Trois ans ou presque. C'est le temps que Pierre Dartout aura passé dans le Sud. Tout au moins en tant que préfet des Bouches-du-Rhône et préfet de Région. Arrivé à l'automne 2017 en remplacement de Stéphane Bouillon, il sera, dès septembre prochain, pas très loin de Marseille, son camp de base actuel, puisque c'est à Monaco que l'attend son prochain poste.
Choisi pour diriger le gouvernement monégasque, par le Prince Albert II, Pierre Dartout va succéder à Serge Telle. Un Serge Telle que les rumeurs, insistantes, donnaient sur le départ. Considéré comme étant peu un homme de dossiers, ce diplomate, arrivé sur le Rocher le 1er février 2016, ne laissera pas un souvenir indélébile.
Discret, travailleur, homme à poigne mais homme de dialogue, Pierre Dartout bénéficie d'un capital sympathie auprès des entrepreneurs et des acteurs économiques, dont il a été un relais précieux durant la crise sanitaire et maintenant la crise économique.
Des qualités qui ne peuvent que servir la Principauté.
Une Principauté qui se trouve elle aussi confrontée à des enjeux de développement et de croissance. Entourée par la France d'un côté et par l'Italie de l'autre, elle drague chaque jour, 40 000 azuréens qui passent la frontière pour venir exercer leur profession quand 4 200 transalpins réalisent le même chemin depuis la Ligurie. Une attractivité qui est nécessaire pour le pays mais qui pose aussi des contraintes en terme de mobilité notamment. Le télétravail, largement encouragé par le confinement et le Covid-19, entrera-t-il dans les mœurs monégasques, réfractaires à la chose ?
Si l'on parle beaucoup de Monaco pour son extension en mer, ce chantier gigantesque qui fait gagner au pays de 2km2, 6 hectares, les sujets, se situent aussi ailleurs.
La Principauté est un vrai poumon économique pour la région. Son interaction avec le département des Alpes-Maritimes, comme avec la voisine ligure, est essentielle et plus largement en terme d'import - 2Mds pour l'année 2018 (source IMSEE) - comme d'export - 959 M€. L'Italie étant d'ailleurs en tête du classement fournisseurs comme du classement client.
Les liens avec l'Aéroport Nice Côte d'Azur, situé à 30 km de distance, a d'ailleurs même mené le gouvernement monégasque à entrer au capital de la plateforme aéroportuaire lors de sa privatisation, en 2017, à hauteur de 12,5%.
Monaco revendique aussi un positionnement fort en terme de smart city. Une nécessité voulue par la part de son industrie qui a fléchi et puis aussi et surtout parce que, internationale, la Principauté est tournée vers l'extérieur et que ne pas savoir être "intelligente", freine la compétitivité. L'arrivée du monégasque Frédéric Genta, entre temps passé par Google ou Amazon au Pays de l'Oncle Sam, en tant que délégué interministériel en 2018, valide ce positionnement.
"Monaco doit se redéployer constamment", commente un observateur averti du Rocher. Comprendre, savoir être en avance de phase pour conserver une attractivité qui ne soit pas que strass et paillettes.
Avec son expérience acquise au fil de ses précédents postes, Pierre Dartout dispose, en plus de sa personnalité, d'un background qui doit pouvoir aider à la poursuite du développement monégasque. Pour rappel, Pierre Dartout a été, de 2005 à 2010, délégué interministériel à l'aménagement et à la compétitivité des territoires...
Indéniablement, le départ annoncé de Pierre Dartout laisse en plan quelques dossiers et pas n'importe lesquels. Politiques notamment. On rappellera aussi qu'il avait été mandaté par le Premier ministre pour établir un rapport sur la faisabilité d'une fusion Département-Métropole, maintes fois évoquée, puis finalement repoussée - momentanément ? - par Emmanuel Macron.
Habitué depuis près de trois ans à gérer des dossiers pas toujours faciles, Pierre Dartout voguera donc bientôt vers de nouveaux horizons. D'apparence plus bleus, mais pas moins stratégiques.
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