Comment Cannes a réussi son désendettement

En annonçant avoir réduit de 55 M€ son endettement en 5 ans au lieu de 6 ans, la Cité des Festivals veut montrer que le délicat équilibre entre additions et soustractions est possible. L'occasion aussi pour son maire, David Lisnard, d'en remettre une couche sur le comportement de l'Etat vis-à-vis, entre autres, des collectivités locales.
(Crédits : DR)

-55,51 millions d'euros exactement, c'est la somme qui équivaut au désendettement de la cité des Festivals en 5 ans, de 2014 - année de l'élection de David Lisnard - à 2019. Un résultat qui figurait comme objectif dans la feuille de route du premier magistrat, mais qui se réalise douze mois plus tôt que prévu.

David Lisnard avait en effet annoncé la volonté de réduire de 55 M€ l'état d'endettement de la ville, et ce durant son mandat. But atteint avec anticipation, ce qui est aussi l'occasion de revenir sur la méthode.

Investissements et de la sobriété fiscale

La méthode tient en deux mot : sobriété fiscale. Une sorte de mantra pour le maire, passé par la vie d'entrepreneur, et qui applique donc à sa commune ce que tout chef d'entreprise ferait aux manettes d'une solide PME : un sou est un sou et il ne doit être dépensé qu'à bon escient. Plutôt avec méthode. Celle qui est la plus juste à tous points de vue.

Une rigueur qui paye, mais qui s'est montrée indispensable. Car réduire c'est bien mais investir c'est nécessaire aussi. Exercice d'équilibriste toujours délicat. A Cannes, la Ville précise que pour préserver le pouvoir d'achat, les taux communaux d'impôts locaux n'ont pas bougé d'un iota, pendant que les abattements maximum de taxe d'habitation ont été appliqués pour les résidences principales, soit ce qui concerne principalement les ménages moyens. Aucun impôt nouveau n'a été instauré et la surtaxe d'habitation sur les résidences secondaires pas appliquée non plus, précise la commune dans un communiqué.

Parallèlement, les investissements ont été renforcés, comme les 33,7 M€ dédiés à la création du campus universitaire de la Bastide Rouge, un projet de longue haleine mais qui va permettre à l'Université Côte d'Azur d'être présente à l'ouest de la Cité des Festivals, sur des sujets d'industries créatives qui sont le signe distinctif de la capitale du 7ème art.

Il y a aussi la reconfiguration totale du centre du quartier de La Bocca, qui a refait son avenue principale et son marché notamment, le rendant plus attractif pour les habitants comme les touristes. C'est aussi la refonte d'une partie du centre-ville qui a vu l'une de ses rues devenir promenade piétonne, exigeant 4,8 M€ pour parfaire sa métamorphose, alors que le quartier festif dit du Carré d'Or s'est aussi refait une remise en beauté pour 4,3 M€, 2,2 M€ HT étant dévolus au réaménagement du port du Mouré Rouge. Sans oublier les 7,7 M€ consacrés au renouveau du Suquet, quartier historique, aujourd'hui dédié notamment aux artistes.

Des investissements de transformation de la ville qui ont été dispensés à l'est comme à l'ouest. Des investissements à l'égal de ce que ferait, là encore une PME, en injectant monnaie sonnante et trébuchantes dans son outil de production.

Une "destination d'avance"

Car Cannes est un village mondial comme se plaît à dire David Lisnard. Un village qui accueille des visiteurs - touristes de loisirs mais aussi touristes d'affaires, du monde entier. Actuellement, c'est un vaste "Cannes, une destination d'avance", qui s'affiche au fronton du Palais des Festivals. Un résumé, en quelque sorte, de la philosophie de la capitale du cinéma, qui ne fait pas que briller tous les mois de mai. On en veut pour preuve le récent renouvellement de confiance engagé par Reed Midem.

La municipalité le rappelle dans son communiqué, il a aussi fallu faire face aux suites des intempéries de 2015 - 13 M€ mobilisés sur 3 ans - et sécuriser, face à la menace terroriste, écoles et espaces publics. Soit 7,5 M€. Un total de 317 M€ depuis le début du mandat mobilisés "pour améliorer le cadre de vie des Cannois et préparer l'avenir des générations futures".

Au chapitre des économies -  70 M€ entre 2014 et 2019 - on notera les 16,5 M€ de charges de personnel permis par la réduction des effectifs de 147 agents permanents ou encore les 10,2 M€ de charges financières.

Des moins et des plus

Mais cet objectif atteint est aussi l'occasion pour David Lisnard d'en remettre une couche quant au comportement de l'Etat et à son désengagement. Et de rappeler qu'en même temps que la Ville réduisait son endettement, le montant cumulé des prélèvements supplémentaires et transferts de l'Etat non compensés atteignait 114,5 M€. Dont les 70 M€ de dotation globale de fonctionnement. Alors que toujours en même temps, les fonds de péréquation mis en place pour venir en aide aux communes les plus pauvres, répartissent les ressources des collectivités entre elles, ce qui pour Cannes correspond à 41,5 M€ retirés du budget communal.

Satisfecit tout de même, celui de la Chambre régionale des Comptes, dont le jugement de janvier 2018 soulignait le comportement différenciant de Cannes. Alors que le préfet des Alpes-Maritimes en mai 2019 saluait les "efforts réalisés pour réduire la dépense publique".

Toujours est-il que David Lisnard conserve des chevaux de bataille, dont celui d'expérimenter outils numériques et sécurité, demandant notamment au ministre de l'Intérieur de tester l'utilisation des moyens de vidéo-surveillance pour les rattacher aux différents fichiers que sont ceux des personnes recherchées, des véhicules volés et des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste.

Une proposition réitérée sur le plateau de l'émission "Vous avez la parole", sur France 2, en octobre dernier qui avait obtenu un "oui" de Christophe Castaner. Or, malgré un courrier de rappel fin octobre, telle sœur Anne, David Lisnard ne voit rien venir. Certes, la thématique éloigne du sujet du désendettement mais elle rappelle tout de même à quel point les communes peuvent être aussi des laboratoires d'idées et des leviers d'innovation. En finances comme ailleurs.

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Commentaires 2
à écrit le 29/12/2019 à 12:11
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Quelle honte c'est le pauvre Francais qui paye et paye et paye encore comment une ville comm Cannes peut s'endetter a ce point....alors que tout est payant meme l'air pollué que l'on respire messieurs que faites vous des taxes de sejours......

à écrit le 29/12/2019 à 11:28
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Encore 200millions de dettes, 30 millions d'intérêts /an Et le maire se vante d'avoir remboursé 12 millions par an...!?lol Il faut dire ça aux gens qu'il a viré, et on ne se gênant pas pour faire des travaux pharaoniques inutiles pour la bonne mo...

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