Le combat de David Lisnard pour sauver le soldat MICE

Secteur phare de l'économie de la Côte d'Azur, le tourisme ne concerne pas uniquement les loisirs. A Cannes, comme sur l'ensemble du territoire azuréen, les incentives, séminaires et autres conventions réalisent une part importante de celui-ci. Pourtant, ce tourisme d'affaires semble oublié, négligé, dépourvu d'annonces fortes de la part de l'Etat, capables de rassurer les organisateurs, tant nationaux qu'internationaux. Et c'est bien ce qui irrite le maire de Cannes, par ailleurs président du CRT Côte d'Azur, qui ne se prive pas pour monter au créneau.
(Crédits : DR)

L'annulation des rendez-vous BtoB, des salons professionnels et autres conventions  professionnelles a fait grand bruit depuis le début du mois de mars, marquant significativement le début d'une crise dont on n'imaginait alors ni l'impact, ni la durée.

Ces reports, annulations ou transformations en un événement digitalisé sont pourtant un peu l'arbre qui cache la forêt. Car ils ne sont par hors-sol mais bien totalement intégrés à une dynamique économique et territoriale, irriguant des myriades de sous-traitants et prestataires, généralement des TPE PME qui vivent et ancrent leurs business modèles sur ces manifestations BtoB, récurrentes.

Cette activité appelée MICE (pour Meeting, Incentive, Congress et Event ou Exhibition) est pourtant assez absente des écrans radars. Si l'annulation d'événements prestigieux dont le Festival du Film prévu pour se tenir au mois de mai à Cannes a beaucoup fait parler de lui, il semblerait que la filière toute entière ne soit pas vraiment au centre des préoccupations, notamment du gouvernement qui n'envoie pas les signaux attendus. Pire, qui semble totalement ignorer cette filière pesant, selon une étude parue fin 2019, 32 milliards d'euros.

"Personne n'évoque ce secteur, majeur en France" s'indigne David Lisnard. "Alors que c'est un secteur sur lequel nous sommes compétitifs. Nous sommes la première région de France pour le MICE. Or, nous constatons une inertie. Il faut des annonces fortes, maintenant, pour sauver 2021", exhorte le maire de Cannes qui sait bien de quoi il retourne. Et qui voit le Palais des Festivals et des Congrès de la ville enregistrer une perte de chiffre d'affaires de l'ordre de -55 % à -60 %.

Question de compétitivité

Et David Lisnard va plus loin que souligner les faits. Ce qu'il faut ce "sont des hypothèses de retour des événements, avec des scénarios réglementaires et sanitaires qui permettent de traiter sans confinement. Or, il n'existe toujours pas de doctrine fiable".

Ce qu'il faut c'est un déclencheur, un signal qui décide les organisateurs à tenir leurs congrès, salons ou séminaires. Car tout est aussi question de business, de positionnement et, au final, d'attractivité. "Les organisateurs - David Lisnard est en échanges permanents avec France Congrès, ViParis ou GL Events - ont besoin que les événements se tiennent. L'Allemagne est en train de prendre de l'avance sur nous. Nous sommes sur des niches, nous sommes très forts sur certains segments", et c'est cette différenciation qu'il est essentiel de conserver. On ne redira pas encore pourquoi...

"Il faut de la visibilité, une perspective de retour à la normale et des hypothèses en cas de retour de la maladie", poursuit celui qui possède aussi la casquette de président du Comité régional du tourisme Côte d'Azur. Une absence de considération de la part de l'Exécutif que David Lisnard estime d'autant moins compréhensible que l'épidémie est affaiblie et que le principe de précaution, ici, "empêche de raisonner de façon rationnelle".

"Nous avons besoin d'une parole publique forte". Celle qui, aujourd'hui manque et serait pourtant capable de donner l'indispensable éperon : la confiance.

L'effet (oublié ?) de la psychologie

La confiance, c'est exactement ce qui est nécessaire, tant du côté des organisateurs que des clients et visiteurs de ces événements. "Psychologie et économie sont liés", souligne David Lisnard, rappelant une vérité qui est forte en économie et que l'on aurait tendance à oublier. "Cette crise est la plus violente crise que nous connaissons, une crise qui part d'un arrêt immédiat de l'offre et de la demande. Si l'on veut réamorcer la pompe économique, il faut réamorcer celle de l'offre et de la demande".

C'est justement là que la parole de réassurance est primordiale. Une parole qui rassure "les destinations, qui stimule les compagnies aériennes..." Des compagnies qu'il faut "brutaliser pour des ouvertures de lignes à prix raisonnables", dit aussi le maire de Cannes. On sait que certaines liaisons semblent avoir subit une inflation galopante, affichant des prix entre des villes européennes équivalentes à des liaisons de grand international.

Le fait n'est pas anodin, au moment où le plan de relance du tourisme de loisirs - l'autre vecteur de l'économie locale - est entré en phase opérationnelle. Axé sur l'exotisme local, il vise à séduire les touristes hexagonaux. Mais pas que... Suisses, Scandinaves, Alsaciens, Lyonnais semblent prêt à "descendre" sur la Côte. A côté de Cannes, le CRT Côte d'Azur a aussi enclenché sa stratégie de reconquête, notamment vie une campagne de stimulation des ventes de nuitées à laquelle participent 220 établissements azuréens. "Le lancement des campagnes se fait dans un bon timing. Il faut maintenant que cela se traduise en réservations", résume David Lisnard. "Le fait de venir dans une ville qui a géré la crise sanitaire, crée la confiance", insiste encore le maire de Cannes. Si la crise est tout aussi inattendue que forte, elle a au moins ce point commun avec toutes les précédentes, celle d'être une crise de foi avec un remède unique : la confiance. La filière MICE en manque encore...

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