Comment Cannes continue de séduire Reed Midem

En confirmant pour 5 ans, six de ses manifestations dont le Mapic et le Mipim, l'organisateur de congrès envoie un signal qui fait du bien à l'économie du bassin azuréen. Mais au-delà de la bonne nouvelle et du 1,25 milliard d'euros de retombées estimées, c'est la stratégie de la Cité des Festivals et de sa filiale, la SEMEC, qui sont le vrai point d'ancrage.
(Crédits : Reed Midem - Yann-Coatsaliou)

Cinq ans, c'est le temps long. Surtout en matière d'événements, quand on sait que les sollicitations sont plurielles pour aller voir sous d'autres cieux, si l'herbe est plus verte et les conditions d'accueil plus attirantes. C'est dire si la confirmation de 6 manifestations estampillées Reed Midem pour une durée de cinq ans à Cannes est significative de l'attractivité de celle que l'on connaît beaucoup pour son Festival international du Film.

Travail en équipe

La signature, officialisée ce 9 décembre, est donc un signal fort envoyé à la planète MICE. Certes Reed Midem et Cannes, c'est une longue histoire d'amour qui puise ses origines en 1965, mais plus de 50 ans après, la romance semble se poursuivre sans à-coups. Pour cela il a fallu que les deux partenaires se surprennent et s'écoutent. "Cette signature, c'est mieux qu'un mariage, c'est une sur-confirmation des noces entre Reed Midem et Cannes", analyse d'ailleurs très à propos, David Lisnard, le premier magistrat qui connaît parfaitement le sujet pour avoir lui-même présidé la SEMEC, le bras armé de la Ville en matière événementielle et qui gère le Palais des Festivals.

Une histoire qui dure mais qui a exigé d'aller parfois plus loin dans les détails et les partenariats. Clairement, l'entente et l'inclusion des socio-professionnels dans la construction de la stratégie ont contribué à améliorer l'attractivité. Pour les hôteliers, tout congrès BtoB est une manne non négligeable. Peut-être moins impactés directement, les restaurateurs jouent tout autant le jeu, comme l'explique Alain Lahouti le président du syndicat UMIH06 des restaurateurs, "nous montons des opérations lors des congrès BtoB, auxquelles, en moyenne, une soixantaine d'établissements participe et qui promeut une stabilité des prix. Cela participe à l'attractivité de la destination. Les retombées économiques, même si elles sont indirectes ou pour d'autres secteurs que le nôtre, sont essentielles pour l'ensemble de l'économie". Une inclusion du cercle large des partenaires économiques qui permet de partager les enjeux primordiaux et d'être à l'écoute aussi de ce qui se passe sur le terrain.

Ne pas opposer la ville événementielle à la ville réelle

De la même façon, le Palais des Festivals, lui-même, l'outil phare a subit une transformation au fil des ans, modifiant totalement sa silhouette - pas très heureuse et surtout très grise - en un paquebot fait de blanc et de verre et qui ne cesse de subit des opérations d'amélioration, avec toujours en filigrane, cette volonté de répondre voire d'anticiper les besoins des organisateurs de congrès. Ainsi, en plus dix ans, depuis 2008, ce sont 93 M€ qui ont été injectés. Et ce sont 61,2 M€ qui sont dédiés à une extension qui doit évidemment servir l'attractivité. Pousser les murs, c'est l'un des défis pour le Palais des Festivals et la Semec que préside Claire-Anne Reix. Longtemps craint d'être le caillou dans la chaussure, l'optimisation des espaces a éliminé ce point faible. "Il faut pousser intelligemment les murs. Nous devons gagner de la hauteur", expliquait Didier Boidin, le directeur général de la Semec dans un entretien à La Tribune en octobre dernier.

Car "l'enjeu est considérable dans notre mix économique", souligne David Lisnard. Le tourisme représente en effet une bonne moitié de l'économie du bassin, et dans cette part, une moitié du PIB est produit par le tourisme d'affaires. "Avoir des manifestations d'envergure, récurrentes, c'est bon pour l'économie locale et pour ceux qui en dépendent de façon indirecte". Mais surtout, dit le maire de Cannes, "il ne faut pas opposer la ville événementielle à la ville réelle. Il n'y a pas de séparation entre La Croisette et le reste du monde. L'activité BtoB sert aux PME/TPE de la logistique, du service..." dans un vaste cercle qui dépasse la seule ville de Cannes.

Incubation

Cannes qui a aussi transformé ses quartiers et ses plages, un argument qui pèse pour Paul Zilk. Car en parallèle, Reed Midem, qu'il préside, doit aussi faire évoluer ses propres concepts pour qu'ils demeurent des rendez-vous à envergure internationale.

"Dans chaque industrie, qu'elle soit télévisuelle ou immobilière, la transformation numérique vient bouleverser les usages. Les clients de nos salons doivent s'adapter avec l'évolution de leur industrie. Notre devoir est d'avoir les contenus, les tendances, l'intelligence sur le plan mondial. Nos clients viennent sur nos congrès pour connaître l'évolution de leur secteur, de quoi il sera fait demain. Nous devons réussir à valoriser les rencontres et attirer les jeunes générations. L'évolution de Cannes est importante. Elle renvoie l'image d'une ville jeune, dynamique, sportive et cela plaît à nos clients".

Un satisfecit qui ne cache pas que plus serait souhaitable. Plus de congrès, notamment. Une volonté répétée par David Lisnard, que Paul Zilk dit "entendre". D'ailleurs Didier Boidin, dans son entretien accordé à La Tribune ne disait pas autre chose, appelant à un équilibre entre salons qui seraient à différentes tailles de maturité. "Nous travaillons sur des projets. Cannes est une destination mondiale, ce n'est pas uniquement une destination France. Nous devons donc mettre au point un concept qui colle à son image, capable d'attirer du monde entier, qui soit d'envergure internationale". Le dernier-né, qui prendra ses quartiers en février prochain, dédié à la filière e-sport et baptisé Esports Bar correspond à ce portrait robot. Le LeisurUp, capsule dédiée aux loisirs pourrait aussi être un candidat idéal. Prévu de se tenir en amont du Mapic en novembre 2020, il a déjà bénéficié d'une journée entière lors de l'édition 2019. Paul Zilk ne cache pas le potentiel de ce nouveau rendez-vous qui pourrait, à terme, se détacher du Mapic pour véritablement prendre sa place en tant que congrès à part entière. "Cannes doit être un lieu d'incubation", martèle David Lisnard. "Il existe un enjeu économique, social, mais aussi d'anticipation sur des secteurs-clés". Les six congrès organisés par Reed Midem génèrent chaque année 250 M€ de retombées économiques, entraînant 170 000 nuitées hôtelières.

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