L’extension en mer de Monaco, laboratoire d'innovation

Plus important chantier d’Europe, le gain de 6 hectares pris sur la Méditerranée par la Principauté ne se résume pas à un enjeu d’attractivité. Extrêmement soucieux de son environnement, le Rocher a établi des contraintes environnementales fortes, qui poussent à trouver des solutions ad hoc innovantes.
La construction du nouveau quartier monégasque, dont la livraison est prévue en 2025, comporte de nombreux défis techniques.
La construction du nouveau quartier monégasque, dont la livraison est prévue en 2025, comporte de nombreux défis techniques. (Crédits : Bouygues travaux publics MC)

Monaco n'en est pas à sa première extension par la mer. C'est même comme cela qu'elle a acquis ce qui constitue aujourd'hui 40 % de sa surface, de 2 kilomètres carrés. Un territoire contraint géographiquement, mais attractif ; et c'est pour maintenir cette attractivité internationale qui a fait de New York, Dubaï ou Londres ses concurrentes que la Principauté s'est engagée dans un chantier d'agrandissement de son territoire.

Soucieux de son développement économique, le Rocher l'est tout autant de son impact sur l'environnement. Pour rappel, il vise la neutralité carbone à l'horizon 2025. Combiner à la fois gain de place et respect de la biodiversité est une équation complexe que Bouygues Travaux Publics MC, gagnant de l'appel d'offres, a dû résoudre. Ce qui a nécessité une grande capacité d'adaptation et des solutions créées sur mesure.

« Les contraintes environnementales étaient très fortes pour un chantier de petite taille, présentant des difficultés techniques », indique Christophe Hirsinger, chef de projet.

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Multiples défis

Des difficultés comme autant de défis à relever. Dont le déplacement des herbiers de posidonie, cette espèce qui est au cœur de l'écosystème côtier méditerranéen et dont 518 mètres carrés sur 900 recensés ont été déplacés et réimplantés plus loin. Une manipulation réalisée par Andromède Océanologie, startup située près de Montpellier, pour laquelle une démotteuse utilisée pour les arbres a été employée afin « de sectionner proprement l'herbier et le récupérer avec la faune et la flore associées », explique Pierre Descamp, son dirigeant. Pour cela, un bras de 20 mètres a été associé à une pelle mécanique pour une implantation dans la zone du Larvotto, quelques mètres plus loin. Une manipulation encore jamais réalisée à cette échelle, mais qui peut désormais être facilement reconduite.

Autre défi technique, celui consistant à empêcher la turbidité, sorte de poussière qui s'échappe des zones du chantier et qui se dépose sur les zones naturelles. Des écrans sous-marins spéciaux ont ainsi été installés, mais « nous avons également adapté nos heures de travail, draguant essentiellement la nuit », précise Christophe Hirsinger. Un dispositif de nettoyage de la sédimentation pouvant recouvrir certaines algues lors des dragages a également été inventé. Celui-ci consiste à aspirer ce sédiment et à le filtrer en surface, ce qui évite qu'il ne se disperse dans le milieu naturel.

Ces outils, et d'autres, sont des savoir-faire inédits qui ont vocation à être réemployées.

« Nous avons utilisé des techniques parfois déjà connues, mais poussées à l'extrême. Nous avons fait de la R&D avec des engins coûteux. Pour un projet tel que celui de Monaco, cela est possible car il s'agit d'un chantier prestigieux. Il a été pilote sur beaucoup de sujets. Nous avons fait de l'orfèvrerie avec des moufles. »

Le projet devrait être livré en 2025.

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Commentaires 2
à écrit le 19/12/2019 à 7:49
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Tiens donc? Pas de problème écologique ? Bizarre !

à écrit le 19/12/2019 à 6:26
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C'est marrant, dès qu'on est riche, comment le bilan carbone s'améliore d'un coup

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