Le numérique et avec lui les technologies qu'il comprend sont des éléments de croissance pour qui veut bien s'en emparer et en tirer la substantifique moelle. Mais ils sont aussi synonymes de remise en question. Secouent les habitudes, les perspectives. Pour autant, peut-on s'en passer ?

La problématique numérique est un sujet que Lionel Canesi embrasse depuis longtemps. Le président de l'Ordre des experts-comptables Sud en faisait déjà l'un de ses chevaux de bataille lors de son accession à la présidente régionale en... 2016. Depuis le défi s'est amplifié. Pour le monde entier comme pour la profession.

Car l'expertise-comptable est une profession qui évolue, qui doit évoluer. Le cheval de bataille de Lionel Canesi est aussi un cheval de bataille d'attractivité. Car dans un monde qui laisse beaucoup de place à la disruption, à l'innovation, l'avantage se situe du côté de ceux qui osent. Et mieux vaut accompagner le changement que le subir.

C'est ainsi que l'Ordre régional s'est allié avec Le Wagon Marseille pour mettre au point une formation de data scientist à destination des experts-comptables. Et ça, c'est pour être concret, passer de la parole aux actes, des grands discours théoriques à la pratique. "L'expert-comptable est au cœur de l'économie et de la data", redit Lionel Canesi, rappelant que la donnée est la base du métier et que le numérique justement a faire croître cette donnée, considérablement. Et que c'est elle qui, en quelque sorte, oblige à l'évolution.

Le devoir d'être ambitieux

"Lorsqu'un expert-comptable analyse un bilan, il analyse le passé. Ce vers quoi nous voulons tendre, c'est la comptabilité prédictive", indique Lionel Canesi. Qui explique aussi que l'analyse des données issues des bilans passés est tout à fait capable de faire naître des caractéristiques permettant de faire naître des modèles d'analyse, capables de permettre une détection préventive des difficultés à venir par exemple. "Et cela, nous pouvons le faire sur le fiscal, le juridique".

Le potentiel de faire évoluer la profession vers l'expertise-comptable augmentée est donc réel. Sauf que "pour l'instant, notre profession n'est pas assez ambitieuse".

Et puis si "l'expertise-comptable est un métier de psychologie, la machine peut apporter des données encore plus fines, rendant le diagnostic encore meilleur. Je ne crois pas aux outils d'automatisation. C'est lire la donnée qui fournit la valeur ajoutée. En appliquant la psychologie à la situation, au client, le conseil est différent". Car, "nous tirons notre légitimité de notre utilité. Une machine peut faire faux. Alors que l'expert-comptable possède l'esprit critique".

Ne pas de faire doubler

Attention dit aussi Lionel Canesi, "la technologie n'est pas là pour remplacer l'humain, mais pour le rendre agile. La technologie doit accompagner l'homme". Mais ne pas savoir s'emparer du numérique, de l'IA, des nouvelles technologies, "ne pas être ambitieux, c'est le risque de se faire disrupter par d'autres. Le risque c'est aussi la disruption à deux vitesses. Il faut donc prendre le train de l'innovation. Et le rôle de l'Ordre, de l'institution c'est de faire en sorte que toute la profession monte dans le train". Et Lionel Canesi de rappeler que l'agilité et l'évolution rapide sont déjà des qualités éprouvées chaque année avec la loi de finances...