L'URSSAF PACA exhorte à "un certain civisme économique"

Si reports et suspensions diverses sont actées pour aider les entreprises à faire front dans la tempête économique qu'elles traversent, le directeur régional de l'organisme de recouvrement explique pourquoi la déclaration, même en temps de coronavirus est obligatoire, encourage le crédit inter-entreprise et invite les PME solides à ne pas demander de report. Tablant aussi sur un plan d'accompagnement dans la phase d'après-crise.
(Crédits : iStock)

On s'est souvent moqué - gentiment - de l'expression "annus horibilis". Une expression latine qui résume assez bien et en deux mots seulement ce que représentera pour nombre d'entrepreneurs, l'année 2020.

Une année qui n'avait pas si mal commencée mais que la crise économique engendrée par la crise sanitaire vient chambouler de façon profonde.

Si depuis le mois de mars, les diverses actions enclenchées permettent aux entreprises de bénéficier de reports divers, la situation est à la fois si soudaine et si inconnue que tout acteur économique navigue, pour l'heure, totalement à vue.

Impliquée dans ce malstrom, l'Urssaf est passé, d'une certaine façon à l'action, s'engageant dans des actions de reports d'échéances et de suspensions de prélèvements, comme cela a été demandé par le gouvernement.

La situation exceptionnelle actuelle déstabilise quelque peu les entrepreneurs. Pourtant, certains gestes, certaines actions ne doivent pas être omises et sont même conseillées comme l'explique Dominique Clément. Et le directeur régional de rappeler qu'il est essentiel pour les entreprises de déclarer leurs salariés d'ici l'échéance du 5 avril, et cela, même si le report a été annoncé. Ajoutant que celles qui ont les reins suffisamment solides peuvent également moduler leur paiement, jusqu'à zéro pour les plus fragiles. D'ailleurs, précise Dominique Clément, "le gouvernement réfléchit, pour les entreprises issues des secteurs les moins impactés, une obligation de payer tout de même leurs cotisations", expliquant que la philosophie qui sous-tend cette réflexion est que le pays possède des millions d'acteurs économiques et que "tout mettre à zéro, ce n'est pas possible".

Activer tous les leviers

Au total ce sont 400 millions d'euros qui n'ont pas été collectés et qui sont "restés dans les caisses des entreprises et des travailleurs indépendants, venant en complément des aides mises à disposition par la Région et les différentes métropoles", précise le directeur régional de l'Urssaf.

Outre l'échéance du 5 avril et celle à venir du 15 avril, les contrôles et contentieux ont été suspendus et pour les entreprises qui avaient des prélèvements en cours, ceux-ci sont également suspendus, pour les mois de mars, avril et mai.

Concernant les indépendants, a contrario, nul besoin de déclaration, les échéances étant automatiquement portées à zéro, lissées jusqu'en décembre. Les déclarations de revenus peuvent être corrigées, modifiant ainsi l'échéancier à la baisse. Un fonds d'action social a d'ailleurs été mis en place par l'Urssaf, doté de 4 M€. "Pour les besoins de cash, nous pouvons accompagner", commente Dominique Clément, ceci en complément, encore une fois des aides débloquées par la Régions et les métropoles, notamment la Métropole Nice Côte d'Azur. "Il ne faut pas hésiter à activer tous les leviers", encourage le directeur régional qui demande surtout à ce que entreprises comme indépendants ne s'impatientent pas et ne déposent qu'un seul dossier. Plusieurs demandes contribueraient à engorger davantage les services. Ne facilitant la tâche de personne.

Jouer la carte solidarité

Dans ce contexte où le tissu économique est majoritairement composé de TPE et PME, pour 95 % et de grandes entreprises pour 2 à 5 %, il est essentiel de "jouer la solidarité", souligne Dominique Clément exhortant à un "civisme économique, c'est-à-dire à ce que les entreprises ne demandent pas de report lorsqu'elles peuvent payer leurs cotisations, même si cela ne concerne qu'un seul mois. Un geste citoyen qui contribuerait à maintenir et la machine et le tissu économique. Et à préparer l'avenir. Car il ne faut pas oublier que les reports ne sont pas des annulations, et que ce qui n'est pas soldé aujourd'hui devra l'être demain.

Une donnée exprime bien le manque à gagner, c'est le pourcentage d'impayés, de l'ordre de 50 % en mars alors que celui-ci n'était que de 3 % à la même période en mars de l'année dernière. "Les compteurs s'affolent, les indicateurs n'ont plus aucun sens. Tous les secteurs sont touchés par effet domino".

D'où une fois de plus le plaidoyer pour le crédit inter-entreprise, "qui doit fonctionner à plein", martèle Dominique Clément rappelant que dans ce contexte "1/1 = 3 et pas 2".

Et après ?

Sujet de plus en plus évoqué, comment anticiper la sortie de crise ? "Les pouvoirs publics décisionnaires n'ont pas arrêté de plan. Pour cela, il faut une analyse fine des dégâts. Ces données connues, il sera alors possible de poser un diagnostic et de proposer un remède". Un plan donc pourra venir soutenir l'économie. Mais sera-t-il sectoriel, par taille d'entreprises ? "La fin du confinement ne signifie pas levée du confinement pour tout le monde. Beaucoup de liaisons économiques ne pourront pas se faire immédiatement. La réouverture de certaines pompes économiques ne pourront également pas se faire d'un coup, sous peine d'asphyxie. Les entreprises seront toutes à accompagner, ce sera donc un plan massif qui devrait être concocté" analyse Dominique Clément. "L'enjeu est sanitaire, économique mais c'est aussi un enjeu de santé. C'est le pacte social".

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