Les habituels baigneurs des bassins jouxtant le MuCEM vont devoir trouver un autre terrain de jeu. Du moins pour quelques jours, quand la société marseillaise Ponant va y faire partir pour la première fois ses paquebots de croisière. Une opération qui se réalise dans le cadre d'un partenariat avec le musée. "C'est assez original, puis nous faisons embarquer des conférenciers, cela permet de donner un gage de qualité. C'est presque de la prestation", explique Adrien Joly, directeur du développement du MuCEM. "Nous avons un objectif, celui de récolter 1 ou 1,5 million d'euros", précise-t-il.

Ce département développement, lancé en 2014, regroupe les différentes ressources du musée national hors billetterie et subvention. Soit principalement le mécénat qui représente 1  098  300 euros exactement en 2019. Viennent ensuite la privatisation des espaces (450  863 euros) et de l'exploitation du domaine (204  565 euros).

Un mécène pour chaque exposition

Pour réunir des fonds, deux personnes sont dédiées à la prospection afin de dénicher des mécènes. Dans de rares cas, ce sont les entreprises qui contactent directement le MuCEM comme ce fut le cas avec Puma qui voulait utiliser la résille du musée pour le maillot de l'Olympique de Marseille, dont par marque est sponsor.

A chaque exposition, l'équipe d'Adrien Joly s'active pour trouver le mécène qui collera le mieux au thème. "Mon adjoint Victor Jacques est très fort pour cela", souligne-t-il. Pour L'OR en 2018 par exemple, un accord est trouvé avec Christian Dior Parfum. "Celui-là, c'est facile", laisse échapper Adrien Joly avant de nous interpeller : "Pour notre prochaine exposition sur les Pharaons, vous verriez qui ?". Face à notre mutisme, il répond : "Nous nous sommes orientés vers le secteur des pompes funèbres et avons découvert que c'est un marché très dynamique". Un accord a été noué avec le groupe Funecap.

Rendre l'investissement intéressant

Au-delà d'adosser un nom à une exposition, le MuCEM propose également aux entreprises différents contreparties. "Notre discours est de présenter le musée comme un outil de développement des entreprises en montrant ce que nous pouvons leur apporter", explique Adrien Joly. Une position loin du discours classique habituel qui vante l'importance de la culture dans la société et en fait l'argument principal pour séduire les donateurs.

"La raison est simple, un dirigeant doit rendre des comptes sur la manière dont il dépense l'argent de la société", justifie le responsable du développement du MuCEM. L'idée c'est qu'entre la défiscalisation et les avantages, le mécénat soit un investissement qui vaut le coup. Les locations d'espaces pour des événements est un atout fort. Que cela soit en direction des clients d'une entreprise ou pour ses salariés.

Les mécènes se répartissent en quatre catégories : fondateurs, bâtisseurs, projet et partenaires. Un système pyramidal qui valorise ceux donnant plus et s'inscrivant dans la durée. "Les one shoot sur une exposition sont fondamentalement importants pour nous et cela arrive que des dirigeants s'associent finalement plus longtemps", dit Adrien Joly.

En parallèle, le MuCEM a fondé un club d'entreprises qui joue le rôle de vitrine de la politique des relations extérieures du musée. "Nous ne prenons pas n'importe qui, nous essayons de varier les secteurs et de nous orienter sur l'économie de demain", précise Adrien Joly. Et d'asseoir le MuCEM comme un lieu qui compte pour les dirigeants.