Philippe Korcia : "L'Upe13 doit s'affirmer comme le parti de l'entreprise"

Depuis octobre dernier, il préside le syndicat patronal des Bouches-du-Rhône, suite à la démission de son prédécesseur Johan Bencivenga. Egalement président de l'Urssaf PACA, ancien juge au tribunal de commerce de Marseille, ce patron de PME entend revenir aux fondamentaux et porter la voix de l'entrepreneur dans ce qu'elle a de bon sens économique. Sur tous les sujets.
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Philippe Korcia est un patron discret. Mais pas moins engagé. Depuis plus de 20 ans, rappelle-t-il. Vice-président du syndicat des agences de voyage, juge au tribunal de commerce de Marseille durant 14 ans, (passant par les référés puis président de chambre des procédures collectives), il a aussi été président de l'Upe13 Aix et depuis janvier 2018, président de l'Urssaf PACA, organisme pilier de la sphère économique, qui gère 30 milliards d'euros d'encaissement de cotisations.

Retour aux fondamentaux

C'est le 7 octobre dernier, lorsque Johan Bencivenga quitte ses fonctions de président de l'Upe13 que la lumière se porte davantage sur celui qui lui succède. Venu du monde des PME, il sait combien faire grandir l'entreprise peut se révéler délicat, sensible aux variations conjoncturelles, combien il faut de l'engagement et des convictions. C'est d'ailleurs cela qui le pousse assez tôt vers le militantisme. Vingt ans plus tard, rien n'a changé. "Je suis là pour que l'Upe13 crée de la valeur pour les entreprises et les entrepreneurs et être son fervent défenseur auprès des autres acteurs du territoire". Le ton est donné. Retour à la base. Au "militantisme fort pour que l'Upe13 devienne le parti de l'entreprise".

Car dans la conjoncture actuelle - post-Gilets jaunes et en pleine grogne liée à la réforme des retraites - défendre la petite et moyenne entreprise s'impose. Sur le sujet précis de la réforme des retraites, Philippe Korcia est clair. "Nous avons redit combien la grève est un droit mais elle ne doit pas être la seule issue sur ce sujet aussi structurant. Sinon c'est donner un droit à tuer l'entreprise". Or aux conséquences des manifestations citées plus haut s'ajoute - pour le secteur du commerce notamment - la concurrence de l'achat sur Internet qui a, dans le contexte de grève, pénalisé les acteurs de ce secteur. "Tout cela crée un climat de défiance terrible", fait remarquer le patron des patrons provençaux. Qui prône le dialogue plutôt que la division. Notamment en faisant se rencontrer et échanger les syndicats de salariés et les syndicats patronaux. "Nous ne pouvons pas laisser un système (des retraites NDLR) déficitaire à nos enfants. Le système français doit être universel et unique, avec des spécificités pour certains secteurs". Et de dire qu'explications doivent être données, détaillées. "Nous devons nous battre sur l'idée que tout ce qui n'est pas profitable pour un système va à sa perte" et surtout "trouver le bon compromis". Mais surtout, "il faut arrêter de taxer les entreprises", créatrices de croissance pour le pays et trop souvent mises à contribution ou montrées du doigt.

Retour au militantisme

"Formidable machine", l'Upe13 doit aussi revenir à ce qui est son fondement même. Sa raison d'être. "Proposer une multitude d'offres de service et faire partager son envie de militer pour les entreprises". C'est donc bien un retour au militantisme qui constitue l'axe de la feuille de route de Philippe Korcia. "Le monde économique doit savoir qu'il existe un parti des entreprises". L'Upe13, première union patronale de France est "à ce titre écoutée par Paris" et Geoffroy Roux de Bézieux qui devrait revenir sur les terres marseillais prochainement. "La force de l'Upe13, ce sont les mandats : tribunaux de commerces, conseils de prud'hommes, Urssaf... Nous sommes leader, c'est pour cela aussi que nous sommes écoutés". D'ailleurs, l'Upe13 compte bien se faire entendre et "exister fortement" pendant la période pré-élections municipales. Un livre blanc va être constitué et remis aux candidats, lesquels seront reçus - hormis les extrêmes - et par ailleurs "testés" sur leurs connaissances en matière d'économie. "Nous ne pouvons plus tolérer la méconnaissance des entreprises et en économie", s'agace Philippe Korcia. Le 5 mars prochain, ce sera débat avec les candidats désireux de conquérir la présidence de la Métropole, institution qui porte des sujets liés à l'économie, tels les transports et plus largement la mobilité. "Nous avons un vrai rôle à jouer". Et surtout, "la gestion d'une ville doit se faire en bonne intelligence avec les entreprises".

Stop ou encore ?

Président depuis 3 mois et pour encore 3 mois, Philippe Korcia passera-t-il la main ou se présentera-t-il pour poursuivre son engagement en tant que président de l'Upe13 ? Rien de tranché pour l'heure, juste rappelle-t-il que le rôle est prenant et qu'il exige d'avoir une organisation au sein de sa propre entreprise qui soit sereine, avec une visibilité financière à trois ans et des relais identifiés au sein de l'entreprise.

"Le président doit être libre, indépendant, ne pas dépendre des marchés publics et bien connaître le monde patronal".

Ce qui signifie savoir jouer aussi avec des alliés. Dans les Bouches-du-Rhône, cela comprend la CCI AMP et le Club Top 20, "phares économiques pour les décideurs du territoire", estime Philippe Korcia. "Nous devons être ensemble, unis, chacun dans son rôle et ses objectifs. Je suis dans l'ouverture et la volonté de rassembler. Nous devons porter la même parole".

Et si son prédécesseur s'était engagé à "décloisonner les mondes", Philippe Korcia veut bousculer les habitudes. Ainsi le Forum des entrepreneurs, traditionnel rendez-vous de septembre, devrait quitter Luminy pour se dérouler probablement en centre-ville, à La Joliette, au sein du cinéma EuropaCorp. Le but étant de favoriser de nouveaux formats, être "plus participatif".

C'est encore l'idée de rassemblement qui prime lorsqu'on évoque le territoire régional. "Il faut réunir Aix-en-Provence, Marseille, Nice. Intégrer Arles et Pertuis. Il faut une grande unité patronale pour porter d'une seule et même voix les sujets importants. Le métier d'entrepreneur est le plus beau métier du monde, même si c'est sans doute l'un des plus difficiles".

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