Christine Lombard : "La fast fashion a bouleversé l'industrie de la mode"

Marseillaise, responsable de rubrique dans divers titres de la presse féminine française, celle qui a été directrice de la mode pour Marie France co-signe "Chic"* aux éditions du Cherche-Midi, un ouvrage dédié aux femmes de 50 ans, qui distille de bons conseils. L'occasion surtout de scruter davantage l'évolution de l'industrie en général, la seconde la plus polluante, les innovations et les nouvelles marques qu'elle génère.
(Crédits : DR)

La Tribune - Dans votre ouvrage vous évoquez le « recyclage » de certaines pièces, l'achat intelligent de basiques qui sont donc prévus pour rester longtemps dans une armoire... Bref, tout ce qui va vers une consommation "durable" de la mode.

Christine Lombard - Les premiers critères, c'est de regarder les étiquettes, la matière, la coupe. Choisir des coupes simples. Ensuite c'est l'accessoirisation qui compte. Ce qu'il faut retenir c'est qu'il faut investir dans la qualité. Effectuer des achats qui ont du sens. Cela contribue à un style durable. Il faut avoir conscience que la mode est la seconde industrie la plus polluante.

De plus en plus de créateurs n'utilisent plus certaines matières comme le peau de crocodile, les plumes... Comment avez-vous vu l'industrie de la mode évoluer ?

Il y a 15 ans, lorsque nous avons vu arriver les premières marques durables, nous les trouvions pas vraiment sexy et marantes. Aujourd'hui c'est l'opposé. Il faut cependant faire la différence entre les marques qui sont réellement convaincues et celles qui le font car c'est un bon outil de communication. Il faut aussi faire attention à certaines solutions de substitution qui ne sont pas forcément meilleures. La fausse fourrure utilise du pétrole. Est-ce si bien que cela d'utiliser des fibres de bambou ? Il y a parfois dans toutes ces nouvelles matières, un phénomène de mode. De façon globale nous n'avons pas encore suffisamment de recul.

Comment les enseignes telles Zara, Mango, H&M ont-elles bouleversé le business modèle de l'industrie de la mode ?

Nous nous opposons à cette Fast Fashion qui a bouleversé le comportement achat des consommateurs. En sortant des collections toutes les trois semaines, elle a obligé les créateurs à se lancer dans des pré-collections. Les marques comme Zara ou H&M elles aussi imaginent des collections qu'elles ont à peine le temps de mettre en boutique. Tout cela crée du gaspillage. Il faut y ajouter l'émergence des sites de vente en ligne d'articles utilisés. Cette économie de la deuxième main est aussi en train de se modifier. On assiste parfois à des supermarchés du vintage. Le comportement du consommateur a changé, il est de plus en plus regardant sur le marché de seconde main. De toute façon, aujourd'hui, ces marques vont vers le durable. H&M a annoncé dernièrement son engagement dans une mode durable et écologique. Une réelle course entre fripes et fast fashion qui ne fait que commencer.

Quel regard portez-vous sur l'émergence de nouvelles marques et notamment celles nées à Marseille ou Nice ?

Sessùn est une marque qui a beaucoup de succès. Gynette NY (marque créée par Frédérique Dessemond, marseillaise d'origine NDLR) est devenue une marque internationale. En revanche, certaines marques, nées en région, ne pourront pas fonctionner à Paris, pour certaines caractéristiques.

Le luxe est-il encore possible ?

Si vous me demandez ce que représente le luxe pour moi, je vous dirais que c'est acheter des vêtements dans les circuits courts. C'est aussi pouvoir passer des commandes personnalisées, sur-mesure, certes à petite échelle. Ce qui compte c'est l'authenticité, ce qui raconte une histoire. Il faut garder le luxe, c'est bon pour l'économie française, pour le rêve. C'est un art.

*"Chic", co-signé avec Lucille Rénié en librairie le 7 novembre.

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