Yvon Grosso : "Le Medef Sud doit peser dans le débat public"

Arrivé depuis presque cinq mois à la présidence régionale du syndicat patronal, l'ancien président de l'Upe06 veut encore davantage faire entendre la voix des entrepreneurs, mais de façon constructive. Exhortant par ailleurs ses derniers à ne pas ignorer les enjeux sociétaux et environnementaux.
(Crédits : DR)

La Tribune - Vous avez été élu au printemps dernier. Comment résumeriez-vous ces derniers mois ?

Yvon Grosso - J'ai profité de ces premiers jours à la tête du MEDEF Sud pour peaufiner le programme de ma mandature et répondre aux sollicitations de nos partenaires naturels. Nous avons notamment échangé avec Renaud Muselier, président de la Région Sud, pour définir ensemble les principaux axes sur lesquels nous pourrions collaborer. Parmi les priorités, le développement de l'apprentissage figure en tête de liste !

Vous aviez annoncé vouloir réfléchir à une nouvelle gouvernance et prendre le temps d'affiner votre feuille de route. À quoi a servi ce temps de réflexion et d'analyse ?

J'ai en effet pris le temps d'écouter nos adhérents, branches professionnelles et territoires, afin de fixer une feuille de route qui colle à leurs attentes et à celles des entreprises de la région. À partir des remontées de nos adhérents, j'ai proposé à notre Conseil d'administration une gouvernance collégiale axée autour de 3 pôles : économique, social et nouveaux enjeux. Les 9 commissions qui composent ces différents pôles auront à leur tête des experts capables d'identifier les difficultés et attentes des entreprises et de proposer les solutions idoines pour y remédier. Concrètement, il s'agira d'organiser des tables rondes, de produire des études et préconisations et d'alerter les décideurs publics.

Vous avez souhaité aller à la rencontre des territoires, quels sont les besoins des départements alpins, ceux des départements côtiers ?

J'ai en effet lancé l'opération « 6 jours pour entreprendre » dès mon arrivée à la présidence du MEDEF Sud. Le principe des « 6 jours » est simple : faire le tour des MEDEF territoriaux et prendre le pouls de l'économie locale. Il en ressort que la plupart des besoins exprimés par les entreprises sont communs à tous les départements. Je pense notamment aux problèmes liés aux transports, véritable serpent de mer. Sur ce point, les axes d'amélioration sont nombreux, qu'il s'agisse du désenclavement des départements alpins, du décongestionnement des routes du littoral ou de l'amélioration de la liaison entre les ports et l'arrière-pays. L'accès au très haut débit, également, est un enjeu majeur qui concerne en premier lieu les départements alpins mais qui touche aussi les autres territoires, pourtant plus « urbanisés ».

Quelle est votre volonté concernant Nouveau Cap ?

Nouveau Cap est un outil formidable pour faire passer nos messages et alimenter le débat public. Ces derniers mois, nous avons été régulièrement sollicités par les MEDEF territoriaux pour présenter notre deuxième publication sur la fiscalité locale des entreprises dans toute la France. Nous sommes par ailleurs fiers que certaines de nos propositions aient été reprises par le MEDEF national. Parmi les pistes de travail potentielles pour notre prochain rapport, je souhaiterais que nous investissions le champ de l'international. Notre région est une porte vers la Méditerranée et l'Afrique ; cela pourrait faire l'objet d'une publication en 2020.

La période pré-électorale est-elle un moyen de pousser davantage le dialogue et les possibles revendications avec les candidats aux élections municipales ?

De manière générale, le MEDEF Sud doit peser dans le débat public. C'est ce que nous ferons à l'occasion des élections régionales en 2021, et ce que font déjà les MEDEF territoriaux en vue des élections municipales de mars prochain. L'Upe06, par exemple, a lancé une plateforme en ligne avec la CCI Nice Côte d'Azur pour inciter les candidats aux municipales à prendre des engagements en faveur des entreprises.

De façon plus globale, quid de l'image du chef d'entreprise ? Est-il mieux considéré par l'opinion publique ?

Si je constate avec regret que l'entreprise reste trop souvent mal comprise de nos décideurs publics, je n'ai pas l'impression que l'image des chefs d'entreprise se soit dégradée dans l'opinion, y compris au sortir du mouvement des Gilets jaunes. Au contraire, selon un récent sondage d'Odoxa, 80% de nos compatriotes ont une bonne opinion des dirigeants de PME, qui constituent l'essentiel de notre tissu économique. Pour autant, nos concitoyens attendent de leurs entreprises qu'elles s'engagent au-delà de leurs propres intérêts en prenant mieux en compte les enjeux environnementaux et sociétaux. On voit d'ailleurs qu'un mouvement en ce sens s'opère partout en France, et c'est tant mieux ! Le MEDEF encourage les entreprises à prendre cette voix et montre l'exemple en ouvrant le dialogue avec les ONG et en arborant sa raison d'être, "agir ensemble pour une croissance responsable". Bien plus qu'un slogan, c'est l'illustration de notre volonté à participer à la vie de la Cité, comme nous l'avions fait, par exemple, à l'occasion du Grand débat national où le MEDEF Sud avait tenu des positions fortes.

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