Comment Vilogia investit le terrain azuréen

L’entreprise sociale pour l’habitat (ESH) de Villeneuve d’Ascq signe une première opération immobilière à Grasse qui préfigure un développement plus large dans les Alpes-Maritimes. Dans ses tuyaux, 70 M€ d’investissement pour la réalisation de 400 logements sociaux ou étudiants, et la volonté affichée d’y creuser durablement son sillon.
(Crédits : DR)

Voilà deux ans que Vilogia laboure la terre azuréenne. Une terre prometteuse pour le groupe privé nordiste, à la fois aménageur, constructeur et bailleur social, fort d'un patrimoine locatif de plus de 72 000 logements en France. "Les Alpes-Maritimes sont le département où le taux de logements sociaux est de très loin le plus faible", explique Philippe Rémignon, président du directoire de Vilogia S.A., vaisseau amiral du groupe éponyme originaire de Villeneuve d'Ascq. Qui y voit donc un vecteur important de développement, dont les premières fondations viennent d'être posées à Grasse. C'est en effet au cœur de la Cité des parfums, engagée dans un vaste projet de rénovation de son centre historique, que l'entreprise sociale pour l'habitat lance sa première opération azuréenne en tant que maître d'ouvrage et bailleur. En l'occurrence, la réhabilitation de l'îlot Nègre en 20 logements étudiants sur 874 m² de surface plancher. Les travaux, débutés en décembre, s'étaleront sur 16 mois pour une livraison attendue à l'été 2021.

Equilibre économique global

Doté d'un budget de 4,5 M€, ce programme est emblématique de la volonté de Vilogia de s'implanter durablement sur le territoire azuréen. Car l'îlot Nègre, abandonné depuis l'après-guerre, accumule les contraintes, qu'elles soient patrimoniales, techniques et, de ces faits, économiques. "C'est aujourd'hui un tas de cailloux sur un sol meuble en zone sismique, reconnaît Philippe Rémignon, mais il est situé à un endroit névralgique. C'est pourquoi nous avons décidé d'accompagner la collectivité sur ce projet". Quitte à s'engager dans une opération déficitaire. A cet égard, le président du directoire insiste : "Il s'agit ici non pas de comptabiliser les pertes mais de constituer un investissement". Lequel s'inscrira dans "un sur-ensemble" qui permettra "un équilibre économique global sur 50 ans", ce qui correspond "à la durée de vie d'une opération sociale et son retour sur fond propre". A savoir, concernant Grasse, quelque 160 logements sociaux d'ici à 2022 pour un investissement de 23 M€, construits en propre (îlot Nègre, îlot Sainte-Marthe) ou acquis en Véfa (vente en l'état futur d'achèvement) auprès de promoteurs nationaux ou locaux.

400 logements à venir

Cet "enracinement", Vilogia entend l'étendre aussi sur le littoral. A Antibes, l'ESH a ainsi acquis deux terrains sur lesquels 150 logements sociaux et intermédiaires, en cours de montage, devraient voir le jour pour un investissement de près de 25 M€. Sur la Métropole Nice Côte d'Azur, l'entreprise d'HLM s'invite, en Véfa cette fois-ci, dans différents projets immobiliers mixtes à Nice, Saint-Laurent du Var et Cagnes-sur-Mer pour une centaine de logements, dont 54 étudiants, une des spécialités de la société qui, via sa marque Studom, en gère plus de 5000 dont ceux des campus Edhec à Lille et, bientôt, Skema à Suresnes. Au total, pour l'ensemble des Alpes-Maritimes, ce sont donc 400 logements de programmés d'ici à 2022 pour 70 M€ d'investissement. D'où l'ouverture ce printemps d'une nouvelle agence à Nice Méridia dont l'effectif - "3 personnes pour commencer" - est quasi complet. "Le recrutement d'un responsable de programme est en cours". Cette implantation viendra conforter l'expansion géographique du groupe de 1 043 collaborateurs pour un chiffre d'affaires de 393,4 M€ (2019) qui s'est développé à partir du mitan des années 2000 hors de ses terres historiques des Hauts-de-France pour investir Nantes, Bordeaux, Marseille, Lyon, Strasbourg et Nancy-Metz.

Une autre vision du HLM

"Nous sommes un acteur national au service des territoires, le seul d'ailleurs à ne pas avoir son siège social à Paris", répète à l'envi le président de Vilogia dont la vocation est "d'accompagner leur développement économique en facilitant l'accès au logement des salariés à faibles revenus". Et ce, au travers si possible, "de petits ensembles ultra-qualitatifs intégrés en cœur de ville, comme c'est le cas à Grasse" ou lorsqu'il s'agit d'unités plus importantes, en périphérie, "en privilégiant la mixité avec des logements en accession libre ou intermédiaire, à proximité des commerces et des transports".

Et Philippe Rémignon de poursuivre : "Le logement social a beaucoup évolué et ne correspond plus aujourd'hui à l'image qu'ont de lui nos concitoyens. On ne construit plus de barres ni de tours, ces gros ensembles qui constituent le gros du parc HLM historique. Toutefois, je ne me résous pas à jeter la pierre sur tous ces grands ensembles. Certains doivent être démolis parce qu'ils s'inscrivent dans des schémas urbains labyrinthiques et créent une forme de sentiment de non-droit. D'autres, en faisant l'objet d'un gros effort de réhabilitation, d'un travail fort pour recréer du lien social, peuvent tout à fait retrouver une nouvelle attractivité". De même, Vilogia s'est intéressé dès 2015 à la problématique énergétique via le développement de programmes d'habitats passifs. "Nous avons une vingtaine de projets en cours dont cinq déjà livrés". Comme quoi, le HLM d'aujourd'hui, s'il n'est pas encore tout à fait celui de demain, n'a plus rien à voir avec celui d'hier.

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