Sky 25, la stratégie "pivot" de Skema

Née à Sophia-Antipolis mais désormais riche de 7 campus dans le monde, l'école de management voit le début de la nouvelle décennie coïncider avec celui de son nouveau plan stratégique 2020-2025. Où il est question d'hybridation, de social, de nouvelles façons d'enseigner et de statut d'institution en devenir. Autant de challenges pour répondre aux enjeux de l'enseignement supérieur et de la recherche.
(Crédits : DR)

Dix ans c'est un peu comme l'âge de raison pour Skema Business School. Ce qui signifie non pas remise en question totale et brutale mais plutôt remise à jour des fondamentaux, histoire de ne pas passer à coté des évolutions qui touchent le secteur de l'enseignement ni des desiderata de cette nouvelle génération, présentée sous le terme générique de millenials et qui contribue à chambouler les modèles établis.

Définir une stratégie demande évidemment quelques séances de brainstorming et de réflexions. Chez Skema on a fait appel aux diverses parties prenantes - diplômés, entreprises partenaires, étudiants, collaborateurs, institutions - pour définir quels axes primordiaux il fallait privilégier. Car comme le rappelle Alice Guilhon, directrice générale de Skema BS, il existe bel et bien un "contexte particulier dans l'enseignement supérieur et la recherche, qui nous fait nous poser des questions de sens, sur notre mission, sur notre positionnement" alors même que l'internationalisation, la digitalisation, les problématiques de société et de transition économique comme environnementale, sans oublier l'engagement véritable et non feint des étudiants, viennent percuter les fondamentaux établis.

Business modèle validé

Une réflexion qui finalement impacte à la fois la mission de l'école, le contenu de l'enseignement et le format.

Et tout cela s'inscrit dans un moment ou Skema BS vient de boucler son précédent plan stratégique en ayant atteint ses objectifs à 100 %, dont un budget s'élevant à 85 M€. Il sera de 100 M€ pour cette année, "sans fonds publics, ni privés", précise la directrice générale. Qui voit dans tous ces bons indicateurs une validation du modèle de l'école, "multi-national, attractif, qui a fait ses preuves... D'ailleurs il est suivi par d'autres écoles, c'est important de devenir le benchmark dans son environnement".

Un business modèle sain, associé à une gouvernance qu'Alice Guilhon définit comme "agile, adaptée à nos enjeux, composée de grands diplômés, qui nous permet de prendre des risques, nous conseille et nous accompagne".

Comprendre qui n'empêche pas d'oser. Car dans le monde des écoles de management, oser c'est se différencier. Et se différencier est un vecteur d'attractivité. Alice Guilhon l'a bien dit, les "petits" comme elle les appelle, sont engagés, ne veulent plus un enseignement cloisonné, sont curieux. Et comme "le modèle est bon, les bases sont saines, il faut aller plus loin".

Hybridation interne

Aller plus loin ça signifie bousculer les schémas classiques. Avec Skwol - pour Skema Way of learning - c'est exactement ce qui est provoqué. Cette plateforme propriétaire, développée actuellement par les professeurs, représente la nouvelle façon de fournir du savoir en s'adaptant au nomadisme si chers aux millenials, consultable sur tablette, smartphone ou autre et intégrant des contenus alimentés par des outils d'intelligence artificielle. Mais c'est la création de trois écoles, à côté de Skema, qui constitue un autre bout de la révolution. A Belo Horizonte, une école de droit, baptisée Skema Law School for business va voir le jour, tandis que Skema AI School for business s'installera sur le campus américain de Raleigh et Skema Design School for business en France. Trois sujets majeurs du XXIème siècle qui ont pour but de "développer des talents hybridés", annonce Alice Guilhon. L'objectif étant de servir ici les besoins des entreprises en connaissances, d'équilibrer les talents, "de faire du reskilling"... Sans pour autant entrer en conflit avec les sociétés de conseil, bien sûr.

Observateurs des entreprises... et du monde

Pour se différencier, il ne faut pas davantage avoir peur d'appuyer sa présence. Très fière d'être un acteur engagé, Skema veut davantage valoriser les compétences de ses chercheurs. C'est ce qui la pousse à créer des instituts - RSE et Fintech pour commencer - qui auront pour but de créer des indices économiques, dans le cas des fintechs, d'effectuer un observatoire des entreprises chaque année. Une façon, appuie Alice Guilhon, de prendre position sur les enjeux sociétaux, économiques, de prendre part au débat public.

Ce qui amène par ailleurs Skema à créer un think tank, orienté sur la stratégie et l'influence, que pilotera Claude Revel, ancienne déléguée interministérielle à l'intelligence économique. Alors que Skema Ventures, qui accompagne les étudiants à l'entreprenariat, va se doter d'une fibre toute sociale.

Autre axe, capitaliser sur son modèle glocal. Skema BS va agrandir le cercle de ses campus, à l'Inde, la Russie et l'Australie. Avant, ils viendront plus tard, l'Asie et l'Europe. Des campus considérés comme des hubs, des "connecteurs" où l'étudiant n'est pas "touriste académique mais citoyen du monde", dit Alice Guilhon. C'est-à-dire capable de travailler partout sur le Globe.

Dans la foulée, Skema entend devenir une "institution", sans quitter son statut d'association. Une volonté qui demande à être précisée et qui le sera dans les prochains mois promet la directrice générale. Un sacré pivot qui est de nature à surprendre les autres acteurs du marché. Dans le sens prendre de l'avance. C'est éminemment stratégique. Sky (25) is not the limit...

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