Fabrice Le Saché : "Les startups ne résument pas l'économie"

S'il a lancé le COMEX 40 qui réunit les patrons âgés de moins de 40 ans, c'est bien pour réfléchir aux enjeux sociétaux. Dont fait évidemment partie la transition numérique, un sujet toujours sensible pour les TPE PME. Et le vice-président du MEDEF de souligner le rôle que doit jouer le syndicat patronal tout comme les enjeux, divers et stratégiques qui y sont liés. Un sujet que le MEDEF Sud aborde pleinement dans un Forum dédié ce 19 septembre, à Toulon.
(Crédits : DR)

Le 17 septembre, il était avec à l'Elysée pour le lancement du France Digitale Day, entouré de pépites françaises. Mais si le numérique fait fleurir des fleurons de la tech française, elle ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt de la réalité : le numérique demeure encore une transition à réellement réussir pour beaucoup de TPE/PME.

"Le numérique d'une façon générale provoque un basculement de l'économie traditionnelle vers une économie dématérialisée. Mais ces deux économies ne sont pas antinomiques. Le numérique est un prolongement de l'économie traditionnelle et doit venir en appui. On ne peut pas ignorer que beaucoup d'entreprises sont des pure players et disposent donc de plus d'agilité. Comme on ne peut pas ignorer que pour certaines entreprises traditionnelles, le numérique soit plus complexe", pointe le vice-président du MEDEF.

Qui du coup embraye sur l'aspect encadrement législatif. Le sujet fait débat, taxation des GAFA en première ligne. "Les règles qui sont fondées sur une économie physique ont du mal à évoluer pour s'adapter à une économie numérique. Parfois même, elles créent des distorsions de concurrence. Or nous avons besoin des deux économies, nous avons besoin qu'elles s'appuient mutuellement". Donc, "pour éviter cette distorsion, nous avons besoin que le législateur trouve un point d'équilibre", afin d'éviter que les uns soient soumis à des charges fiscales quand ce n'est pas le cas pour les autres, une réactivité dans la remise à l'équilibre législatif qui doit être maximale.

Question d'équilibre... législatif

Mais ce que dit surtout Fabrice Le Saché, c'est "qu'au-delà de toutes règles de concurrence saines et loyales, la transition numérique doit toucher tous les territoires et tous les types d'entreprises". Certes, les "startups constituent une force pour le pays, mais cette élite numérique n'est pas l'alpha et l'omega. Au MEDEF, nous regardons aussi ce qu'il se passe dans les TPE/PME, dans les ETI et les régions". Des entreprises - de taille, face à des croissances diverses mais qui parfois ont un point commun, celui de ne pas aller vers cette transition. "Certaines entreprises sont en retard car elles font face à des problèmes de marge, liés à une fiscalité qui représente tout de même un niveau de prélèvement le plus élevé d'Europe". Et de rajouter que par exemple "l'industrie 4.0 ne se fait pas en un claquement de doigts, l'intelligence artificielle, les données à valoriser... tout cela coûte".

A cela, s'ajoute la problématique de la fracture numérique, tous les territoires n'étant pas égaux face aux infrastructures de débit. Ce qui empêche bien sûr certaines entreprises installées dans ces territoires dépourvus, de basculer pleinement vers le numérique.

Ne pas rester spectateur

Autre sujet posé par la transformation numérique, celui des compétences. "Les études font état du manque de 20 000 profils" note Fabrice Le Saché auxquels s'ajoutent ces métiers traditionnels bousculés par le numérique. Ce qui pose alors la nécessité d'une formation initiale adaptée aux besoins et d'une formation continue accessible et facilitée.

"Sur ces sujets, le MEDEF s'engage pleinement", redit le vice-président du syndicat patronal, rappelant que "nous avons un rôle d'influenceur de la législation. Mais nous avons également un rôle pédagogique à tenir". Expliquer que dans les pays où la robotisation est élevée, le chômage baisse. Qu'il "ne faut pas avoir peur de la destruction, le numérique crée aussi des emplois. Le risque c'est de ne pas investir suffisamment". Et puis l'Histoire a déjà connu des transformations de toutes sortes.

Reste de façon globale aussi, la question de la souveraineté numérique, sujet abordé par le président de la République ce mardi lors du France Digitale Day. Une souveraineté qui "ne peut pas", dit Fabrice Le Saché, "se concevoir en dehors de l'Europe". Or si c'est un vœu exprimé reste que les géants de la tech capables de permettre cette souveraineté ne sont pas si nombreux. "Quelles sont les grandes entreprises tech qui font partie du CAC 40 ? La souveraineté ce n'est ni perdu, ni gagné. Si on ne veut pas être spectateur du match Chine/Etats-Unis on doit favoriser l'union sacrée entre le public et le privé".

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Commentaire 1
à écrit le 18/09/2019 à 19:38
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Par définition, une startup c'est une boite qui n'existera plus dans 5 ans. Il en faut, mais pas trop.

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