Le CIAM, le cirque et l'innovation

Le Centre International des Arts en Mouvement installé à Aix-en-Provence fait le pari d'associer l'enseignement des disciplines circassiennes et la recherche de nouveauté sur ce secteur avec des hackathons. Un parti-pris surprenant dans le monde de la culture mais indispensable pour Chloé Béron, directrice générale de ce lieu, pour qui "il y a encore beaucoup de choses à explorer".
(Crédits : CIAM)

"Nous sommes le seul lieu à Aix-en-Provence ayant participé à Marseille-Provence 2013 qui soit toujours là", note Chloé Béron, directrice générale de Centre International des Arts en Mouvement (CIAM). Souvent associée à la cité phocéenne, la capitale de la culture était pourtant bien métropolitaine, allant au-delà du strict périmètre marseillais. Une occasion idéale à l'époque pour une mener une initiative autour de l'art circassien. Un projet mené avec Philippe Delcroix. "A l'origine, nous voulions créer un lien entre le monde de la culture et la société, puisque seulement 15% de la population est touché par un spectacle vivant. A nous d'accrocher les 85% restant", explique Chloé Béron.

Cela commence par l'enseignement puisque le CIAM accueille des enfants et des adultes qui pratiquent toutes les disciplines du cirque : du trapèze au jonglage en passant par les acrobaties. Des cours dispensés par 13 professionnels indépendants. "Nous récupérons notamment des enfants dégoûtés de la compétition", remarque Chloé Béron. En plus de ces activités de loisir, le centre va proposer des formations professionnelles avec un CAP pour le trapèze volant et pour devenir monteur de chapiteau. "Le Cirque du Soleil devait engager la moitié de notre promotion, mais avec la covid-19 cela a retardé le projet", regrette la directrice générale.

La crise sanitaire a évidemment obligé le CIAM à faire preuve de capacité de contorsion. "C'est une activité circassienne", s'amuse Chloé Béron. Les spectacles se sont étalés en plusieurs représentations. "Nous avons repris dès que possible car pour les compagnies il était important de retrouver un lieu pour se produire". Chloé Béron fait d'ailleurs remarquer que le CIAM a été l'un des rares lieux culturels à proposer une programmation pendant la crise sanitaire.

Un volet innovation important

Le souhait de la Ville d'Aix-en-Provence de construire un cirque en dur permettrait de proposer des spectacles toute l'année. "Mais nous voudrions faire quelque chose de différent, ne pas avoir forcément une programmation sur une saison par exemple". Un goût de l'innovation qui se retrouve dans son sens plus entrepreneurial. Et c'est là aussi toute la différenciation du CIAM. "Nous accueillons des sociétés en création et proposons des résidences d'inspirations où nous faisons rencontrer des gens disciplines très différentes comme des artistes avec des chercheurs du CNRS", explique Chloé Béron. "Cette démarche se déroule sur un temps court, il n'y a pas de vocation à faire un suivi ou travailler sur un projet", précise-t-elle.

En parallèle, le centre met en place un CIAMLabs. "C'est une sorte d'hackathon où nous travaillons sur le lieu de crique de demain, que cela soit avec des objets connectés ou la réalité augmentée, pour faire avancer la discipline de demain", explique Chloé Béron. Une démarche inhabituelle dans un tel lieu. "Je ne viens pas du secteur culturel, pour moi l'innovation est évidente dans n'importe quelle structure ou société, il y a toujours besoin de chercher. Cela étonne dans le monde de la culture mais les entreprises avec qui j'échange trouve cela tout à fait normal", justifie la directrice générale. "Il y a encore beaucoup de choses à explorer", insiste-t-elle.

Conseil et mécénat pour compléter le budget

Le cocktail semble porter ses fruits. "Nous accueillons entre 18 000 et 20 000 personnes par an", se satisfait Chloé Béron. Côté budget, le CIAM fonctionne avec 1,2 million d'euros dont 500 000 euros proviennent de subventions. Pour le reste il faut compter sur les ressources propres. En plus de l'enseignement et du festival, le centre exerce une activité de conseil auprès d'autres structures circassiennes. Un accompagnement artistique, sur la programmation, ou technique.

Le CIAM compte par ailleurs 43 entreprises mécènes. Un apport essentiel pour Chloé Béron : "Elles veulent soutenir l'émergence d'un lieu nouveau que cela soit financièrement ou avec leurs compétences". Et contribuer au cirque de demain.

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