Les déchets, le caillou dans la chaussure du BTP azuréen

Sujet récurrent mais jamais vraiment solutionné, le revoici sur le devant de la scène. En cause, le manque de capacité de stockage pour les professionnels du BTP des Alpes-Maritimes. Une situation suffisamment sérieuse pour que la menace de l'arrêt de chantiers majeurs se profile à l'horizon. Ce qui inquiète le monde économique et la présidente de la FBTP 06 également présidente d'une commission créée tout exprès.

C'est souvent durant la trêve estivale que les sujets moins "visibles" le reste de l'année, se retrouvent sous la lumière. C'est typiquement le cas d'une problématique devenue sensible et récurrente dans les Alpes-Maritimes, celle de quid des déchets du BTP ?

Question lancinante qui jusqu'à présent a toujours su trouver des solutions, pas toujours les plus simples ni les plus pratiques ou les plus économiques, mais qui ont permis à la filière de s'en sortir.

Sauf que depuis quelques semaines, le torchon brûle et de lancinante, la question est devenue urgente. Comme le démontre le bref rappel des faits.

Quotas qui baissent, inquiétude qui monte

Depuis 2009 et la fermeture du site La Glacière, à Nice, aucune solution de remplacement n'a été trouvée. A cela s'ajoute certains sites en maintenance ou en rénovation, un plan de régional de gestion des déchets qui exige une réduction de 50 % du stockage à horizon 2025. Et même sur la question de l'exportation vers d'autres départements, la fermeture de sites dans le Var, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône ne facilite pas l'opération, réduisant d'autant les possibilités. Sans compter que les quotas d'exportation ont été également minimisés, de 60 000 tonnes en 2018 à 38 000 tonnes autorisés en 2019. Face à cette situation c'est en commun et de concert que l'UPE 06 et la Chambre de commerce et d'industrie Nice Côte d'Azur ont créé une commission déchets. Commission que préside Laure Carladous. Et celle qui est aussi à la tête de la Fédération du BTP 06 de ne pas mâcher ses mots.

"Le problème des déchets est un problème d'exutoire. Il reste 20 % de déchets ultimes (c'est-à-dire ceux ne pouvant plus être valorisés ou recyclés NDLR) qu'il faut mettre dans des exutoires. Or, dans nos bassins, aucun site de ce type n'existe. Nous sommes face à un problème de fond qui devient un problème exacerbé par la chute des quotas d'exportation afin de réaliser la volonté politique qui vise 25 % de déchets en moins d'ici 2020".

Mais ce qui agace particulièrement Laure Carladous c'est lorsque "l'on pointe le doigt vers les professionnels du BTP et qu'Etat comme les collectivités précisent que le problème des déchets n'est pas leur problème. Même si notre filière devient la plus vertueuse possible, et sur le sujet elle a produit beaucoup d'efforts, il restera des déchets à éliminer".

Chantiers arrêtés ?

Face à l'ampleur du problème quelle solution existe ? "Il n'existe pas de solution rapide et qui respecte les règles", dit Laure Carladous. "Nous travaillons sur la recherche de foncier, sur la détection de sites qui pourraient voir le jour, sauf qu'aucune collectivité ne désire ce type de site sur son territoire. L'ensemble de la filière est prêt à collaborer pour améliorer le tri et mobiliser les professionnels. Nous en avons assez d'être désignés comme le mauvais élève. Beaucoup de déchets sont triés en ordures ménagères, alors que cela ne devrait pas être le cas. Il faut prendre en compte l'activité des filières. Le problème des déchets concerne le monde économique mais aussi le monde politique".

Pour dire tout cela, courrier a été envoyé au Préfet de Région, Pierre Dartout, au préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez et au président de la Région Sud, Renaud Muselier. Seul ce dernier a répondu. Mais l'alerte la plus visible, c'est celle qui risque de se déclencher avec l'arrêt des grands chantiers du département, comme celui du Campus de l'apprentissage, qui se réalise au sein de l'Eco-Vallée, à Nice par exemple ou les rénovations des hôtels, en cours. Car il manquait, au 15 août dernier, 25 000 tonnes de déchets ultimes ordures ménagères et déchets d'activité d'entreprise confondus, ce qui représente 2,3 % de la capacité totale d'accueil des sites en région, soit 1 075 550 tonnes.

Il y a pourtant bien une solution possible, c'est celle qui autoriserait de faire un pas en arrière. C'est-à-dire la "réouverture des quotas pour 2 à 3 ans minimum", plaide Laure Carladous, le temps de la naissance, validation, construction d'un projet tout neuf exigeant au moins 5 ans. Autrement, "le risque réside dans les dépôts sauvages", craint la présidente de la Fédération et de la commission déchets. Pas sûr que ce soit la meilleure façon de traiter l'environnement. Toujours est-il que si solution court-termiste est éventuellement envisageable, quid du long terme ? Ou comment faire en sorte que le caillou ne se transforme pas en mythe de Sisyphe...

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