Nathalie Hagege, présidente de rupture de l’Apex

Fondatrice de l’entreprise Proneem, originaire de Marseille, elle est depuis un an présidente du club régional d’exportateurs Apex. Un club qu’elle tente de dépoussiérer grâce à un nouveau management, une nouvelle communication et des actions collectives au service du dynamisme économique du territoire.
(Crédits : DR)

Il fallait réveiller l'Apex. C'est ce que souhaitait Jean-Daniel Beurnier, ancien président du club. Il fallait le dépoussiérer. En faire un club plus connecté à son époque et à son écosystème. Restait à trouver le profil capable d'incarner ce changement.

En 2019, l'entreprise Proneem se fait remarquer par les différentes innovations sur lesquelles elle communique. A sa tête : Nathalie Hagege, par ailleurs secrétaire général de l'Apex, même si elle s'y rend assez peu à ce moment-là. Née dans le quartier de Mazargues à Marseille, issue d'une famille d'entrepreneurs, elle se prend rapidement de passion pour les sciences de la vie et de la nature. C'est cette passion qui lui permet de franchir les différentes étapes du parcours universitaire jusqu'à l'obtention d'un doctorat en biologie moléculaire.

Très vite, un industriel la contacte. Il souhaite développer un anti-acarien qui ne soit pas toxique. Nous sommes au début des années 2000, le développement durable est encore une préoccupation de niche. Nathalie Hagege se pensait destinée à l'enseignement. Elle se découvre une "fibre de l'innovation" et tente de relever le défi, à la recherche de produits naturels efficaces contre les nuisibles. Au terme de plusieurs essais, elle découvre l'huile de neem. Eureka ! Mais elle veut aller plus loin pour optimiser l'efficacité du principe actif. Elle invente alors un procédé de microencapsulation. Enfermés dans des billes de cinq microns, les extraits végétaux sont protégés de la lumière et de l'oxydation, ce qui leur assure une durée de vie d'environ dix ans.

Tournée vers l'international

Cette innovation est à l'origine de l'entreprise Proneem qui s'adresse immédiatement à l'international. "Nous sommes dans un métier de niche. Le territoire français est restreint", observe celle qui croit dur comme fer au potentiel du savoir-faire français à l'étranger. Elle installe un bureau en Chine, a des partenaires au Japon, en Asie du Sud-Est et dispose depuis janvier d'une filiale aux États-Unis. L'export représente entre 60 et 70 % de son chiffre d'affaire. Pourtant, Proneem a longtemps fait cavalier seul, un peu isolée de l'écosystème local. Si elle s'est développée à l'international, c'est surtout grâce aux salons dans lesquels elle se rend et où elle fait des rencontres. Nathalie Hagage se revendique "électron libre". Cela fait d'elle un profil atypique, idéal pour transformer l'Apex. Lorsque le rôle lui est proposé, elle accepte. Ce sont de nouvelles rencontres en perspectives et elle a envie de s'enrichir des autres, de rompre avec l'isolement dont souffrent bien des chefs d'entreprise.

Elle prend ses fonctions en juillet 2019. "Je pensais avoir surtout un rôle relationnel", explique-t-elle. Mais une fois en place, elle décide de donner un coup de jeune au club. "J'ai repris les comptes, j'ai réfléchi à un nouveau mode de fonctionnement. Je voulais mettre l'Apex en phase avec les attentes nouvelles des entreprises".

Ouvrir l'Apex

Pour mener à bien sa mission, elle s'entoure d'un comité exécutif composé d'une vingtaine de membres dont certains extérieurs à l'Apex. Car Nathalie Hagege est convaincue que les idées peuvent venir de chacun, au sein du club comme dans son entreprise. Mais si elle tient à faire du neuf, elle a à cœur de s'inscrire en même temps dans une forme d'héritage et consulte régulièrement les anciens présidents lorsqu'il s'agit de prendre des décisions.

Des regards experts et divers qui l'encouragent à communiquer plus fort et plus loin. Quatre mois après son entrée en fonction, elle organise un gala, "le premier gala de l'international ". Un événement qui réunit 250 personnes et au cours duquel elle a convié de grands champions olympiques. Car elle a un message à faire passer : pour aller à l'international, il faut jouer collectif. Elle croit en l'échange de pratiques. Chaque marché est différent, il faut y aller en connaissance de cause. Elle veut créer des synergies, ce dans quoi s'inscrit justement le Club des entreprises internationales de Marseille Provence, officialisé le 9 juillet dernier, et qui réunit huit organisations régionales parmi lesquelles des organisations patronales, l'Ordre des experts-comptables Sud ou encore des incubateurs d'entreprises. Un collectif censé se développer dans les mois à venir avec l'arrivée d'autres acteurs tels qu'Africalink ou Fask.

Casser les cloisons, cela passe aussi par une communication plus grand public. L'Apex de Nathalie Hagege est très présente sur les réseaux sociaux, qu'il s'agisse de relayer les événements du territoire ou de proposer des portraits d'entrepreneurs locaux tournés vers l'export. De quoi gagner en visibilité, y compris pendant le confinement. "Pendant cette période, des entreprises significatives ont adhéré au club. Nous avons signé un partenariat avec Bolloré qui nous a trouvés actifs". Autres prises récentes : Capsum, ImCheck ou encore Let's chat. Et Nathalie Hagege d'insister sur le fait que l'international est une opportunité pour chaque entreprise, quels que soient sa taille et son domaine d'activité.

Favoriser l'attractivité du territoire

D'autant que l'international ne se résume pas à l'export. Si l'Apex a été créée pour les exportateurs, Nathalie Hagege souhaite aborder l'international d'une manière plus large et l'attractivité du territoire en fait partie. En tant que patronne d'une entreprise dont 80 % des effectifs ne viennent pas de Marseille, elle sait combien il peut être difficile d'intégrer dans la ville des salariés et leurs familles venus d'ailleurs. A la tête de l'Apex, elle a donc développé Be Welcome, une interface qui permet de répondre aux besoins de familles arrivant sur le territoire, qu'il s'agisse de trouver un logement, une école pour les enfants ou de découvrir la région. Une interface développée à l'origine pour CMA CGM qui a souhaité intégrer 70 familles, et qui s'adresse désormais à tous types d'entreprises. "C'est un outil d'attractivité que nous n'avions pas avant sur le territoire", se félicite celle qui croit beaucoup en la puissance du réseau inter-entreprises.

C'est pour cette raison qu'elle a eu à cœur, en entrant au conseil d'administration du Medef Sud, d'y créer une commission dédiée à l'international, commission qu'elle préside. "Nous avons lancé de beaux projets, interrompus pendant le confinement".

Un confinement qui a créé des incertitudes, notamment sur les projets à venir de l'Apex. Il est question d'événements autour d'experts de l'international, "on pense à des pitchs sous une forme détournée des TEDx". Un nouveau gala devrait également avoir lieu. Tout dépendra des "conditions sanitaires. Nous sommes très agiles et saurons être réactifs". Avec Nathalie Hagege, l'Apex ne devrait pas se rendormir de sitôt.

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