande Parade de Jazz, l'événement prend de la hauteur, au propre, en investissant les arènes de Cimiez, en dehors du coeur de la ville.

C'est là que, pendant dix-neuf ans, les vestiges romains vont vibrer aux sons des orchestres et des musiciens. Couru, l'événement change de nouveau de nom en 1994, pour devenir Nice Jazz Festival. Un premier pivot, dirait-on si on parlait de startups, puisque l'événement s'ouvre alors à des courants musicaux divers. Mais le grand virage a lieu en 2011, lorsque Christian Estrosi, maire de la ville, décide de reprendre les rênes en optant pour la régie directe. Et de rendre à la manifestation son cadre d'origine, c'est-à-dire celui du jardin Albert Ier et du Théâtre de Verdure. Un retour aux sources qui n'est pas anodin. Car, à partir de là, le festival prend de l'envergure. La fréquentation atteint 38 000 personnes en 2013.

Une programmation éclectique

Mais surtout, Nice Jazz Festival va participer à la reconquête de l'espace. En investissant la promenade du Paillon, cette coulée verte voulue par Christian Estrosi en remplacement des verrues urbaines que constituaient la gare routière et le parc auto attenant, Nice Jazz Festival a contribué à ce que le paysage urbain soit réoccupé par les Niçois. La programmation joue évidemment un rôle. Le choix de Jamie Cullum comme parrain de l'édition 2015, où se sont aussi retrouvés The Roots, Kool and the Gang ou Cerrone, a fait grimper en flèche le nombre de spectateurs, qui atteint 60 000 personnes. Annulé en 2016 après l'attentat, le 14 juillet, sur la promenade des Anglais, le « festival de jazz », comme l'appellent toujours les autochtones, souffle ses soixante-dix bougies en 2018, et 40 000 personnes répondent présentes pour fêter cet anniversaire.

À Nice, début juillet, on était forcément dans les starting-blocks pour la 71e édition, qui s'annonçait toujours éclectique, afin d'attirer tous les publics. De Black Eyes Peas à Bigflo & Oli, peu importe le grand écart : ce qui compte, c'est d'être attractif. Et la recette fonctionne clairement. Nice Jazz Festival, c'est 215 concerts entre 2011 et 2018, donnés par 2.400 artistes. Quarante corps de métier mobilisés pour 17.550 heures de montage. Parce qu'on est à Nice et que Nice est une smart city qui s'assume, un programme local de prévention des déchets avait été mis en place par la Métropole Nice Côte d'Azur.

Il intègre la distribution de cendriers de poche et de gobelets réutilisables faisant l'objet d'une caution d'un euro. Lequel, du coup, devient un objet souvenir pour qui souhaite le conserver, tout en permettant de réduire les déchets au sol. Bref, un tout qui a permis de renouer avec les racines, d'animer le coeur de ville historique et de reconquérir l'espace en lui donnant un côté plein air. La musique ne fait pas qu'adoucir les moeurs. 40.000 spectateurs étaient au rendez-vous pour souffler les 70 bougies du festival en 2018.

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