Muselier, les entreprises et les preuves d'amour

Depuis la loi NOTRe, le président de la Région Sud n'a de cesse de rappeler que l'économie, c'est lui. Pour le prouver, une stratégie assortie d'outils – comprendre des dispositifs et des fonds comme la Bourse de l'apprentissage ou Région Sud Investissement – ont été instaurés. Deux ans après, cette stratégie a-t-elle porté ses fruits ?
(Crédits : DR)

Pas de cap et pas de visibilité. Ça c'est le constat en forme de reproche que fait Renaud Muselier pour qualifier la stratégie économique de la Région avant la mandature de 2015. Mais depuis la loi NOTRe, la compétence éco, c'est les Régions. Et dans le Sud on ne se prive pas pour la revendiquer. Renaud Muselier rappelant que la Région est "le premier partenaire des entreprises". Une sorte d'union sacrée.

Mais pour ça, il y a d'abord la méthode. "Nous n'avons pas construit notre stratégie, seuls dans notre coin", rappelle Isabelle Savon, vice-présidente de la Commission Économie, Industrie, Innovation, Nouvelles Technologies et Numérique. C'est au contraire après consultation des autres collectivités, des chambres consulaires et des entreprises que le fameux SRDEII (pour Schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation) a été construit. Et cela "afin qu'il réponde aux enjeux et contraintes", avec l'objectif redit encore Isabelle Savon de "créer de la valeur ajoutée afin de favoriser l'innovation et les emplois durables". L'union sacrée oui, mais main dans la main.

FIER à fonds

Pour mettre toute cette bonne volonté en musique, il a fallu des outils, c'est-à-dire des dispositifs servant chaque besoin entreprenarial. Le point d'orgue de tout cela c'est notamment le FIER, nom de code pour Fonds d'investissement pour les Entreprises de la Région. Soit en monnaie sonnante et trébuchante, 300 M€ avec l'idée de venir en aide et au développement de 15 000 entreprises. A comparer avec les 500 000 entreprises qui vivent sur l'ensemble du territoire de Provence Alpes Côte d'Azur. Mais un FIER qui comporte donc 13 outils, un pour chaque étape de maturation ou besoin des TPE/PME/ETI. Il en va ainsi de Région Sud Investissement, doté de 63 M€ dont 33 M€ de fonds européens, "budget qui a été augmenté" précise Isabelle Savon, que préside l'ancien président du directoire de la Caisse d'Eparge-Cepac et ancien président de la CCI régionale, Alain Lacroix. Parmi ses dernières participations, figure la PME originaire d'Aix-en-Provence, Optimum Automotive, après l'azuréen Biocyte l'an dernier, notamment.

Il y aussi "Mon projet d'entreprise", le dispositif qui sert de conseiller spécial pour éclairer et encourager à chaque pas supplémentaire dans le développement de l'entreprise, étude de marché, élaboration du business plan et de la stratégie. Un dispositif qui concerne 6 000 entreprises par an et qui est accompagné d'un budget de 6,4 M€. Tout cela alors que côté financement, ce sont 170 M€ qui ont déjà apporté de l'oxygène financier et des capacités de croissance à 10 000 entreprises. "Nous aidons véritablement les entreprises, nous considérons les dossiers en développement avec le territoire. Région Sud Investissement n'est jamais seul pour porter le financement, nous intervenons toujours avec les banques", confirme Isabelle Savon. "Il est important d'avoir à la fois des outils d'accompagnement et de financement". A noter que soucieuse de réussir "Une COP d'avance", la Région Sud consacre 30,4 % des fonds aux activités estampillées "vertes" des entreprises. C'est ça aussi le développement... durable.

Séduire à l'export

Il ne faudrait pas non plus oublier l'autre pilier de la stratégie économique régionale, à savoir les OIR. Les Opérations d'intérêt régional qui ont déjà engendré des résultats, dont près de 900 M€ de perspectives d'investissement, 400 M€ étant déjà sécurisés et qui concernent 43 projets et 200 entreprises.

Un sujet qui concerne aussi Bernard Deflesselles. Le président de risingSud, l'agence de développement économique régionale, se réjouit du bon déroulement de ces Opérations originales dans l'esprit, vouées à être efficaces sur le terrain, dont l'ambition n'est pas neutre, espérant la création de 50 entreprises nouvelles attirées sur le territoire, avec 50 000 emplois à la clé et un milliard d'euros injecté dans l'économie. "Le satisfecit est total. Provence Alpes Côte d'Azur est la seconde région en terme d'attractivité des entreprises pratiquant une activité de R&D", rappelle Bernard Deflesselles. Mais c'est bien à destination des entreprises régionales, qui selon l'expression consacrée présentent un fort potentiel de croissance, que Sud Accélérateur, le programme d'accélération pensé exprès par l'agence, se consacre. Le but c'est de participer à la création de ses fameuses ETI, trop peu nombreuses en France. 60 entreprises sont concernées par ce programme qui vise à booster la compétitivité et productivité.

Des entreprises qui ont toute leur place à l'international, autre terrain de jeu de risingSud. "Les Etats-Unis, le Japon, la Chine sont des relais de croissance. L'Europe et l'Afrique également, où nous allons lancer quelques opérations".

La stratégie ? "Ma ligne de conduite est de ne pas faire beaucoup mais de travailler en profondeur". C'est-à-dire d'entourer les entreprises avant et surtout après les déplacement à l'étranger. De retour de Californie avec une délégation de 12 entreprises, Bernard Deflesselles explique comment ce type d'exercice sert le territoire, heureux de dire que c'est ainsi que la connexion a été faite entre le port de Toulon et celui de San Diego, et qu'un MOU devrait encadrer le tout. Que les Business Starter et les BootCamp - le dernier avait lieu à New York - sont de fabuleux exercices pour permettre aux entreprises d'aller vite, de gagner du temps. Et après tout, c'est bien ce qu'elles recherchent. "Notre ADN c'est l'entreprise" résume Bernard Deflesselles. On soulignera d'ailleurs la prise de position de Renaud Muselier à propos de l'huile de palme, qui constitue par ailleurs l'activité principale de la raffinerie Total de la Mède et qui avant le second vote qui a consisté en un rétropédalage, excluant le produit de la liste des biocarburants, estimait qu'avoir "une COP d'avance n'implique pas d'avoir une économie de retard", rappelant en filigrane que ce sont aussi 250 emplois qui sont concernés et une participation à l'économie régionale qui serait contrariée.

Finalement en terme de développement économique, comme en amour, ce qui compte c'est de regarder ensemble dans la même direction...

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