Le MIN de Marseille fait sa mue 2/3

Vestiges de l’après-guerre, les MIN doivent trouver une nouvelle raison d’être en phase avec notre époque. A Marseille, cela passe par la prise en considération du développement durable et des enjeux sociaux ainsi que par la collaboration avec de nouveaux acteurs tels que des startups et des associations caritatives.
(Crédits : DR)

Le chantier est vaste. Il y a des murs à pousser, des surfaces à optimiser, mais aussi et surtout de nouveaux services à offrir. Car depuis la création du MIN après-guerre, les besoins des entreprises ont bien changé. Besoin de souplesse, de bureaux, de services logistiques, de restauration, d'hôtellerie pour les importateurs qui viennent de loin... Les modes de transport aussi ont changé. Certains ont opté pour l'électrique, ce qui impose l'installation de bornes de recharge. Sans parler des exigences de sécurité et de traitement des déchets.

S'ajoutent à cela de nouveaux acteurs pour qui le MIN représente une opportunité : les startups de la foodtech. Car non loin d'ici, à un kilomètre à vol d'oiseau, un nouveau marché est en train de se bâtir. "D'ici 2025, le quartier Euroméditerranée devrait être habité par 30 000 personnes, c'est une ville dans la ville, composée de personnes au revenu élevé, avec 100 000 mètres carrés de bureaux. Ces personnes, il faudra les nourrir. Une quinzaine de startups attendent que l'on fabrique de petits locaux avec des cuisines, des laboratoires pour faire des salades qu'ils pourront livrer par des moyens propres tels que des tricycles". D'autres startups souhaitent répondre au besoin de transparence de ces populations qui auront les moyens d'exiger une alimentation saine et responsable. "Il y a des entreprises qui travaillent sur des puces pour la traçabilité des produits, pour vérifier si la chaîne du froid a bien été respectée par exemple". S'installer au MIN, auprès des producteurs, à une poignée de kilomètres de la gare et tout près des axes autoroutiers représente pour elles une aubaine.

Une alimentation bio, locale et responsable

Le MIN veut aussi monter en gamme en se diversifiant - c'est-à-dire en proposant davantage de produits laitiers et carnés, les fruits et légumes représentant la plus grande part de son activité - et en développant son offre de produits issus de l'agriculture bio ou raisonnée avec mille mètres carrés dédiés depuis septembre 2019. Minbio fait partie des entreprises qui ont rejoint cet espace. Auparavant installés sur le MIN comme grossistes de fruits et légumes issus de l'agriculture conventionnelle, ses dirigeants ont choisi de s'orienter vers le bio, conscients de la croissance de la demande.

Le virage vers le bio est pour Marc Dufour un impératif. Il en est convaincu : face à la concurrence italienne et espagnole, il faut se renforcer sur ce marché. Et la restauration collective est un débouché à considérer sérieusement. "La loi oblige les cantines scolaires à proposer 20 % de produits bio et locaux". Des objectifs pas encore atteints, ce qui laisse une certaine marge de manœuvre. D'autant que la Ville de Marseille a renchéri en portant cette part à 50 %. Le MIN entend bien contribuer à l'atteinte de ces objectifs. "J'ai fait une proposition aux collectivités territoriales. A Marseille, il y a 450 écoles à livrer chaque jour. Pour l'heure, les cuisines centrales sont dans le 10ème arrondissement et difficiles d'accès. Nous pourrions mettre à disposition un hectare ici, au dessus du carreau des producteurs". Un emplacement à la fois pratique et symbolique.

Un MIN ancré sur son territoire

Au-delà d'éliminer les pesticides de leur assiette, les consommateurs attendent aussi de leurs produits qu'ils aient un impact social. C'est pour cette raison que le MIN a choisi de s'associer à des acteurs de la solidarité telles que l'ANDES, l'association nationale de développement des épiceries solidaires, ou la Banque alimentaire. Celle-ci disposera d'un atelier de transformation des fruits et légumes invendus où travailleront une dizaine de personnes en insertion.

L'insertion professionnelle, c'est aussi une des missions du MIN qui veut, entre autres, devenir un lieu de formation. Des discussions sont en cours avec le centre de formation Corot voisin qui propose des formations dans l'alimentaire. "Il va s'implanter ici". Un moyen d'offrir une formation pratique et des débouchés aux apprentis. Des partenariats avec l'université d'Aix-Marseille et des écoles d'ingénieurs sont également à l'étude.

Car le MIN veut s'ouvrir au reste de la ville. Pas question de travailler en silo tant il existe de synergies à construire. "Nous sommes dans des quartiers sensibles. La moitié des salariés du MIN viennent de ces quartiers. Nous sommes très implantés socialement". Une démarche qui doit être amplifiée avec l'installation de nouvelles infrastructures en façade du marché. "Il s'agirait d'une interface entre le MIN et la ville". Une interface où se trouveraient des surfaces commerciales, des hôtels ainsi que des bureaux, offrant de nouvelles opportunités d'emploi pour les habitants alentours.

Le MIN veut aussi améliorer l'environnement de ces habitants en rendant sa consommation d'électricité plus verte, d'autant que la conservation de produits frais et le travail de nuit le rendent très énergivore. "Nous avons décidé de créer une société ad hoc avec la Caisse des dépôts et consignations pour couvrir tous les toits du MIN de photovoltaïque, soit 100 000 mètres carrés, ce qui ferait de nous la première centrale photovoltaïque urbaine de France", se réjouit Marc Dufour. "Nous produirons ainsi plus d'énergie que nous n'en consommons".

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