Au fil des semaines, l'impact économique de la crise de la covid-19 et du confinement se mesure. Parmi les indicateurs qui s'affinent, celui des impayés. Ce que semble corroborer une étude du cabinet de recouvrement, Rubypayeur selon laquelle "le nombre de procédures de recouvrement explose".  Par rapport à février, le nombre de procédures de mise en recouvrement en juin est six fois supérieur. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, la situation n'est pas plus réjouissante qu'au niveau national, puisque la région est "surreprésentée".

"Au mois de juin et de juillet, le nombre de procédures est multipliés par cinq par rapport à février. C'est moins que la moyenne nationale mais le référentiel de départ était moins bon", décrypte Alexandre Bardin, fondateur de Rubypayeur. Des chiffres pondérés par rapport au poids économique de la Région. Provence-Alpes-Côte d'Azur est la 2e région enregistrant le plus de procédures, alors qu'au nombre de débiteurs en retard de paiement elle est 3e. "Cela veut dire que les entreprises de la région fonctionnent entre elle, cela provoque un effet boule de neige", note Alexandre Bardin. La créance moyenne s'élève, à titre d'exemple, à 6 748 euros.

Les petites entreprises principales victimes

La proportion de petites entreprises y est importante. Les procédures de recouvrement chez les créanciers concernant dans 82 % des cas des sociétés de moins de 10 salariés, chez les débiteurs en retard de paiement la part est de 74 %. "Mais cela peut s'expliquer par le fait que nous clients sont principalement des petites structures, les grands groupes ont leur propre service pour s'occuper de ce genre de situation", nuance Alexandre Bardin.

Toutefois, cette typologie d'entreprises constitue une structure importante de la région. "Le tissu économique est très fragmenté, avec une très forte présence de TPE et PME : 52 % des entreprises ont moins de 50 salariés (47 % en France) (...) Provence Alpes Côte d'Azur compte également seulement 1,2 ETI pour 1 000 entreprises (2,8 pour 1 000 en France)", indique la Préfecture en se basant sur les chiffres de l'Insee.

Le secteur des transports touché

"L'une des spécificités de la Région est la présence du transport dans les cinq secteurs les plus touchés chez les créanciers", note Alexandre Bardin. 4% des entreprises concernées par un impayé viennent de ce pan d'activité. Les autres sont dans l'ordre : l'informatique (18%), le commerce (15%), le BTP (12%) et le conseil (7%). Chez les débiteurs, le "top 5" est conforme à ce qui se fait à l'échelle de la France avec le commerce (20%), l'hôtellerie-restauration (12%, soit quatre points de plus que la moyenne nationale), le conseil (7%), l'informatique (6%) et le BTP (2%).

Pour scruter la reprise, Alexandre Bardin s'attarde sur deux indicateurs. D'abord, le taux de succès, qui concerne les cas où le recouvrement a lieu à l'amiable. De 82 % en février, il a chuté jusqu'à 32 % en avril. Depuis il remonte petit à petit avec 54 % en mai puis 61% en juin. L'autre donnée importante est le nombre de jours qu'attend une entreprise pour ouvrir un dossier de recouvrement. En moyenne de 104 en février, il est tombé à 22 jours en avril pour revenir à 80 jours en juin. Ce qui est mieux que la moyenne nationale (65 jours).