Chefs d'entreprises et crise : ce qu'en dit Altarès

Alors que la crise fait ressentir ses effets et que l'on ignore le temps long qui sera le sien, le baromètre établi par l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs piloté par l'association GSC et Altarès fait déjà état d'une fragilité constatée en 2019. Un sujet qui devient encore plus sensible dans le contexte actuel. Et que décrypte Thierry Millon, directeur des études, basé à Aix-en-Provence.
(Crédits : CC0 Public Domain)

Près de 5 000 dirigeants, hommes et femmes, qui en 2019, ont perdu leur emploi. Un chiffre déjà "pas de nature à rassurer", selon Thierry Millon, mais que la crise économique engendrée par l'arrêt brutal des activités pour cause d'épidémie pourrait bien aggraver sérieusement pour 2020.

"La situation est encore difficile à décrypter", reconnaît le directeur des études chez Altarès. Même si les accompagnements, mesures et aménagements des textes liés aux procédures collectives ont aussi permis de limiter la casse.

Il faut dire que 2020 n'avait pas trop mal débuté en terme de défaillances d'entreprises avec un T4 en 2019 en dessous de zéro. Mais finalement l'arrêt des activités économiques en mars fera retenir à l'Histoire que 2020 aura eu un début d'année difficile.

Dans le contexte inédit que vit le monde, il est tentant de comparer avec des périodes noires déjà traversées. La soudaineté de la crise actuelle est inédite, Thierry Millon rappelant qu'en 2008, par exemple, les TPE n'avaient ressenti des difficultés que deux ans plus tard, en 2010.

Alors que les banques continuent de distribuer les PGE, il est un point important à noter pour les entreprises, leurs dirigeants et la suite des événements, notamment en matière de prise en compte des éventuelles difficultés à venir, c'est la date retenue pour considérer si une entreprise est fragilisée à cause des conséquences du Covid-19 ou pas. C'est le 12 mars, selon le Conseil d'Etat.

Tenir mais pas grandir

Le PGE qui est perçu comme l'arme de défense magique mais pourtant, stratégiquement, il faut bien y réfléchir. Le confinement a aussi touché les tribunaux, notamment les tribunaux de commerce. Une entreprise n'a donc pu s'y rendre pour faire part de ses difficultés. "Sur la période du confinement, nous avons vu des entreprises de petites tailles qui auraient du aller au tribunal, mais aussi des PME. 92 % des entreprises en défaillance sont des entreprises de moins de 10 salariés", raconte Thierry Millon. Mais le confinement des tribunaux a une conséquence pas inintéressante pour les entreprises. "Si au 12 mars, l'entreprise n'était pas en cessation de paiement, on considère qu'elle ne le sera pas, et ce jusqu'à la fin de l'état d'urgence sanitaire". Or avant la crise, le dirigeant disposait de 45 jours pour se présenter au tribunal, sous peine d'être déclaré en faillite personnelle. "Cet handicap là a été levé", dit Thierry Millon, laissant donc aux dirigeants une bouffée d'oxygène supplémentaire.

Un PGE qui "a été considéré comme un prêt de trésorerie" dit Thierry Million. "S'il permet aux TPE d'amorcer un redémarrage, tant mieux. Pour les grands groupes, il est naturel qu'il soit accordé, ce sont des fleurons de notre économie, sans eux, une partie notre tissu de TPE PME s'effondrerait. Pour celles qui sont en bonne santé, le PGE va leur permettre d'avoir de la liquidité de précaution. Pour toutes, j'ai le sentiment qu'il leur faut réfléchir plus sereinement au sujet : à quoi va leur servir le PGE ? Que cherchent-elle alors qu'elles sont en difficulté ? Le PGE permet de tenir, pas de grandir".

Convalescence puis relance

Quid de l'après ? "L'année qui va suivre sera plus dynamique", indique Thierry Millon, avec une croissance qui pourrait atteindre +6 % en 2021. "Nous sommes sur quelque chose de brutal, dans un sens comme dans l'autre".

La reprise, la vraie, celle qui va être permise par les dernières annonces du gouvernement, constitue l'étape suivante. Avec des enjeux. Comment déstocker ? Avec quelle trésorerie racheter du stock ? Comment tenir en matière de trésorerie pendant ce temps de réadaptation ? "On peut imaginer un accompagnement public qui va se prolonger, avec un plan de convalescence et un plan de relance", suggère Thierry Millon. La question du prêt inter-entreprise demeure toujours un point délicat. "Comment les grands acteurs, donneurs d'ordre peuvent-ils aider ? Qui sont ceux qui peuvent payer plus vite ?".

Penser l'après, c'est aussi "faire en sorte que les troisième et quatrième trimestres reviennent dans le vert. Une faillite, c'est trois emplois perdus. On n'a pas retenu de la crise de 2008 que les gros peuvent tomber. Il faut redonner de la confiance. Et pour cela, tout le monde doit être mis en ordre de marche"

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