La Fondation Vasarely, les entreprises et l'économie de la culture

Posée à Aix-en-Provence, la structure qui mêle art et architecture regarde presque avec les yeux de Chimène, le monde économique. Un monde qui n'est pas éloigné de celui de la culture, les deux étant intimement imbriqués, question de modèle économique, de liens aussi qui valent la peine d'être renforcés comme l'explique Pierre Vasarely, l'héritier du fondateur, aux manettes très opérationnelles.
(Crédits : DR)

Elle a toujours été considérée un peu comme un OVNI, objet culturel à part, appelée aussi Centre architectonique, le nom savant pour dire qu'ici se mêlent architecture et art. Fondée par Victor Vasarely, la Fondation qui porte son patronyme est une partie du patrimoine régional. Mais les projets, l'enjeu du financement de la structure, le mécénat sont des sujets quotidiens pour celui qui en est aujourd'hui le chef d'orchestre, Pierre Vasarely.

Un chef d'orchestre qui gère l'opérationnel, les projets, le budget et les envies de plus. La Fondation, reconnue d'utilité publique, mais privée dispose d'un budget de travaux d'un montant de 11 M€, aidée notamment par la Région Sud et le Département des Bouches-du-Rhône à hauteur de 10 M€, 1 M€ provenant du mécénat et partenariats.

Car la Fondation a besoin de rénover son bâtiment et ses extérieurs. De les maintenir attractifs. Un exercice d'équilibriste auquel se livre avec passion le patron des lieux. Qui n'ignore rien des liens qui irriguent la Fondation et le monde économique.

Exposer l'innovation, toute l'innovation

C'est même une partie de son développement, presque son ADN si l'on considère les premiers pas professionnels de son fondateur, Victor Vasarely, qui dès son arrivée dans la capitale française depuis sa Hongrie natale, va se faire remarquer pour son talent par les... entreprises. Havas, laboratoires pharmaceutiques recourent à lui. "Il a créé le premier berlingot pour L'Oréal, fait la première campagne pour le caviste Nicolas, a collaboré avec Air France ou la SNCF... Victor Vasarely a toujours eu une affection pour le monde de l'entreprise. Il s'est adapté à ce monde", raconte Pierre Vasarely.

Les entreprises et la Fondation se rejoignent évidemment par le biais du mécénat. Le mécénat qui est le cœur des modèles économiques des structures culturelles.

Pierre Vasarely

Mais le rapprochement peut être beaucoup plus poussé et c'est le leitmotiv de Pierre Vasarely. Quoi de mieux qu'ici pour "exposer" l'innovation ? "Les projets et produits innovants peuvent être montrés ici", exhorte-t-il et on se souviendra que des rapprochement avaient déjà eu lieu avec Aix-Marseille Université sur des projets de recherche. "Saint-Gobain est déjà venu présenter ses produits par le passé", se souvient Pierre Vasarely.

Balayer tout l'art

"Nous ne sommes pas que dans le domaine de la manifestation culturelle mais aussi dans celui des workshops, des concerts... Il y a de la place pour tout ici". Et Pierre Vasarely de dire aussi que "nous aimerions mettre en place des programmes éducatifs, c'est ce que nous voudrions développer à l'avenir". La médiation culturelle est l'un des axes de développement de la structure qui réitère sa "vocation d'éducation". "Venir à la Fondation c'est tremper des pinceaux dans des pots et colorier. La Fondation est un lieu de rencontre et de vie. Nous balayons tout l'art".

La question du modèle économique finalement reste toujours en fil rouge. "Il y a des réalité économiques que l'on n'appréhende pas toujours au mieux. La culture en France est très subventionnée". Et les mécénats "sont toujours bons à prendre".

Qui de la consommation de la culture ? "Comment a-t-on pu poser la question en millions d'euros quand il s'agit de milliards ? Le rôle de la culture est évident. Je crois qu'il va y avoir un confortement. Il faut nécessairement parfois aussi se remettre en question".

Face aux défis qui sont les siens, Pierre Vasarely conserve optimisme et envie de plus. Evoque 2020 comme une année charnière avec le dépôt d'un dossier afin d'être reconnue Musée de France. "Cela viendrait sanctuariser nos collections" indique-t-il.

Et puis il y a ce projet d'extension souterraine, consacrée à l'art contemporain ce qui viendrait "compléter l'offre". C'est l'architecte Marc Barani qui est chargé du projet. Lequel projet requiert un investissement de 5 à 6 M€ mais qui "permettra à la Fondation d'être un lieu de référence, d'art moderne et d'art contemporain". Où on en revient au nécessaire soutien financier des grands groupes. Le mécénat, l'économie de la culture et les entreprises... un triptyque vecteur d'attractivité du territoire. Ce ne sont pas les annulations de manifestations pour cause de crise sanitaire qui le contrediront...

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