Quel bilan pour la Banque des territoires, un an après ?

Lancée en mai 2018 cette marque de la CDC avait comme objectif de mieux structurer l'engagement de la Caisse des Dépôts dans les territoires et de lui accorder davantage de visibilité. Dans le Sud, cela s'est traduit notamment par l'entrée au capital de l'aéroport Nice Côte d'Azur et le déploiement du programme "Cœur de ville". Mais il est aussi question de réparation de la fracture territoriale ou de la collaboration plus étroite à venir avec La Poste, explique le directeur régional Provence Alpes Côte d'Azur, Richard Curnier.
(Crédits : DR)

Une marque c'est souvent l'occasion de montrer plus fortement qui on est et qu'elle est la philosophie globale. C'est exactement la démarche entamée en mai 2018 par la CDC qui, en lançant la Banque des Territoires - qui est aussi une direction du groupe - voulait envoyer un message clair, notamment aux collectivités : le financement des projets de transformation des territoires, c'est par ici que ça se passe.

Un positionnement qui est originellement celui de la Caisse des Dépôts mais comme la CDC ne fait pas que financer les projets des collectivités, apporter de la clarté semblait indispensable.

Lancée en mai 2018, la Banque des Territoires a donc vécu sa première année d'existence. Avec quels résultats ?

Structurer l'organisation

"La Banque des territoires c'est un marque avec des axes stratégiques qui sont d'être plus inclusif, attractif, durable et connecté", rappelle Richard Curnier appuyant notamment sur le fait que, outre cette stratégie de meilleure visibilité, l'organisation elle-même s'est modifiée via une "décentralisation des décisions". Comprendre que pour décider d'investir dans tel ou tel projet, c'est la direction régionale qui à hauteur de 2 M€ pour l'immobilier et d'1 M€ pour les autres types de projets, est décisionnaire. Une "simplification" qui permet réactivité et reconnaissance de l'expertise locale.

Une réorganisation qui s'est faite aussi au niveau régional. Les départements des Alpes-Maritimes et l'est du Var, jusque là rattachés à la même direction territoriale, disposent désormais de leur propre équipe, le Vaucluse, les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes mutualisant une équipe dédiée.

600 000 euros pour Cœur de ville

Dans la foulée, des prêts spécifiques ont été lancés, concernant notamment le portage foncier, sur une longue période, de 80 ans. Il y a aussi Mobi Prêt, destiné aux projets de modernisation des infrastructures de mobilité ainsi qu'aux projets de mobilités innovantes. Educ Prêt, qui concerne tout projet de construction, rénovation et transformation des bâtiments éducatifs. Chacun avec des taux d'amortissement long, la durée de prêt allant de 25 à 50 ans.

"Nous nous sommes modernisés en terme de management", poursuit Richard Curnier. Une modernisation dont l'un des outils est le Campus des territoires, qui se tient à thecamp (la CDC est propriétaire de 33 % de la structure immobilière NDLR), le campus du futur basé à Aix-en-Provence, et où les cadres de la Caisse des Dépôts vont se former.

"En une année, nous avons mis tout cela en place.  La marque est bien installée", estime Richard Curnier.

Le territoire est-il dynamique ? "Il est difficile de comparer les départements, chacun fait face à des problématiques différentes", note le directeur régional, soulignant tout de même que les territoires alpins concentrent quelques projets Cœur de ville. "600 000 euros ont été investis en ingénierie sur les treize projets Cœur de ville disséminés en Provence Alpes Côte d'Azur", poursuit Richard Curnier.

Pourquoi l'entrée au capital de l'Aéroport Nice Côte d'Azur ?

Surprenante a été l'annonce en juillet de la vente par la Métropole Nice Côte d'Azur de 4% des 5 % des parts détenues du capital de l'Aéroport Nice Côte d'Azur à la Banque des Territoires. Laquelle a acquis aussi 4 % des 5 % des parts que la Région Sud détient également au capital de la plateforme aéroportuaire niçoise. Avec 8 % du capital, voilà la Banque des territoires entrée par la petite porte au sein du second aéroport français. Car il faut rappeler que lors de la privatisation de Nice Côte d'Azur, la Caisse des Dépôts s'était positionnée avec un groupement qui ne l'avait pas remporté. "Nous avons gagné Lyon Saint-Exupéry mais perdu Nice Côte d'Azur (comprendre lors de la privatisation NDLR)", raconte Richard Curnier. "Nous considérons l'aéroport comme une infrastructure essentielle et qui correspond à la stratégie de modernisation des infrastructures. Cela correspond à la même logique que nous appliquons envers les ports ou les remontées mécaniques". Deux types d'infrastructures où la Banque des territoires est également présentes comme aux Orres, à Vars ou le port du IIIème Millénaire à Antibes.

L'industrie aussi

Autre sujet, l'industrie. Ou plus exactement, les Territoires d'industrie, ce dispositif qui vise à mettre les acteurs économiques, élus et entreprises, autour de la table pour pointer ce qui est nécessaire pour générer davantage de croissance de l'industrie. En Provence Alpes Côte d'Azur, ils sont 8, de Fos à Carros. Un sujet sur lequel la Banque des Territoires intervient, en phase d'ingénierie comme en phase d'investissement industriel. Dans les départements alpins et le Vaucluse, il y a aussi le sujet de la fracture territoriale, cette fracture qui souvent touche les entreprises et gêne leur développement.

L'entreprenariat qui est un autre domaine d'intervention pour la Banque des territoires. Si les actions d'aide via le Réseau Entreprendre et Initiative France ont été - à la faveur de la réorganisation - transférées à Bipfrance, c'est ce qui concerne les corporate ventures qui l'intéresse. C'est-à-dire ces entreprises dont les projets développent un modèle disruptif utile aux collectivités. C'est par exemple le cas de Totem Mobi, basée à Marseille, qui met à disposition des voitures électriques.

Plus grande banque publique

Mais c'est la prise de participation à hauteur de 55% du capital de La Poste, dès le 1er janvier prochain, qui constitue le prochain défi. "Nous avons des synergies avec La Poste, nous travaillons ensemble notamment sur le dernier kilomètre, via une société commune, avec les acteurs locaux", précise Richard Curnier. "Nous collaborons également sur les sujets du vieillissement, des services. Nous allons davantage réfléchir en étroite collaboration. La Poste est le réseau le plus déployé sur le territoire", ajoute le directeur régional de la Banque des territoires qui reprend bien volontiers les propos d'Olivier Sichel, le directeur général de la marque. "Nous devenons ainsi la banque publique la plus importante du monde", puisque disposant de 1 000 milliards en termes de gestion. Une jolie marque qui doit pouvoir se déployer encore plus...

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