Renaud Dalbera – UNIS : "En immobilier, les nouvelles technologies sont une nécessité"

Président du syndicat basé à Nice et regroupant les professionnels du secteur en Côte d'Azur, celui qui est aussi le président de la commission Innovation au sein de la représentation nationale redit à quel point la Proptech dessine l'avenir de l'immobilier et comment les outils numériques sont des vecteurs de développement qui concernent toute la chaîne de valeur.
(Crédits : DR)

L'innovation est un sujet qui le taraude et qui fait son quotidien depuis longtemps, dit-il. Aux manettes du cabinet de syndic et de gestion locative familial depuis 2012, il est le président du syndicat UNIS Côte d'Azur - 78 cabinets, 490 collaborateurs et 40 M€ de chiffre d'affaires - depuis septembre 2019. Une casquette qui s'ajoute à celle de président de la commission Innovation au niveau national.

L'innovation qu'il considère comme un vecteur de développement essentiel pour la filière. Oui, la Proptech dessine l'avenir de l'immobilier. Les outils existent, les mentalités évoluent, la demande est là. On appelle cela des planètes parfaitement alignées. D'autant plus, que le confinement, comme pour tant de secteurs, a joué l'effet accélérateur. La non-possibilité de tenir des Assemblées générales et le recours à la visio-conférence désormais rendue possible par ordonnance constitue une avancée significative qui surtout ouvre la voie, un peu plus, au numérique. "Cela permet une mise en avant véritable des technologies qui étaient peu utilisées par les professionnels et peu demandé par la clientèle", résume Renaud Dalbera. Pourtant, dit-il, "les nouvelles technologies sont une nécessité". Et, prévient-il, "les entreprises qui ne prendront pas ce virage ne survivront pas".

La réalité mixte, booster de valeur

L'un des meilleurs exemples est sans doute le sujet de la visite virtuelle : "très présente dans les discours depuis deux, trois ans mais les agents immobiliers adoptent ce cap depuis peu", note le président de l'UNIS Côte d'Azur alors même que cela constitue la première brique d'une évolution qui ouvre une foule de perspectives et prépare la prochaine révolution technologique. "La visio virtuelle est innovante dans son usage mais pas dans sa technologie", pointe aussi Renaud Dalbera. "L'un des vecteurs essentiels à venir c'est la réalité virtuelle et la réalité augmentée, créant une réalité mixte. Laquelle, associée au BIM va constituer une solution pour tous les métiers, de façon transversale". Et de citer en exemple, l'expérimentation menée par la startup Rhinov, spécialiste de la simulation en 3D des aménagements intérieurs qui a inclus dans ses simulations des meubles Maisons du Monde. Il faut dire que le groupe a pris une part au capital de la jeune pousse à hauteur de 70,4 %. Un signe des rapprochements intelligents qui se nouent et vont se nouer dans le secteur. "Tout cela va aller plus loin", assure Renaud Dalbera.

Qui croit énormément aux possibilités qu'offre le casque de réalité mixte comme "le Hololens 2 de Microsoft", qui devrait "révolutionner la façon de travailler" en devenant, notamment un véritable outil d'aide à la décision. Comme dans le cas de recherche de fuite par exemple, puisque incluant les informations fournies par le BIM, il évite les travaux intrusifs et inutiles.

En matière de transactions en immobilier d'entreprises, "on y arrive plus facilement car on peut obliger plus facilement le retour d'informations". Et cela permet de se projeter sur des aménagements futurs. Il est possible de visualiser l'ensemble des pièces d'un lieu et mieux percevoir un aménagement imaginé. Ce qui a aussi une incidence sur la détermination des travaux à effectuer, des coûts, des matériaux à choisir... Evidemment, pour que tout cela fonctionne, la collaboration entre les différents acteurs de la chaîne de valeur est nécessaire. Mais pas seulement. "Le frein, c'est l'interopérabilité entre logiciels", souligne Renaud Dalbera. Rappelant encore que le numérique est l'opportunité "d'automatiser des tâches à peu de valeur ajoutée pour laisser les professionnels se concentrer sur le contact humain". Et que "les clients qui goûtent à ces nouveaux usages, parce qu'ils sont satisfaits, poussent les acteurs à aller encore plus loin, une façon de les obliger à demeurer attractifs".

Surtout, que finalement, et ce n'est pas négligeable, "c'est aussi favorable au développement du business".

Brainstorming amont

Pour accompagner les professionnels de l'immobilier, le syndicat a créé une plateforme d'entraide qui évidemment est aussi là pour orienter et convaincre à investir dans les outils modernes. "Nous faisons de la formation et de l'information", explique Renaud Dalbera. "Beaucoup de professionnels sont favorables, il existe une vraie volonté". Restent aux outils à suivre les besoins. "La technologie doit nous suivre. Nous n'avons pas encore toutes les solutions. Toutes ne sont pas complètes dans leur champ d'intervention".

Quid alors, justement, du brainstorming collaboratif avec les startups ? "Il est très difficile de travailler en amont. Evidemment, nous sommes, au travers de la commission nationale dédiée à l'innovation, très sollicités par les startups. Nous échangeons avec elles pour parler métiers et besoins, pour dire ce qu'il nous manque en terme de praticité. Nous sommes en mode bêta testeur pour établir les cahiers des charges. Nous leur disons, "pensez à cela", "nos contraintes sont celles-ci"... Les startups apportent des idées intéressantes car leur vision est différente. Les échanges avec les écoles et les étudiants sont aussi pleins de fraîcheur. Nous apportons ce qui leur manque, la pratique". Et d'insister : "la vision long terme n'est pas incompatible avec l'innovation".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.