Comment la Caisse d'Epargne Côte d'Azur cultive le mode "startup"

En lançant une marque dédiée au financement du nautisme, l'établissement bancaire basé à Nice entend poursuivre une stratégie de diversification alors même que le modèle bancaire traditionnel se fait bousculer, notamment par les nouveaux entrants. Une politique de différenciation qui met donc la banque face à un nouveau business modèle.
(Crédits : DR)

Il fallait bien le cadre adéquat et c'est donc celui du Festival du yachting de Cannes qui a servi de décor au lancement de la nouvelle offre sectorielle imaginée par la Caisse d'Epargne Côte d'Azur. Baptisée Nautibanque, cette nouvelle marque s'adresse - comme son nom l'indique - au secteur du nautisme et s'adresse aussi bien aux professionnels tels que les armateurs, les chantiers navals, les accastilleurs, les avitailleurs, les gréeurs, les importateurs, les motoristes ou encore les pêcheurs, qu'aux particuliers. L'offre de financement comprend tous les outils, du crédit bail au LOA (location avec option d'achat) et veut couvrir le large panel d'opérations possibles, du besoin en trésorerie ou en équipement au développement à l'international en passant par la gestion du poste client. Bref tout ce qui concerne l'eau, les bateaux et la Côte d'Azur. Sachant que

Ancrage sectoriel

Cet ancrage sectoriel - sans jeu de mot - est la nouvelle façon pour l'établissement bancaire de dégager des axes de développement. Comme tout autre secteur, celui de la banque est secoué par les changements qui s'opèrent dans l'économie globale et le besoin de trouver des relais de croissance est à la fois nécessaire et délicat. Jacques-Olivier Hurbal, qui dirige le pôle Banque des décideurs en région et qui est membre du directoire de la Caisse d'Epargne Côte d'Azur, ne s'en cache pas. "Le modèle bancaire se déforme, notre métier est de plus en plus intermédié. Nous essayons donc de trouver de nouveaux modèles de croissance afin de dégager de la rentabilité". Cette réflexion sur comment anticiper l'évolution du métier, l'établissement bancaire l'a déjà engagé en lançant dès 2016 Luxury Properties et il y a un an, Vitibanque, respectivement dédiées à l'immobilier d'exception et à la viticulture. Un premier pas vers la diversification qui a porté ses fruits, générant ensemble en 2018, un PNB de 13 M€.

Cette segmentation, Jacques-Olivier Hurbal y tient. "Nous devons développer des modèles souples et agiles". Depuis le début de l'année, a également vu le jour une offre spécifique pour le secteur de la parfumerie fortement présente à Grasse. Un positionnement qui se veut innovant dans un secteur qui doit faire face aux neo-banques et aux jeunes pousses venant les bousculer, pas toujours gentiment.

Un positionnement qui ne laisse pas indifférent, au sein même du groupe BPCE puisque la marque Vitibanque a été achetée par l'établissement bancaire des Pays de Loire. Un essaimage que Jacques-Olivier Hurbal souhaite à l'identique pour Nautibanque. "J'espère que le concept fera tâche d'huile".

Approche systémique

Si l'établissement bancaire, qui rayonne en Côte d'Azur c'est-à-dire dans les Alpes-Maritimes et le Var, disposait déjà d'une clientèle "nautisme", cette offre spécifique est du goût des professionnels du secteur. Entre autres de Marc-Emmanuel Quirouard-Frileuse. Et le président de l'Union des Ports de la Côte d'Azur de dire qu'il apprécie "l'approche systémique" de cette offre spéciale, car "elle s'adresse à l'ensemble de l'écosystème, pas uniquement les ports, mais également l'industrie nautique". Et cela au moment même, "où nous arrivons à une fin de cycle, où de nombreux ports vont réaliser de nouveaux investissements", via le lancement de nouvelles DSP ou en se rapprochant d'EPL (entreprises publiques locales NDLR). Et ça, ça va avec la volonté de l'UPCA de "construire des ports d'avenir, pour les hommes".

"Les infrastructures nautiques sont vitales pour l'économie de la région", pointe de son côté, Yves Lyon-Caen, le président de la Fédération des Industries Nautiques.

Qui regrette, dit-il que "les banques ne s'investissent plus du tout dans les approches sectorielles. Ce champ d'expertise a été abandonné". Pas par tout le monde, donc. Et le président de la FIN de dire que cette volonté de jouer en proximité correspond à un secteur nautique, tout autant en mutation. "L'économie qui émerge est aussi une économie de service".

Un discours qui valide donc la démarche de l'établissement bancaire qui est administrateur de Port Fréjus et qui surtout fait partie du groupement ayant remporté la DSP des ports Vauban et Gallice, à Antibes, à quelques encablures de Cannes. Une DSP remportée avec un équipage qui comprend également la Caisse des Dépôts et la CCI Nice Côte d'Azur sous le nom de Vauban21. Ce qui donne envie à Jacques-Olivier Hurbal de poursuivre dans cette voie. "Nous comptons bien nous positionner sur l'ensemble des DSP, peut-être avec d'autres groupements. Gagner une DSP c'est beaucoup d'investissement et c'est une histoire d'hommes". Un peu comme le nautisme finalement. Le tourisme devrait être le prochain segment adressé spécifiquement par la banque. Peut-être de façon un peu différente, par rapport à ce qui a été mené jusqu'à présent, précise Jacques-Olivier Hurbal.

"Nous avons peut-être 200 ans mais nous devons nous considérer comme une startup".

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