Quand la French Tech s'amuse… et sert l'open innovation

Le rapport entre grands groupes et les startups est-il plus efficace sous le soleil que dans cadre formel d'un bureau ? Pour Cannes is up, l'une des associations piliers de la French Tech Côte d'Azur, la réponse est indéniablement oui. Au point de créer une journée spéciale avec ateliers ludiques et échanges BtoB. Une formule qui n'est pas pour déplaire aux grands groupes.
(Crédits : DR)

L'idée est partie un peu comme un pari : créer une journée où business rimerait avec ambiance ludique, histoire de favoriser les échanges - et plus si affinités - entre petites entreprises et décideurs. Baptisée DDA, elle est née en 2018, inventée, modelée et organisée par Cannes is up, l'une des quatre associations qui, aux côtés de Nice Start(s) Up, le club des entreprises de Grasse et Telecom Valley, constituent la French Tech Côte d'Azur.

Sans cravate ni smartphone

DDA c'est pour "Déconnectez-vous, Détendez-vous, Amusez-vous". Une exhortation à laisser de côté le traditionnel costume-cravate et même son smartphone - confisqué dès le début de la journée. Un pari un peu risqué comme le rappelle Sébastien Aubert, le président de Cannes is up, étonné que les décideurs acceptent si facilement de se délaisser de leur téléphone intelligent pour des activités (plus ou moins) sportives, mais heureux que finalement, son idée première ait fait mouche. "Nous souhaitions organiser un événement à l'image de celui auquel on rêvait d'assister : pas de rendez-vous formel mais un rendez-vous où il est possible de créer du lien, où on ne s'adresse pas à un directeur de filiale mais à un être humain avant tout. Partager les mêmes activités sportives permet de briser cette barrière qui existe dans les rendez-vous professionnels traditionnels".

Rééditée ce 6 septembre, la formule expérimentée l'an dernier a été revue et corrigée. "Nous avons perfectionné le match making", poursuit Sébastien Aubert. L'idée étant de mieux identifier les rapprochements à favoriser, leçon retenue de l'édition précédente. "Nous voulons montrer que l'innovation et la tech peuvent être humaines, sociales", rajoute Olivier Roubin, co-organisateur de DDA. "Nous avons doublé le nombre d'ateliers - 22 contre 12 l'an dernier - le nombre de participants - 300 contre 180 et nous attendons 25 décideurs, ils étaient 15 l'an dernier".

Deux en un

Des décideurs qui semblent, en effet, alléchés par cette journée particulière. Une bonne surprise pour Cannes is Up, qui craignaient que ces derniers, ultra-sollicités - ne déclinent l'invitation. Bien au contraire. Et la raison est à la fois simple et double : le cadre idyllique des îles de Lérins qui rend la perspective d'une journée de sollicitations, agréable et l'appétence, besoin, envie des grands groupes de dénicher des innovations ou des partenaires qu'ils ignorent.

C'est exactement ce qu'explique Laurent Londeix, le délégué régional Orange PACA : "Nous sommes toujours attentifs à l'identification de partenaires potentiels, soit pour nous permettre d'innover, soit pour aider certaines entreprises à trouver des marchés. Orange est une tête chercheuse en ce qui concerne les sujets autour de l'IoT, de la cybersécurité et des services financiers. Et le format proposé par DDA est intéressant, c'est un écosystème différent des autres écosystèmes, il nous permet, dans un cadre agréable, de rencontrer 5,6 entreprises et donc de gagner du temps".

Renforcer l'attractivité

Carole Ory, directrice Enedis Alpes-Maritimes ne dit pas autre chose. "Cela nous offre la possibilité de rencontrer des entreprises autour du numérique. Nous recrutons sur beaucoup de métiers et cela nous permet d'être en contact avec les filières qui nous intéressent, comme sur l'électro-technique, qui est un métier précis. Nous sommes également dans un métier qui évolue et qui s'intéresse aux EnR, au véhicule électrique, au smart charging, aux nouvelles technologies... C'est également la possibilité de rencontrer des startups qui nous accompagnerons sur des projets ponctuels, qui ont la capacité d'offrir des solutions agiles, en accompagnement de ce qu'Enedis fait. C'est la possibilité de nouer un partenariat sur un, deux ou trois ans. Parfois, être adossé à un grand groupe permet à ces jeunes entreprises d'afficher une marque crédible à leurs côtés". Car au-delà du coup de pouce à une jeune entreprise, c'est plus globalement celui apporté à un bassin économique qui importe pour la représentante de l'énergéticien. "Le bassin cannois est intéressant d'un point de vue du soutien à son écosystème. Nous travaillons sur de l'innovation en local. Il s'agit aussi de soutenir l'attractivité économique de la Côte d'Azur". Cannes qui se structure autour des filières historiques, le nautisme, les industries créatives et le spatial et qui veut se développer sur les thèmes de l'agritech et de la silver économie.

Aider ceux qui se lancent ou qui sont déjà lancés, c'est tout autant l'objectif d'Anny Courtade, la présidente de Lecasud, la plateforme d'achat du groupe Leclerc dans le Sud qui insiste sur "la valeur du témoignage. Nous avons un devoir pédagogique social". Expliquer qu'il faut faire fi des barrières que l'on tente de nous imposer parfois, qu'il faut persister. "Nous devons inculquer les valeurs qui feront des jeunes d'aujourd'hui ceux qui seront peut-être dans nos entreprises demain". Et que si profil intéressant est déniché, il sera accompagné. "C'est une façon de participer à l'intelligence collective", résume Carole Ory. Sans tabous ni trompettes.

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