L’Etat en soutien du plan de relance de Cannes ?

C’est en tout cas la demande formulée par écrit par le maire de la Ville. Avec preuves – ou plutôt détails de la cinquantaine de projets identifiés, prévus, calculés et dans les tuyaux – à l’appui. Soit 540 M€ nécessaires, que les dispositifs de soutien financiers annoncés en haut lieu pourraient venir abonder. Histoire de compenser le manque à gagner provoqué par l’arrêt de l’activité touristique et événementielle.
(Crédits : DR)

Ce serait l'acte de soutien bienvenu, de nature à calmer l'ire de David Lisnard, pas content du tout de la façon dont le gouvernement gère le risque sanitaire. Dans la presse, comme dans sa tribune parue dans l'Opinion, l'édile de Cannes ne cache pas incompréhension, et colère, estimant que l'on maltraite le « tissu économique invisible qui fait la réalité entrepreneuriale et sociale de la France » pour traiter ce qui qui est visible médiatiquement et « relève du théâtre politique ». Comprendre, ce sont les patrons de TPE PME que l'on assassine économiquement en empêchant la filière du tourisme, notamment d'affaires de retrouver une activité la plus normale possible, sécure évidemment, mais de nature à permettre une vraie relance. Celle de nature à générer de la croissance.

540 M€ à investir

Le sujet de David Lisnard c'est bien sûr l'activité économique de celle qui est le décor de moult congrès et rendez-vous BtoB, mais c'est aussi le soutien aux entreprises. Car, localement, ça fait mal. Très mal. Le tissu de sous-traitants, d'acteurs économiques impliqués, malmenés et dépendant de la situation qui ne voit pas le tourisme retrouver des couleurs est tout aussi pluriel qu'inquiet. Dans son courrier au préfet des Alpes-Maritimes, David Lisnard annonce la couleur : les conséquences économiques sur les budgets c'est 15 M€ pour la Ville de Cannes, 8,1 M€ pour l'intercommunalité. Pour le moment.

Dès les premiers soubresauts de la crise sanitaire, Cannes et plus largement la communauté d'agglomération Cannes Pays de Lérins ont évidemment mis la main à la poche. Soit 1 M€ injecté pour venir au secours des trésoreries impactées.

Mais désormais, c'est toute la chaîne de projets de développement pensés pour développer la Cité du cinéma qui pourrait se retrouver compromise par manque de recettes et de rentrées en monnaie sonnante et trébuchante. Des projets qui concernent la mobilité, les infrastructures, le soutien au commerce de centre-ville, à sa rénovation, qui concernent aussi l'attractivité. Soit au total une cinquantaine de projets. Pour 540 M€ estimés en besoin d'investissement.

Et puisque Cannes ne peut retrouver les recettes qui vont avec son positionnement de ville de congrès et de tourisme d'affaires, puisque, malgré la participation ce lundi 12 octobre au comité interministériel du tourisme, de reprise de l'activité touristique il n'est pas question, David Lisnard de se tourner vers l'Etat pour financer sa relance.

« J'ai veillé personnellement à impulser localement des projets d'envergure, indispensables au rebond de notre territoire et à la revitalisation de notre tissu économique », écrit-il dans son courrier au préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez.

Spécificité : l'économie créative

Quels projets sont concernés ? Il y a la poursuite de la transformation du centre-ville avec une série de projets dédiés au soutien aux commerces et à l'artisanat, pour un total de 34 M€. Il y a aussi cet autre projet anglé Agritech qui nécessite, pour son volet foncier uniquement, 10 M€. La poursuite du déploiement d'infrastructures de mobilité douce. Et il y a aussi un vaste volet qui concerne l'attractivité. Et qui est en droite ligne avec la stratégie de positionnement de Cannes. Ville reconnue pour sa spécificité cinéma parce qu'elle accueille le Festival du film chaque année, la volonté de David Lisnard c'est de faire des industries créatives un réel axe stratégique, de développement et d'attrait pour les investisseurs. Ce n'est pas pour rien qu'un Musée du cinéma doit s'ériger dans la cité. Ce n'est pas pour rien que Cannes s'est battue pour son Canneseries - son festival des séries, obtenu de haute lutte avec l'apport de Fleur Pellerin. Ce n'est pas davantage pour rien que Cannes n'a rien lâché sur son projet de cité universitaire, depuis longtemps nommé le projet de Bastide Rouge, qui doit participer à ajouter la brique éducative et jeunesse à sa chaîne de valeur. Cannes, terre de tournage - 562 en 2018, 609 en 2019 - qui revitalise un ancien site industriel pour accueillir Novelty, l'un des spécialistes européens des prestations techniques qui s'y installe dans le cadre de CannesOnAir.

Cannes, concurrencée comme toutes les destinations, doit accélérer pour conserver son leadership. Comme le ferait une PME désireuse de devenir une ETI. Pour cela, elle a besoin d'aide en monnaie sonnante et trébuchante. Mais de monnaie à investir, elle s'en trouve privée par le manque de recettes générées par l'activité touristique et événementielle habituellement génératrice de valeur. D'où le demande à l'Etat de venir compenser ce qu'il ne permet pas. Relancera ou pas ?

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