Inko, l'incubateur qui met les experts-comptables face à l'indépendance numérique

Imaginé par Lionel Canesi, le président de l'Ordre des experts-comptables Marseille PACA, ce nouvel outil compte repérer et accompagner les startups orientées IA, blockchain ou deep learning. Une initiative qui veut aussi inciter la profession à valoriser ses datas, cet or noir qu'elle détient et qu'elle doit mieux exploiter. Une idée qui ne devrait pas laisser la profession – qui organise son congrès national fin septembre – tout à fait indifférente.

La Tribune - Quelle réflexion est à l'origine de la création d'Inko ?

Lionel Canesi - Nous sommes sûrement au début d'une nouvelle révolution industrielle : la révolution numérique qui va toucher beaucoup de métiers et en créer pleins de nouveaux. Notre métier d'expert-comptable, c'est-à-dire de conseil privilégié du chef d'entreprise, va aussi évoluer avec la puissance des nouvelles technologies. La réflexion depuis deux ans, c'est comment faire en sorte que la profession soit au cœur des évolutions numériques et en fasse un formidable atout au service des entreprises. Ma volonté est de faire du numérique une opportunité pour nous permettre d'être encore davantage des experts des entreprises et les accompagner dans la croissance. C'est pour cela que je souhaite faire de notre région un laboratoire d'idées et d'innovations au service de la profession et de ses clients. Notre région regorge de start ups et de talents. Nous devons identifier celles qui travaillent dans le domaine de l'économie, quelque soit le domaine et la technologie  adoptée, intelligence artificielle, deep learning, blockchain....

En quoi l'indépendance numérique est essentielle pour la profession ?

Le numérique et sa maitrise sont un enjeu capital pour une profession qui est au cœur de la vie économique de notre pays. Comment accompagner nos clients à la fois dans leur stratégie économique et leur digitalisation si nous n'avons pas les outils nécessaires ? Prenons le sujet des datas, notre profession est productrice d'une quantité énorme de datas concernant les TPE-PME, nous devons mettre en place les conditions pour pouvoir convertir ces datas et ainsi être en capacité de fournir à l'économie de notre pays, des données fiables et prédictives. Nous devons aller vers cette indépendance numérique et ne surtout rien nous interdire.

Depuis quelques années, comme beaucoup de professions, les experts-comptables ont fait des efforts pour intégrer la dimension numérique à leurs pratiques. Insuffisamment selon vous ? Quels sont les risques si elle ne le fait pas ? Qu'a-t-elle à y gagner ?

Le numérique peut faire peur car nous entendons malheureusement trop de discours pessimistes. Je ne pense pas que la technologie remplacera à moyen terme l'Homme, surtout dans notre domaine d'activité où la confiance, la psychologie et la connaissance précise de son client sont des qualités indispensables pour bien accompagner et conseiller le chef d'entreprise. Par contre, en faisant de la crainte de la technologie une opportunité pour la profession, nous pourrons automatiser des tâches à basse valeur ajoutée pour le client et consacrer le temps ainsi gagné à lui apporter des outils et des conseils encore plus précis. On ne freine pas l'évolution technologique, soit on s'en empare et on avance, soit on périclite. Je pense que notre profession à de formidables atouts et doit être à la pointe de la digitalisation pour encore mieux effectuer sa mission d'accompagnement.

Que la profession peut-elle apporter aux startups qui sont déjà très entourées, accompagnées ? Comment ne pas être qu'un incubateur ?

Avant tout, la profession peut apporter aux startups son expertise dans la gestion. Nous sommes avant tout des chefs d'entreprise au service des chefs d'entreprises. Mais au-delà, l'idée principale n'est pas de créer un incubateur de plus comme cela devient la mode - les startups pourront être accompagnées et hébergées par d'autres incubateurs de la région - c'est de mettre à disposition de ces startups une équipe d'experts comptables dédiée qui va challenger le projet et ainsi accompagner l'entreprise. Notre but c'est d'identifier et d'aider les projets qui vont développer des produits qui seront véritablement utiles à la profession et aux entreprises. Nous examinerons l'opportunité d'entrer au capital de ces structures. C'est vraiment un projet structurant de moyen-long terme que je souhaite lancer.

Comment plus largement associer innovation et expertise comptable, comment en faire un élément qui ne soit pas une option ? Quel va être le fonctionnement d'Inko ?

Nous allons lancer un événement dans les mois à venir pour sélectionner les projets et prendre contact avec les différentes structures régionales afin expliquer notre démarche. Une fois la sélection réalisée, on mettra à disposition des équipes d'experts-comptables pour accompagner et challenger le projet en fonction de notre connaissance et notre expertise de la vie économique. On pourra également mettre en place des tests sur la pertinence du produit auprès de la profession et des entreprises. Nous sommes au début de l'aventure et nous adapterons le fonctionnement au fur et à mesure des besoins des entreprises.

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Commentaire 1
à écrit le 01/09/2019 à 8:07
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on a l'impression de faire du numérique pour le plaisir ou la mode de faire du numérique. L'IA ne remplacera jamais le bons sens, la bonne idée.

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